Frontière mexicaine. Le shérif Jack Benteen incite son ancien camarade d'enfance, Cash Bailey, à cesser son trafic de drogue. C'est alors qu'intervient un commando spécial dirigé par le major Paul Hackett et composé de sous-officiers portés disparus et présumés morts. Ce commando a pour mission d'éliminer Bailey...
L'avis du cinéphile : Extrême préjudice est l'un des films les plus emblématiques de la carrière de Walter Hill, l'un de ses plus efficaces et virtuoses. Le zénith d'un regard de cinéaste entamé avec les très épurés Le bagarreur et Driver dans les années 1970. Avec ce film, sorte de western moderne qui avance sans masque (et où les héros ont des winchesters d'un autre temps face aux fusils mitrailleurs de leurs ennemis), Hill lance une galerie de personnages instantanéments iconiques, cultes et frondeurs. Un film sévèrement carré, blindé de séquences de confrontations qui suintent la testostérone, nimbé de la poussière mexicaine à peine souillée d'un crachat viril de Texas ranger, traversé de morceaux de bravoure hard boiled comme on n'en fait plus... Disons-le simplement, Extrême préjudice est un film ultra "burné", symbole d'un cinéma d'action classique qui connaissait là ses grandes heures populaires, bref, une grosse série B avec un budget A (comme souvent chez Walter Hill). La distribution est impeccable, avec des gueules de cinéma forcément inoubliables : Nick nolte (dans l'un de ses meilleurs rôles), Power Boothe, Michael Ironside (dont la présence est toujours un cadeau idéal aux films qui en bénéficient), Rip Torn, Clancy Brown, William Forsythe, Matt Mulhern...
Avec son récit dégraissé de la moindre nuance psychologique et proposant un thriller mi-western mi-film de commando totalement comportementaliste, Extrême préjudice laisse fleurir les personnages borderline, les trahisons fatales et les ruptures sentimentales dont on se demande parfois s'il s'agit bien d'amitié ou d'homosexualité refoulée. Bourrin, crépusculaire dans le vrai sens du terme, pas aimable et incontestablement 1er degré à chaque plan qui défile, ce classique absolu du cinéma de genre des années 1980 n'a pas pris une ride. Mieux, car en considérant la fade tiédeur du Hollywood actuel, on peut considérer qu'il s'est encore bonifié avec le temps, à la fois quasi-remake (au moins durant sa dernière demi-heure) de La horde sauvage de Sam Peckinpah et sommet d'un cinéma B où les armes à feu font les meilleurs dialogues. Un diamant brut.
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