Sylvia est la maîtresse de l'inspecteur Ferrot et de son supérieur, le commissaire Ganay. Ce dernier, fou de jalousie, supprime Sylvia et charge Ferrot de l'enquête. Mais les apparences et les indices se retournent contre Ferrot qui devient suspect...
1977
César : César du meilleur montage (Marie-Josèphe Yoyotte)
Nommé pour le César de la meilleure musique écrite pour un film
L'avis du cinéphile : Police Python 357 est le deuxième film du grand Alain Corneau, cinéaste humble et passionné qui inaugurait ici une série de polars noirs, et notamment une trilogie informelle avec le mythe Yves Montand. Soyons francs, ce dernier a ici trouvé l'un de ses plus grands rôles, taiseux, intense, d'une mélancolie menant vers l'abîme sans fin, d'une richesse et d'une profondeur rares. Ce film noir de noir n'a rien d'un film d'action (ce que pourrait laisser supposer son titre), c'est en réalité une plongée vers la solitude et la lutte des classes, l'horreur indicible de la condition humaine dans ce qu'elle a de plus misérable sur le plan affectif. S'il s'agit d'un polar de première main, remarquablement construit et rigoureux, il reste avant tout un immense film noir, à la fois tendu et lent, atmosphérique et superbement incarné à chaque seconde. Corneau a construit une tragédie classique austère et dominée par la fatalité, et où rien, pas même la musique (dont les stridences rappellent les érynies de la tragédie antique), ne vient faciliter l'approche.
Si Police Python 357 est devenu un classique culte du polar français, c'est avant toute chose par son incroyable charme d'une froideur polaire et sa richesse exemplaire lors de chaque séquence. La première partie s'articule autour d'enjeux instables, pour ensuite laisser dérouler une deuxième partie en forme de thriller quasi-hitchcockien menant à une apothéose masochiste dont l'héroïsme vain n'est dicté que par une attitude suicidaire. Police Python 357 est également une histoire d'amour glacée entre un homme et son arme, seule chose dans sa vie qui ne l'a jamais laissé tomber. Véritable prolongation d'un Yves Montand déjà mort et d'une vulnérabilité inouïe, le colt python du titre tire peu, mais vide son barillet avec la clameur du dépit tragique. Comme quelques coups qui frappent à la porte du malheur, écrirait un auteur célèbre... Filmé en gros plan, en plan large, toujours mis en vedette au devant de la caméra, dans un coin du cadre ou simplement dans l'attitude du personnage avec lequel cette arme fait littéralement corps, le colt python est la vedette morale du film. Le très anti-arme Yves Montand lui-même est devenu un inconditionnel en se préparant pour le tournage, faisant de ce revolver légendaire un trophée qu'il garda ensuite jusqu'à la fin de sa vie. Inhumain, machinal, chimique, mécanique, nuiteux, provincial, grisâtre, froid, silencieux... Police Python 357 est l'un des meilleurs films policiers jamais réalisés, forcément influencé par Melville. Un chef-d'oeuvre absolu.
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