Jean Wiener posant pour le Studio Harcourt en 1927 (photo retouchée)
Données clés
Nom de naissance |
Jean Albert Henri Wiener |
Naissance |
19 mars 1896 Paris 17e, France |
Décès |
8 juin 1982 (à 86 ans) Paris 9e, France |
Activité principale |
Compositeur |
Collaborations |
Gabriel Fauré |
Formation |
Conservatoire de musique et de déclamation |
Enseignement |
André Gedalge |
Conjoint |
Suzanne Alice Verfaille |
Descendants |
Maud Wiener, Stéphane Wiener, Élisabeth Wiener |
Distinctions honorifiques |
Chevalier de la Légion d’Honneur |
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Jean Wiéner (aussi écrit Wiener), né le 19 mars 1896 à Paris 17e où il est mort le 8 juin 1982 dans le 9e arrondissement[1], est un compositeur et pianiste français. Il est l'auteur de plus de 350 musiques de film pour le cinéma et la télévision ainsi que d'œuvres de musique classique. À partir des années 1920, il compose des morceaux de jazz, notamment pour son duo formé avec Clément Doucet. Dans les années 1960, il est notoirement célèbre pour avoir composé et interprété les illustrations sonores au piano des films muets télévisés lors de l'émission Histoires sans paroles. Parmi ses trois enfants, on compte l'actrice et chanteuse Élisabeth Wiener.
Biographie
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D'abord autodidacte, il se lie d'amitié avec Gabriel Fauré jouant à quatre mains avec lui. Sur ses conseils il entre au Conservatoire de musique et de déclamation à Paris où il est l'élève d'André Gedalge et dont il sort en 1914. Grâce au pianiste Yves Nat, il découvre la musique afro-américaine, qu'il s'attache à faire connaître pendant l'entre-deux-guerres. En 1920 il est pianiste au bar Gaya[2],[3], qui en décembre 1921, changeant d'adresse, devient Le Bœuf sur le toit. En 1920, il donne avec Jane Bathori son premier concert. De 1921 à 1925, il propose à la salle Gaveau, au théâtre des Champs-Élysées et à la Salle des Agriculteurs située alors 8, rue d'Athènes ses concerts salade, pour promouvoir la musique nouvelle de Darius Milhaud, Francis Poulenc, Igor Stravinsky et Manuel de Falla. Il a d'ailleurs fréquenté plusieurs compositeurs célèbres dont Ravel et Stravinsky[4].
Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, il compose de nombreux morceaux pour piano, et connaît un grand succès dans les music-halls d'Europe au sein du duo de pianos "Wiéner et Doucet"[5], qui mêle musique classique et jazz. À la mort prématurée de Clément Doucet en 1950, il se consacre à la composition, notamment de musique de film. Il a, entre autres, créé la musique du générique de l'émission de télévision de la future ORTF Histoires sans paroles (sur la base d'une musique originale intitulée Chicken Reel (en) de Joseph M. Daly[6]) dont il accompagnait les extraits de films muets par une musique improvisée[7].
Jean Wiéner a eu trois enfants : Maud Wiener (1918-2001), Stéphane Wiener, devenu altiste, et de son second mariage avec Suzanne de Troye, l'actrice et chanteuse Élisabeth Wiener.
Il a également été ami avec Jean-Claude Vannier, qui était très impressionné par son travail. Il vivait dans le 18è arrondissement[4].
Jean Wiéner a publié ses mémoires en 1978 sous le titre Allegro appassionato.
Concerts Jean Wiéner
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Dans les années 1920-1925 Jean Wiéner est organisateur de concerts. Les Concerts Jean Wiéner (avec un accent sur le « e »), nommés aussi Concerts salade par lui-même en raison de leur éclectisme présentent en particulier la musique nouvelle française (le Groupe des Six dont son ami Darius Milhaud), la Seconde école de Vienne, de la musique russe ou encore la musique d'Erik Satie[8].
Voici les programmes de quelques-uns des concerts qui eurent lieu au Théâtre des Champs-Élysées.
Premier Concert : Milhaud
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Théâtre des Champs-Élysées le jeudi 23 novembre 1922 à 21 heures, programme Darius Milhaud[9] :
- Première symphonie, « le Printemps » (1917) pour 9 instruments par la Société Moderne d’Instruments à Vent.
- Trois Rag-caprices pour piano (1922), en première audition par Jean Wiéner
- Le Retour de l’Enfant Prodigue (1917), cantate en 5 parties pour 5 voix et 21 instruments d’André Gide, première audition avec Jane Bathori, André de Groote, Léopold Braconi, Maurice Weygandt, Georges Valmiet, le Quatuor Capelle, le Quatuor Andolfi et la Société Moderne d’Instruments à Vent sous la direction de Darius Milhaud.
Deuxième Concert : Schönberg/Webern
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Théâtre des Champs-Élysées le jeudi 14 décembre 1922 à 21 heures, programme Schönberg-Webern sous la direction de Darius Milhaud[9] :
- Cinq pièces pour quatuor à cordes d’Anton Webern, première audition par le quatuor Pro Arte (M. Onnou, Halluex, Prévost et Mass).
- Six petites pièces pour piano d’Arnold Schönberg par Jean Wiéner
- Pierrot Lunaire, mélodrame en 21 parties d’Arnold Schönberg, Marya Freund et M. Fleury, Delacroix, Roelens, Feuillard et Jean Wiéner
- Les hirondelles, valse de Josef Strauss par Jean Wiéner.
Troisième concert : Stravinsky
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Théâtre des Champs-Élysées le mardi 26 décembre 1922 à 21 heures. Programme Strawinsky sous la direction d’Ernest Ansermet[9] :
- Symphonie pour instruments à vent, à la mémoire de C. A. Debussy, première audition à Paris, par la Société Moderne d’Instruments à Vent.
- Petrouchka, sonate pour piano, 1re audition, par Jean Wiéner.
- Concertino pour quatuor à cordes, par le quatuor Pro Arte.
- Mavra, 1re audition en concert, livret de Boris Kochno, version française de Jacques Larmanjat. Avec Mmes Madeline Caron, de l’Opéra Comique, Monfort, de l’Opéra et Morère, M. Maurice Weynandt et La Société Moderne d’Instruments à Vent.
Quatrième concert : Satie/Poulenc
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Théâtre des Champs-Élysées le jeudi 4 janvier 1923 à 21 heures, programme Satie-Poulenc[9] :
- Sonate pour clarinette et basson, première audition, de Francis Poulenc par M. Cahuzac et Hermans.
- Impromptus pour piano de Francis Poulenc par Jean Wiéner.
- Socrate, drame symphonique en 3 parties sur des dialogues de Platon d’Erik Satie par Mme Balguerie et l’orchestre sous la direction d’André Caplet.
- Nocturne no 4, puis les Descriptions automatiques d’Erik Satie par Jean Wiéner.
- Sonate pour cor, trompette et trombone de Francis Poulenc en première audition par M. Entraigues, Foveau et Tudesq.
Cinquième concert
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Théâtre des Champs-Élysées le lundi 29 janvier 1923 à 21 heures[10] :
- Sonate pour piano et violon de Germaine Tailleferre par Germaine Tailleferre et Robert Soetens.
- Le Chant du Rossignol d’Igor Stravinsky sur Pleyela.
- Sonatine pour flûte et piano de Darius Milhaud par Jean Wiéner et Louis Fleury.
- Sonatine de Georges Auric, première audition, par Jean Wiéner.
- Quatuor à vent de Rossini par la Société Moderne d’Instruments à Vent (M. Fleury, Cahuzac, Entraigues et Dhérin).
Salle des Agriculteurs
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Voici les programmes de quelques-uns des concerts qui se tinrent à la Salle des Agriculteurs.
- Premier Concert à la Salle des Agriculteurs, 8 rue d’Athènes, le 6 décembre 1921. Le Billy Arnold’s Novelty Jazz band.
- Deuxième concert à la Salle des Agriculteurs. (?).
- Troisième Concert Jean Wiéner à la Salle des Agriculteurs, 8 rue d’Athènes, le vendredi 21 décembre 1924.Programme Erik Satie. Marcelle Meyer, Jane Bathori, Erik Satie et Jean Wiéner ont donné des pièces d’Erik Satie sur piano Pleyel.
Filmographie (musique de films)
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Œuvres classiques
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- 1910 : Mélodies sur des poèmes de Verlaine, Maiterlinck, Geraldy, Francis Jammes, Heinrich Heine)
- 1912 : Psaume 126
- 1920 : Dancing Etude (2 Fables de Florian) pour Piano
- 1923 : Sonatine Syncopée
- 1923 : Concerto Franco-Américain (commande[11] de la princesse Edmond de Polignac)
- 1924 : Suite Piano-Violon
- 1924 : 3 Blues Chantés
- 1925 : Sonatine
- 1924 : Musiques sur des poèmes de Jean Cocteau
- 1925 : Sonate no 1 pour Piano
- 1928 : Deuxième Sonatine pour Piano
- 1929 : Cadences pour Piano et Orchestre
- 1941 : Trois Chants (S. Blondin)
- 1943 : Lamento pour les Enfants Assassinés, pour Piano et Orchestre
- 1947 : Quatre Petites Pièces Radiophoniques pour Piano
- 1947 : Riz et Jeux pour Piano et Alto
- 1948 : Psaume de la Quarantaine
- 1953 : Légendes Dorées pour Petit Orchestre et Voix (Yvette Guilbert)
- 1955 : Chantefables (sur des poèmes de Robert Desnos), Chant et Piano
- 1956 : Victoire de l'Homme, pièce pour Orchestre
- 1957 : Chantefleurs (sur des poèmes de Robert Desnos), Chant et Piano
- 1957 : Suites à Danser, sur un thème, pour Orchestre
- 1961 : Petite Musique Pour Commencer Bien Sa Journée, pour Orchestre
- 1962 : Orchestration pour l'Ouverture La Jolie Parfumeuse de Jacques Offenbach
- 1964 : Concerto pour Accordéon
- 1966 : Concerto pour Deux Guitares et Orchestre
- 1968 : Sonate pour Violoncelle et Piano (à Mstislav Rostropovitch)
- 1968 : Troïka Moscovite, pour Trompette et Piano
- 1970 : Concerto pour Orchestre et Piano Principal
- 1971 : Chant pour les Morts en Montagne
- 1973 : Sonate "sans nom" pour piano
- 1973 : Albertine Sarrazin
- 1974 : Sonate pour Piano "démodée" à la mémoire de Darius Milhaud
- 1974 : La Dernière Nuit (sur un poème d'Eluard) pour Orchestre et Chœur
- 1981 : Trois moments de musique
(source : Catalogue de l'auteur communiqué par Pierre Cornevin)
Musique au théâtre
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- 1961 : Louisiane de Marcel Aymé, mise en scène André Villiers, Théâtre de la Renaissance
- 1962 : Johnnie Cœur de Romain Gary, mise en scène François Périer, Théâtre de la Michodière
- 1965 : Les Bargasses de Marc'O, mise en scène Marc'O, Théâtre du Studio des Champs-Elysées
- 1973 : Au théâtre ce soir : Le Million de Georges Berr et Marcel Guillemaud, mise en scène Francis Morane, réalisation Georges Folgoas, Théâtre Marigny
- 1954 : Les Mystères de Paris d'Albert Vidalie, mise en scène Jean-Pierre Grenier
- 1970 : Poèmes mécaniques de Jean Dorville, partition musicale de Jean Wiener, auditorium de Levallois-Perret
Comédien
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- 1973 : Au théâtre ce soir : Le Million de Georges Berr et Marcel Guillemaud, mise en scène Francis Morane, réalisation Georges Folgoas, Théâtre Marigny
- 1978 : Le Mystérieux Docteur Cornélius
Hommages à Jean Wiéner
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- L'école de musique de Bobigny porte le nom de Conservatoire Jean Wiéner[12].
- L'école de Musique Jean-Wiéner (Conservatoire à Rayonnement Intercommunal) est située à Échirolles/Pont-de-claix dans l'agglomération de Grenoble[13].
- Les conservatoires de Musique Jean Wiener de Saint-Dizier, Pont-à-Mousson, Vénissieux, Intercommunale de Chartres de Bretagne, Noyal-Châtillon sur Seiche et Saint-Jacques-de-la-Lande, portent également son nom[14],[15],[16],[17].
- En 1992, à l’occasion des dix ans de la disparition de Jean Wiéner, Alain Duault lui consacre son émission Musicales sur FR3. Sa fille Élisabeth Wiener y interprète "Les Dollars de la Louisiane", une chanson mise en musique par Jean Wiéner et accompagnée par le pianiste et ami de son père Pierre Cornevin.
- En 2006, Olivier Bernager, dans son émission Ouvert La Nuit (sur France Musique), reçoit Pierre Cornevin à propos de ses souvenirs et de l'amitié qui le lia à Jean Wiéner depuis 1946 jusqu’à la disparition de ce dernier.
- En 2007 Hommage à Jean Wiéner intitulé "Concert fleuve en inventaire à la Prévert".
- Pierre Charvet a consacré son émission sur France Musique « Du Côté de chez Pierre », à Jean Wiéner, son amitié avec Man Ray et Erik Satie.
- Une rue portant son nom se trouve à Colombes, 92700, France.
Iconographie
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- Wiéner et Doucet, affiche lithographique de Paul Colin, 1925, Victoria and Albert Museum, Londres[18].
Notes et références
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- ↑ [LesGensducinema.com LesGensducinema.com]
- ↑ Le bar Gaya
- ↑ Jean Wiéner et le Jazz à Paris
- ↑ a et b (en) « Jean-Claude Vannier : les 5 BO qui lui ont donné envie de composer de la musique à l'image », sur Ausha (consulté le 25 août 2020)
- ↑ Jean-Pierre Thiollet, 88 notes pour piano solo, « Solo de duo », Neva Editions, 2015, p.97. (ISBN 978-2-3505-5192-0)
- ↑ Joseph M. Daly, BNF 16277429
- ↑ Jean Wiéner, Allegro appassionato, Fayard, 2012, 340 p. (ISBN 978-2-213-67591-6, lire en ligne)
- ↑ Jean Wiéner et Erik Satie.
- ↑ a b c et d « La Musique au Théâtre des Champs-Elysées », Paris-Journal, no 2438, 17 novembre 1922, p. 8 (lire en ligne)
- ↑ « La Musique aux Théâtres des Champs-Elysées », Paris-Journal, no 2449, 26 janvier 1923, p. 3 (lire en ligne)
- ↑ « Les commandes de la princesse »
, sur Site de la Fondation Singer-Polignac
- ↑ Conservatoire Jean Wiéner sur www.bobigny.fr
- ↑ www.sim-jeanwiener.fr
- ↑ conservatoires Jean Wiener sur www.saint-dizier.fr
- ↑ conservatoire de Musique Jean Wiener sur www.bassin-pont-a-mousson.fr
- ↑ École de Vénissieux sur www.ville-venissieux.fr
- ↑ École Intercommunale JW
- ↑ Victoria and Albert Museum, L'affiche de Paul Colin
Bibliographie
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- Jean Wiéner, Allegro appassionato, Fayard, 2012, 340 p. (ISBN 978-2-213-67591-6, lire en ligne). Mémoires autobiographiques dont la première publication remonte à 1978, aux éditions P. Belfond (ISBN 9782714411426).
Liens externes
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