Michel Jeury

Michel Jeury

Michel Jeury
Michel Jeury lors des 7e Rencontres de l'Imaginaire de Sèvres, .
Biographie
Naissance
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Razac-d'EymetVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 80 ans)
Vaison-la-RomaineVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Antoine Michel JeuryVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Albert Higon, François ColinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Écrivain de science-fiction, nouvelliste, romancier, écrivainVoir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Dany Jeury (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Genre artistique
Fiction spéculativeVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Liste détaillée
Grand prix de l'Imaginaire du meilleur roman francophone‎ (Le Temps incertain ; May le monde (d)) ( et )
Prix Rosny aîné du meilleur roman (Le Territoire humain (d) ; Les Yeux géants (d)) ( et )
Prix Cosmos 2000 (L'Orbe et la Roue) ()
Prix Apollo (L'Orbe et la Roue) ()
Prix Julia-Verlanger ()
Prix Terre de France ()
Cabri d'or ()
Prix spécial du grand prix de l'Imaginaire ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
  • La Machine du pouvoir
  • Le Temps incertain
  • L'Année du Certif
  • May le monde
Wikipedia
Michel Jeury
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Michel Jeury lors des 7e Rencontres de l'Imaginaire de Sèvres, décembre 2010.
Biographie
Naissance
23 janvier 1934Voir et modifier les données sur Wikidata
Razac-d'EymetVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
9 janvier 2015Voir et modifier les données sur Wikidata (à 80 ans)
Vaison-la-RomaineVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Antoine Michel JeuryVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Albert Higon, François ColinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Écrivain de science-fiction, nouvelliste, romancier, écrivainVoir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Dany Jeury (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Genre artistique
Fiction spéculativeVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Liste détaillée
Grand prix de l'Imaginaire du meilleur roman francophone‎ (Le Temps incertain ; May le monde (d)) (1974 et 2011)
Prix Rosny aîné du meilleur roman (Le Territoire humain (d) ; Les Yeux géants (d)) (1980 et 1981)
Prix Cosmos 2000 (L'Orbe et la Roue) (1983)
Prix Apollo (L'Orbe et la Roue) (1983)
Prix Julia-Verlanger (1986)
Prix Terre de France (1988)
Cabri d'or (1995)
Prix spécial du grand prix de l'Imaginaire (2016)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
  • La Machine du pouvoir
  • Le Temps incertain
  • L'Année du Certif
  • May le monde

Michel Jeury, né le 23 janvier 1934 à Razac-d'Eymet en Dordogne et mort le 9 janvier 2015[1] à Vaison-la-Romaine, est un écrivain français. Ses romans ont marqué la littérature de science-fiction française des années 1970 et 1980.

Biographie

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Michel Jeury est né le 23 janvier 1934 à Razac d'Eymet, en Dordogne, dans une famille paysanne.

Après-guerre, il découvre que le célèbre Marcel E. Grancher était engagé aux côtés de son père durant la première guerre mondiale. Il insiste pour que celui-ci le contacte. Grancher aura une influence décisive dans l'envie d'écrire de Michel Jeury. Tout en aidant au travail agricole de ses parents, il poursuit ses études et obtient le bac en 1952. Dans le courant des années 1950, il écrit plusieurs romans, de science-fiction puis de littérature générale, tout en travaillant. Trois romans seront publiés, mais sans succès, malgré le Prix Jules-Verne pour La Machine du pouvoir.

Jeury cesse d'écrire, exerce divers métiers (instituteur, visiteur médical, représentant, etc.). En 1967, il cesse toute activité professionnelle régulière et s'installe à Florensac chez ses parents, près de Falgueyrat sur le canton d'Issigeac. Il se remet à écrire et terminera le manuscrit de son roman Le Temps incertain en 1972 à La Grèze, près d'Eyrenville. Paru l'année suivante dans la prestigieuse collection « Ailleurs et demain » de Gérard Klein sans que celui-ci ne modifie le manuscrit ni ne rencontre l'auteur, ce livre confirme une carrière d'écrivain de science-fiction qui durera près de vingt ans, avec la publication de plusieurs dizaines de romans.

À partir de 1973, Michel Jeury reçoit de nombreux auteurs confirmés comme John Brunner ou en devenir comme Roland C. Wagner[2], dans ce que Gérard Klein qualifiera plus tard de Pèlerinage d'Issigeac[3].

Michel Jeury se marie en 1975, il a une fille en 1976. Au début des années 1980, il publie « Le Crêt de Fonbelle », mémoire de ses parents qui préfigure son évolution vers la littérature générale. En 1987, après la mort de ses parents, il s'installe près du frère[4] de son épouse Nicole[5] à la bambouseraie d'Anduze, puis sur les hauteurs du village cévenol une douzaine d'années plus tard. Les auteurs du Petit dictionnaire des écrivains du Gard jugent ainsi qu'il a fait du « pays d'Anduze à Saint-Jean-du-Gard » son « territoire d'élection »[6]. Sa réinstallation marque aussi un tournant dans son œuvre puisque c'est alors qu'il délaisse la science-fiction se tourne vers le roman de terroir[7],[4]. L'Année du certif comme La Vallée de la soie sont ainsi d'inspiration cévenole[8]. Plus tard, il acceptera la présidence du jury du concours Anduze Mystère[9]. Il ne quittera la région qu'en 2013[10]

Poursuivant dans la veine du roman de terroir avec succès (L'Année du certif, entre autres), il retourne en quelque sorte à ses racines paysannes. Jeury ne retouchera à la science-fiction que ponctuellement, en publiant par exemple Le Chat venu du futur, (1998), coécrit avec sa fille Dany Jeury, jusqu'à la publication en 2010 d'un nouveau roman, May le monde[11] pour lequel il obtiendra à nouveau le Grand prix de l'Imaginaire, 38 ans après Le Temps incertain.

Son autobiographie, les Carnets chronolytiques[12], a été publiée aux Presses universitaires de Bordeaux en 2015 comme tout premier livre de la collection SF Incognita[13] dirigée par Natacha Vas-Deyres[14]. Le livre a obtenu le Prix spécial du Grand prix de l'Imaginaire à Saint Malo en 2016.

En 2016, Julien Donadille lui dédie son premier roman, Vie et œuvre de Constantin Eröd[15]. En 2019, la première Journée du livre d'Anduze lui est dédiée[9].

Œuvres

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Les textes « de jeunesse »

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Au début des années 1950, Michel Jeury écrit trois romans de science-fiction. Les deux premiers ne seront publiés qu'en 1960, sous les titres de Aux étoiles du destin et La machine du pouvoir et sous le pseudonyme d'Albert Higon, dans la collection Le Rayon fantastique. Le troisième restera inédit puis sera égaré. Entre-temps, Jeury écrit des romans de littérature générale. Le premier n'est pas publié ; le second, dans lequel il raconte sous forme romancée ses démêlés avec le Parti communiste, paraît chez Julliard en 1958 sous le titre Le diable souriant. Un troisième roman est refusé. Durant cette période, trois nouvelles de Jeury/Higon paraissent dans des revues.

Les années 1970

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La parution du livre Le Temps incertain, en 1973, dans la prestigieuse collection Ailleurs et Demain chez Robert Laffont fit grosse impression. Il s'agissait d'un roman rappelant le style de Philip K. Dick, très apprécié en France à l'époque, tout en ayant manifestement intégré l'influence du nouveau roman. Dans ce livre, Jeury introduit l'idée de chronolyse, un genre de distorsion du temps, et il utilise des techniques d'écriture assez particulières, avec notamment l'usage de séquences répétitives : la même scène se reproduit plusieurs fois au cours du roman, avec de légères différences. De plus, le roman met en scène un futur qui « introduisait comme possible des tyrannies industrielles de l'avenir en désignant explicitement leurs vecteurs : les multinationales », affirme Gérard Klein[16],[17].

L'année suivante paraît Les Singes du temps, dans la même collection. Il s'agit d'un deuxième volet sur la chronolyse, avec un type d'écriture qui poursuit les expériences du livre précédent. Toujours dans la collection Ailleurs et Demain, Michel Jeury publie la longue nouvelle utopique intitulée La fête du changement dans le recueil collectif judicieusement titré utopies 1975. En 1976 parait enfin Soleil chaud, poisson des profondeurs, un roman aussi ambitieux que les précédents. Il n'est plus question de chronolyse, mais d'un futur éclaté, où le morcellement de l'écriture reflète celui de la société décrite : toujours les multinationales, plus les réseaux informatiques.

Michel Jeury est alors un auteur reconnu, qui multiplie les publications afin de pouvoir vivre de sa plume. Il va ainsi faire paraître des romans plus grand public chez des éditeurs populaires (J'ai lu, Fleuve Noir) en parallèle à ses romans spéculatifs. Il ressuscite un temps Albert Higon pour publier Les Animaux de justice en 1976 puis Le Jour des voies en 1977. Il écrit également à destination du public spécifiquement adolescent : Le Sablier vert en 1977 et Le Monde du Lignus en 1978.

Il publie également en collaboration. Après de nombreuses nouvelles coécrites avec Katia Alexandre, il publie en 1977 L'Empire du peuple, signé Albert Higon, écrit avec Pierre Marlson.

Plusieurs romans importants paraissent ensuite coup sur coup chez divers éditeurs. Poney-Dragon, en 1978, renoue avec les interrogations sur le temps : un voyageur de la destinée se projette régulièrement dans un futur fasciste et proche, et doit trouver qui est, dans le monde d'aujourd'hui, le futur dictateur. L'Univers-ombre, en 1979, met en scène, avec des descriptions quasi ethnographiques, une utopie rapidement troublée : quelqu'un a réveillé le Pouvoir… La même année 1979 sont publiés également Le Territoire humain et Les Enfants de Mord.

Les années 1980

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La production de Michel Jeury s'accroit en quantité. Il publie de nombreux romans au Fleuve Noir, dans la collection Anticipation, spécialisée dans la science-fiction d'aventure. De 1979 à 1988, il fera paraître près d'une vingtaine d'ouvrages chez cet éditeur.

Il publie en 1981 la biographie de ses parents, dont il a assuré la rédaction : Le crêt de Fonbelle. Les gens du mont Pilat.

En parallèle, il écrit encore des romans spéculatifs. Ailleurs et Demain fait paraître en 1980 Les Yeux géants, un roman plein de soucoupes volantes, puis L'Orbe et la Roue en 1982. La série Les colmateurs se base sur la théorie des fractales pour imaginer des mondes multiples qui communiquent entre eux par des failles, que les colmateurs sont chargés de... colmater. Cette série comporte diverses nouvelles et trois romans : Cette Terre (1981), Le vol du serpent (1982) et Les démons de Jérusalem (1985). Le roman Le Jeu du Monde, paru en 1985, reçoit le prix Julia-Verlanger en 1986. Ce livre décrit un monde dominé par le jeu, anticipant à la fois la télé-réalité et les jeux en réseau apparus au début du XXIe siècle[18]. En 1986 paraît également La Croix et la Lionne.

Les romans de terroir

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Le Vrai Goût de la vie est publié en 1988. Il s'agit d'un roman qui marque une pause salutaire avec la science fiction. Il sera suivi par un deuxième volume intitulé Une odeur d'herbe folle. Parmi les romans qui suivent, citons L'Année du certif, prix Charles Exbrayat et Cabri d'or de l'Académie cévenole 1995 et d'autres fort remarqués, certains se voyant adaptés à la télévision française. Le qualificatif parfois employé de « romans paysans » pour ces ouvrages est très caricatural, ils convoquent plutôt l'enfance de l'auteur, son intérêt pour l'évolution de l'école républicaine en Périgord, ou son amour de la poésie, comme La Classe du brevet.

Les nouvelles

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Durant chacune de ses périodes littéraires, Michel Jeury a écrit et publié des nouvelles. Peu nombreuses au début des années 1960, elles furent au contraire très nombreuses et importantes dans les années 1970 et 80, pour se raréfier à nouveau dans les années 1990. Ces nouvelles, au nombre de plus d'une centaine, sont parues dans des revues très diverses, y compris dans de nombreux fanzines de science-fiction de très faibles tirages. La quasi-totalité de ces nouvelles sont disponibles en ligne, avec l'accord de l'auteur, sur le site de quarante-deux.org. En décembre 2007 paraît un recueil de 27 nouvelles, intitulé La vallée du temps profond, qui reprend les plus importantes nouvelles de science-fiction écrites par Jeury.

Études sur l'œuvre

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  • Joëlle Wintrebert, Michel Jeury, du Temps Incertain au Territoire Humain, in Univers 18, J'ai Lu, 1979.
  • Gérard Klein, préface au recueil Le livre d'or de la science-fiction, Michel Jeury, Presses pocket, 1982.
  • André François Ruaud, Soleil chaud ! Soleil chaud !, in fanzine Yellow submarine 1995. Repris dans le recueil La vallée du temps profond, Les Moutons électriques, 2007, page 465.
  • Richard Comballot, Voix du futur : Entretiens avec 8 auteurs de science-fiction, Les Moutons électriques, 2010.
  • Dominique Warfa, Michel Jeury, un univers indéterminé, in Galaxies 9 (nouvelle série), 2010.

Œuvres

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Livres

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  • Le Diable souriant, (1958).
  • Aux étoiles du destin, Gallimard, coll. « Le Rayon fantastique » no 68, 1960, (signé Albert Higon) - Galaxie-bis no 108, 1984 (signé Michel Jeury).
  • La Machine du pouvoir, (1960), Gallimard, coll. « Le Rayon fantastique » no 71, 1960, (signé Albert Higon), prix Jules-Verne 1960.
  • Le Temps incertain, Robert Laffont, Ailleurs et Demain, (1973), grand prix de la science-fiction française 1974.
  • Les Singes du temps, Robert Laffont, Ailleurs et Demain, (1974)
  • Soleil chaud, poisson des profondeurs, Robert Laffont, Ailleurs et Demain, (1976), Rééd. (2008)
  • Les Animaux de justice, (1976), (signé Albert Higon) - J'ai lu no 640, 1976
  • Le Sablier vert, (1977), roman pour adolescents
  • L'Empire du peuple, (1977), (signé Albert Higon), écrit avec Pierre Marlson
  • Le Jour des voies, (1977), (signé Albert Higon) - J'ai lu no 761, 1977
  • Le Monde du Lignus, (1978), roman pour adolescents - Presses Pocket Science-fiction no 5161, 1983
  • Poney-Dragon, (1978)
  • L'Univers-ombre, (1979)
  • Le Territoire humain, Robert Laffont, Ailleurs et Demain, (1979), prix Rosny aîné 1980
  • Les Enfants de Mord, (1979) - Pocket, Science-fiction no 5053, 1979
  • Les Îles de la Lune, Fleuve noir, Anticipation no 945, (1979)
  • Le Seigneur de l'histoire, Fleuve noir, Anticipation no 945, (1980)
  • Les Yeux géants, Robert Laffont, Ailleurs et Demain, (1980) - Pocket, Science-fiction no 5236, 1986, prix Rosny aîné 1981
  • Les Écumeurs du silence, Fleuve noir, Anticipation no 992, (1980)
  • Le Sombre Éclat, Fleuve noir, Anticipation no 1003, (1980)
  • La Sainte Espagne programmée, Fleuve noir, Anticipation no 1062, (1981)
  • Les Hommes-processeurs, Fleuve noir, Anticipation no 1091, (1981)
  • La Planète du jugement (Goer 1), Fleuve noir, Anticipation no 1133, (1981)
  • Cette Terre (les colmateurs 1), (1981) - Pocket, Science-fiction no 5111, 1981
  • Le Crêt de Fonbelle. Les gens du mont Pilat, Claudia et Joseph Jeury, récit recueilli par Michel Jeury, (1981)
  • L'Orbe et la Roue, Robert Laffont, Ailleurs et Demain, (1982), Prix Apollo et Prix Cosmos 2000 1983
  • Le Vol du serpent (les colmateurs 2), (1982)
  • Goer-le-renard (Goer 2), Fleuve noir, Anticipation no 1181, (1981)
  • Les Tours divines, Fleuve noir, Anticipation no 1206, (1983), roman qui prolonge et complète L'orbe et la Roue
  • Quand le Temps soufflera, Fleuve noir, Anticipation no 1239, (1983)
  • Vers l'âge d'or (Goer 3), Fleuve noir, Anticipation no 1260, (1983)
  • L'Île bleue, écrit avec Jean-Claude Guidicelli, Plasma, 1983.
  • Les Louves debout, Fleuve noir, Engrenage no 88, (1983), il s'agit d'un roman policier.
  • L'Anaphase du diable, Fleuve noir, Anticipation no 1316, (1984)
  • Le Jeu du Monde (1985), prix Julia-Verlanger 1986
  • Le Dernier Paradis, Fleuve noir, Anticipation no 1365, (1985)
  • Les Survivants du Paradis, Fleuve noir, Anticipation no 1376, (1985)
  • La Marée d'or (Goer 4), Fleuve noir, Anticipation no 1394, (1985)
  • Les Démons de Jérusalem (les colmateurs 3), (1985)
  • La Croix et la Lionne (1986) J'ai lu no 2035, 1986
  • L'Univers-ombre, Fleuve noir, Anticipation no 1544, (1988), version différente du roman de 1979.
  • Aux yeux la lune, Fleuve noir, Anticipation no 1623, (1988)
  • Le Vrai Goût de la vie, (1988), Prix Terre de France
  • Une odeur d'herbe folle, (1988)
  • Les Mondes furieux, (signé Albert Higon), Fleuve noir, Anticipation no 1840, (1991)
  • Le Soir du vent fou, (1991)
  • La Grâce et le venin (1992)
  • Au cabaret des Oiseaux (1993)
  • La Source au trésor, (1994)
  • L'Année du certif, (1995), prix Charles-Exbrayat et Cabri d'or de l'Académie cévenole 1995
  • Le Printemps viendra du ciel, (1995)
  • Les Grandes Filles, (1996)
  • Le Chat venu du futur, (1998), avec Dany Jeury
  • La Vallée de la Soie, (1998)
  • Contes et légendes du Périgord, (1998), avec Dany Jeury et Alain Dufourcq
  • La Soie et la montagne, (1999)
  • La Charette au clair de lune, (2000)
  • Petite histoire de l'enseignement de la morale à l'école, (2000), avec Jean-Daniel Baltassat
  • La Classe du brevet, (2001)
  • Nounou, (2002)
  • Angeline, (2004)
  • La petite école dans la montagne, (2005)
  • Les Secrets de l'école autrefois, (2005)
  • Le jeune amour, (2006)
  • Les gens heureux ont une histoire, (2007)
  • La Vallée du temps profond, Les Moutons électriques, La Bibliothèque Voltaïque, (2007)
  • Les Beaux Jours du docteur Nicolas, Robert Laffont, (2010)
  • May le monde, Robert Laffont, Ailleurs et Demain, (2010), Grand prix de l'Imaginaire 2011
  • La Métairie et le Château, Robert Laffont, (2012)
  • Les Îles de la Lune, Les Moutons électriques, coll. « La Bibliothèque voltaïque », version augmentée de l'édition de 1979 (2013)
  • Les Trois veuves, Robert Laffont (2017)

Recueils de nouvelles et nouvelles

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  • Simulateur ! Simulateur !, nouvelle, 1974.
  • Mission fractale, nouvelle, 1980.
  • L’Armée rouge contre les utopistes, nouvelle, Brage, (2013), première publication in Planète socialiste (anthologie sous la responsabilité de : Michel Jeury, Suisse, Yverdon : Kesselring), éditions Ici et maintenant, juillet 1977.
  • Le Livre d'or de la science-fiction : Michel Jeury, anthologie de nouvelles (1982).

Notes et références

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  1. « Michel Jeury », sur Les Amis de Michel Jeury
  2. Serge Lehman (préf. Un paysage du temps), La vallée du temps profond : et autres nouvelles, Les Moutons électriques, impr. 2007 (ISBN 978-2-915793-39-0 et 2-915793-39-5, OCLC 470599663, lire en ligne)
  3. « Archives stellaires/Klein/Préfaces et postfaces/Livre d'or Michel Jeury », sur www.quarante-deux.org (consulté le 6 juin 2020)
  4. a et b https://www.academie-montesquieu.fr/wp-content/uploads/2017/03/Michel-Jeury-PDF.pdf
  5. Dominique Warfa, Une brève histoire de la science-fiction belge francophone et autres essais, Presses universitaires de Liège, 2018, p. 193
  6. Bernié-Boissard, Boissard et Velay 2009.
  7. « Michel Jeury  : entre futurs et terroirs - Esprit de Pays Dordogne-Périgord », sur Esprit de Pays Dordogne-Périgord, 19 décembre 2015 (consulté le 11 octobre 2020).
  8. Patrick Cabanel, Histoire des Cévennes, Paris, Presses universitaires de France, 2013, p. 99-119 (lire en ligne).
  9. a et b CORRESPONDANT, « Première Journée du livre dédiée à Michel Jeury », Midi libre,‎ 22 août 2019 (lire en ligne, consulté le 11 octobre 2020).
  10. « Hommage à Michel Jeury par H. Pijac - LIRELIF Occitanie », sur LIRELIF Occitanie (consulté le 11 octobre 2020).
  11. Article du Monde du 25 novembre 2010
  12. « Michel Jeury. Carnets chronolytiques », sur www.pub-editions.fr (consulté le 9 janvier 2018)
  13. « sf-Incognita », sur www.pub-editions.fr (consulté le 9 janvier 2018)
  14. « VAS-DEYRES (Natacha) », sur www.pub-editions.fr (consulté le 9 janvier 2018)
  15. Nadia Tighidet, « Portrait d'un vieux monsieur sanglant... », La Provence,‎ 7 février 2016 (lire en ligne Accès payant, consulté le 11 octobre 2020).
  16. Gérard Klein, dans sa préface au recueil Le livre d'or de la science-fiction, Michel Jeury, Pocket, 1982, page 10.
  17. (fr) « Préface de Gérard Klein à Michel Jeury  : le Livre d'or de la science-fiction » www.quarante-deux.org, consulté le 23 août 2010
  18. FR3 Bordeaux, Plateau Poidevin, 17 décembre 1985, archive INA BXC85121711.

Annexes

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Bibliographie

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  • Catherine Bernié-Boissard, Michel Boissard et Serge Velay, Petit dictionnaire des écrivains du Gard, Nîmes, Alcide, 2009, 255 p. (présentation en ligne), p. 127-128

Article connexe

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  • Liste d'auteurs de science-fiction

Liens externes

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Affiche du document Nounou

Nounou

Michel Jeury

2h50min15

  • Roman historique
  • Livre epub
  • Livre lcp
227 pages. Temps de lecture estimé 2h50min.
Paris au temps de l'Exposition universelle: l'effervescence d'une société au seuil d'un siècle nouveau. Céline Ouroux a vingt-deux ans. Un nourrisson dans les bras, elle arrive à Paris, un Paris qui tourbillonne de mille feux, mille bruits. Nous sommes en 1888: dans quelques mois sera inaugurée l'Exposition universelle qui doit célébrer le xxe siècle à venir. Céline est intimidée. Mais surtout elle est pauvre. Dans son Morvan natal, elle s'est prise d'amour pour un homme qui n'en méritait peut-être pas tant. Son enfant est né langé de dettes autant que d'espoirs déçus. Alors, comme des centaines d'autres jeunes femmes dans son état, il ne lui reste qu'une solution pour survivre: vendre son lait. Devenir "nounou" dans une riche famille bourgeoise. L'espace de ce que l'on appelle "une nourriture", Céline va tout apprendre de ce monde: les folies et les extravagances des maîtres, ce lien étrange, pervers, qu'ils entretiennent avec leurs serviteurs. Elle va apprendre les ambitions de la capitale, la puissance de l'argent et de la politique côtoyant ce rêve de progrès: la technique et l'industrie qui alors font vibrer la République. Mais plus que tout, c'est d'elle-même qu'elle va apprendre. Par l'épreuve comme par le plaisir, en rencontrant un amour inattendu mais éphémère, en traversant le pire des drames: la perte de son propre enfant alors qu'elle nourrit et protège celui de sa maîtresse. Son intelligence et sa fidélité retiennent près d'elle des femmes qui s'avéreront de plus sûres compagnes lorsque Céline aura conquis enfin un peu de liberté...Il y a des accents de Zola dans "Nounou", peut-être le roman le plus abouti de Michel Jeury. Il fait ici vivre avec tendresse et ironie des personnages profondément humains. Il a choisi le camp des petites gens que "la Grande Histoire" plonge dans l'oubli à chaque tour de roue: les serviteurs.
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Affiche du document La classe du brevet

La classe du brevet

Michel Jeury

2h12min00

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
176 pages. Temps de lecture estimé 2h12min.
L'après-guerre, l'école publique contre l'école privée: la peinture juste et pleine de sensibilité d'un univers cher à la mémoire collective. 1948, c'est l'année du nouveau brevet : le BEPC... À Réverac-du-Périgord, le cours complémentaire libre est une institution. Mais il y a aussi une école catholique. Une quinzaine d'élèves, la plupart refoulés du cours public, y suivent, sans trop d'espoir de réussir leur brevet, un enseignement inégal. Parmi eux, Rémi Lagrange.Rémi est le fils du facteur. C'est un rêveur, il parle peu et ses résultats sont médiocres... Ça ne l'empêche pas d'être l'ami du meilleur de la classe, Tommy, un fils d'industriel. Chez les parents de Tommy, les deux inséparables passent des heures à refaire le monde, à parler de leur avenir, des filles et d'Emma Bovary... Souvent la mère de Tommy, Zoé, se mêle à leurs discussions. Elle est belle et élégante. Rémi en est tombé amoureux.Malgré cela, sur les bancs de l'école, il se laisse circonvenir par une élève fraîche, rose et bien en chair, la jolie Gilberte. Elle n'est pas son genre. Mais elle dégourdie. Et elle l'initie aux jeux amoureux...Au cours libre, le professeur de français a donné à ses élèves un sujet de rédaction qui va chambouler la vie de Rémi. Celui que tous prennent pour un gentil benêt écrit (en pensant à Zoé) un si bon devoir que le professeur décide, avant de le noter et de le lui rendre, de s'assurer que Rémi en est bien l'auteur... La copie circule de main en main et finit par attiser la curiosité du cours public, qui n'a pas de très bons élèves en rédaction. Mais le prof de français l'égare... Qui a subtilisé cette copie? "Le mystère de la rédaction" est le sujet de discussion préféré de Zoé, Tommy et Rémi. Le reste du temps, ils parlent littérature. C'est pourquoi Rémi suggère à Zoé de remplacer le prof de français qui vient de démissionner... Elle accepte. Et c'est le moment que choisit le cours public pour proposer à Rémi, à sa grande horreur, de le reprendre dans ses rangs...
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Affiche du document Angéline

Angéline

Michel Jeury

2h48min00

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
224 pages. Temps de lecture estimé 2h48min.
Sous le Second Empire, dans le Périgord, une "demoiselle de compagnie" fait l'apprentissage de la vie 1857. Angéline, fille d'un forgeron républicain, est engagée par les Gardiency, "bourgeois éclairés" et bonapartistes prudents. Élevée dans la tradition républicaine qui vénère le savoir comme arme de l'indépendance, Angéline a le goût des romans et de la réflexion, la curiosité du monde et un bon sens solidement étayé par la volonté. Cependant, rien n'est plus dépaysant que cet univers où la plonge son emploi: dans une maison confortable et d'apparence sage, elle découvre les eaux troubles des secrets de famille, des haines anciennes, des rivalités politiques et des amours.Son arrivée chez les Gardiency déclenche, bien malgré elle, des jalousies et des passions jusqu'alors enfouies dans les silences de la bienséance bourgeoise. Robert Gardiency, le maître de maison, se veut un homme "moderne". Mais ses rapports avec sa mère et son épouse ne résistent pas à l'attirance qui le pousse vers Angéline. Alors qu'il se fait de nombreux ennemis parmi les habitants du Périgord qu'il veut convaincre de son idéal de progrès et d'hygiène, c'est à l'intérieur même de sa maison que le drame se noue. Angéline, amoureuse de lui autant qu'elle ose l'être, met sa vie entière à sa disposition.Dans un roman où fourmillent les détails réalistes sur une époque agitée et les personnages secondaires forts, Michel Jeury parvient à donner toute son ampleur humaine à la vérité d'un lieu autant que d'une période où se construisait la "France moderne". Une femme dans la soixantaine apparut, assez grande, les épaules larges, un visage étroit, anguleux, la peau tendue sur ses pommettes osseuses. Elle était vêtue d'une robe noire, allongée par la taille très haute. Elle se tourna vers moi et me toisa sans aménité.? Ah, c'est vous, Angéline? Il n'y a jamais eu d'Angéline ici. Mais il faut un commencement à tout!Sans doute, la douairière de Vaillac, cette Mme Henriette qui, selon marraine Clo, menait son monde au doigt et à l'œil et me ferait la vie dure. Je répondis sèchement que je m'appelais bien Angéline et que je ne comptais pas changer de prénom. Elle pinça un peu plus sa bouche serrée, puis releva sa lèvre supérieure en une moue de mépris.? Ça vaut la peine d'avoir des oreilles à la tête pour entendre une jeune fille pauvre parler sur ce ton!Je sentis le rouge de la honte et de la colère me brûler les joues. À mon tour, je pinçai les lèvres, retins la réplique que j'avais sur le bout de la langue. Elle frotta son nez pointu d'un long index, qui n'était qu'un os enveloppé de peau sèche. Puis elle secoua une bourse où tintèrent l'or et l'argent. Elle en sortit une pièce de dix sous, regarda la face de Napoléon comme si elle allait la baiser, en retenant un soupir, la tendit au valet qui avait porté ma malle.? Voilà pour toi, Félix. Tu peux t'en aller, maintenant. Cette jeune personne n'est pas une vraie demoiselle. C'est une paysanne un peu dégrossie qui se croit instruite. Elle est sûrement assez forte pour monter son bagage toute seule!Marraine Clo m'avait prévenue. "Tu boiras les affronts doux comme lait et tu feras mine d'avoir avalé ta langue!" Je regardai Mme Henriette en face.? Je ne me crois pas instruite, dis-je. Mais il est vrai que je suis une paysanne. Oui, je peux monter mon bagage toute seule!Mme Henriette se dérida un peu et je crus presque, une seconde, qu'elle allait sourire.? Nous verrons bien ce que vous êtes. Quant à moi, vous savez sans doute que je suis Mme Joseph. Mais on m'appelle familièrement Mme Henriette. Vous me direz "madame" tout court. Pour ce qui touche la maison et les gens, la nourriture, les vêtements, c'est moi qui tiens le timon et je veux tout à mon mot. Il en ira de même pour votre vie avec nous, vos obligations et toutes vos affaires. Ce midi, vous vous reposerez dans votre chambre, car vous devez être fatiguée. Marie-Petite vous apportera un bol de soupe et vous ne perdrez pas de temps pour vous installer. Emmanuel va vous conduire à la chambre verte, que je vous ai donnée.Elle joignit les mains devant sa maigre poitrine, on eût dit qu'elle serrait sa bourse sur son cœur. Puis elle me lorgna d'un air de pitié et de dégoût qui faillit me lever le cœur.? De toute façon, vous ne resterez pas longtemps dans cette maison, je vous le promets.J'ouvris la bouche pour répondre. Elle m'imposa silence d'un regard impérieux.? Enfin, vous ne suez pas de la figure. Et vos mains...Je plaquai mes paumes contre ma robe; elles étaient sèches et j'aurais pu les montrer, mais je refusai cette humiliation. Mme Henriette me tourna le dos d'un air de souveraine outragée, puis elle s'éloigna vers le fond du couloir, à gauche du vestibule, à petits pas, en balayant les carreaux avec la queue de sa robe.
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Affiche du document Le jeune amour

Le jeune amour

Michel Jeury

2h15min45

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
181 pages. Temps de lecture estimé 2h16min.
Tout à la fois chronique de l'après-guerre et roman d'initiation, Le Jeune Amour est aussi un roman autobiographique. 1950, une bourgade de la Dordogne. Gil Jallas, dix-sept ans, beau garçon, l'esprit et les sens aiguisés, rêve d'entrer à l'université et de devenir un grand écrivain sous le pseudonyme rutilant de Gil Blas. Hélas, la réalité n'est pas un rêve. Sa mère, simple ouvrière, ne peut lui payer des études et, en guise d'écriture, c'est à celles de la perception qu'il va s'atteler dès qu'il a passé la première partie de son bac. Un vrai travail, un salaire et tout le futur d'un fonctionnaire. Par bonheur, la vie possède plus de ressources qu'il n'y paraît parfois. La perception se révèle un haut lieu stratégique pour l'apprentissage de la réalité nécessaire à un futur écrivain : c'est là que convergent les rumeurs du bourg, les complots, les rancœurs et les affaires de cœur. Et les secrets, dans ces années, ils abondent. La guerre a cessé il y a peu. La résistance et les compromissions rôdent encore dans tous les esprits. C'est l'heure froide de la vengeance. L'heure aussi où les plus malins, les plus forts veulent en profiter pour asseoir leur pouvoir tandis que les autres cherchent tout simplement à survivre avec les moyens du bord. Ainsi " Monsieur l'Adjoint au maire ', Adrien Lécuyer, au passé trouble de vrai-faux résistant, patron d'entreprise, veut se construire une carrière politique. Il utilise sans scrupule les uns et les autres pour parvenir à ses fins... Ainsi la belle, la trop belle et trop légère Marie, dont l'époux, le ténébreux et dangereux Pierre, ne sait pas échapper à son destin de petit malfrat... Devant la beauté de Marie, Gil fond. Il se consume d'un amour adolescent, terrible et joyeux, qui se sait aussi éphémère qu'un printemps. Pour elle, il se veut le Prince charmant, le redresseur de torts. Il déploie tous ses talents, même ceux qu'il s'ignorait : faussaire et écrivain public de lettres vengeresses. Mais ils sont nombreux, presque tout un village, à vouloir jouer avec les mensonges et les faux semblants. Un jeu dangereux qui tournera mal... Pour une certaine raison, il est assez content. Il a un béguin, qui lui tient chaud au cœur, bien que peu avouable. Il aime une femme mariée. Il rêve d'elle toutes les nuits et ne l'oublie pas le jour. Certains soirs, il songe à sa belle et à la mort. Les Russes ont la bombe atomique depuis un an, la guerre vient d'éclater en Corée. Elle risque de devenir mondiale et de s'achever sous un déluge de feu qui n'épargnera personne. Il se dit, et il n'est pas le seul, qu'il aimerait bien connaître l'amour avant d'être changé en fumée. Vivre l'amour, enfin, celui que la main atteint et que le corps partage. Passer une nuit entière dans le lit d'une jolie femme. Après ça, la planète pourra sauter !Sa dulcinée vit seule, son mari l'a quittée, circonstance qui atténue le péché et laisse à Gil un bout d'espoir. Mais elle a presque trente ans. Ou un peu plus de trente ans. Il ne sait pas au juste et il n'a pas le courage de se renseigner. Elle a l'air plus jeune que certaines femmes de vingt-cinq ans. Elle est menue, vive, blonde, elle a de grands yeux bleus, presque violets. Elle serait la plus jolie d'Aquitaine et de Paris, si quelques dents gâtées n'abîmaient son sourire, oh à peine, et puis ça la rend plus humaine. Mais elle a un adorable petit nez. Le nez gâche souvent les plus fières beautés : celui de la dame que Gil aime pimente et parfait la sienne. Elle a du monde au balcon, des genoux à vous précipiter dans les tourments éternels, et elle oublie souvent de les cacher. Seigneur, si elle les ouvrait pour moi et que mon cœur éclate sur le pas de la porte... Eh bien, je mourrais dans ses bras et je ne saurais jamais si les Russes et les Américains ont foutu le feu au monde, à la fin ! Voilà. Il était déjà amoureux à seize ans. Maintenant, il la voit plus souvent, presque tous les jours. Elle est gentille avec lui, un peu chineuse, un peu tendre aussi, mais à la façon d'une grande sœur. Pour elle, il n'est qu'un petit garçon tout juste en âge de porter des pantalons longs. Une fois, tout de même, il a chipé au vol une réflexion consolante qu'elle lançait à sa mère... Car elle est aussi la meilleure amie de Félicia Jallas, ce qui multiplie les occasions de la rencontrer, mais aggrave l'embarras de Gil et aiguise son supplice. Elle l'appelle " ma doucette ', un nom de salade. Gil est très gêné. Elle a dit : " Oh, ma doucette, je ne sais pas si tu as remarqué, ton fiston commence à devenir beau gars. Ça ne nous rajeunit pas ! ' La vie est compliquée, il faudrait lire mille romans pour s'y retrouver. Et encore, les romans... La réalité est peut-être pire, va savoir. Il est heureux de rester à Saint-Veillant. Il ne perdra pas de vue les grands yeux violets, le nez mutin et le corsage plein. D'un autre côté, il aimerait s'en aller vivre dans une grande ville, comme n'importe quel héros de roman. Il croiserait par centaines des jeunes filles et des jeunes femmes, il finirait par se trouver un nouvel amour et oublier Marie.
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Affiche du document Les gens heureux ont une histoire

Les gens heureux ont une histoire

Michel Jeury

2h00min00

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
160 pages. Temps de lecture estimé 2h00min.
Fanny-Fa a vingt ans et se pose mille questions : Quel est le mystère du bonheur ? Pourquoi la beauté du monde se paie-t-elle au prix fort de la douleur ? Comment invente-t-on l'amour ? Comment survit-on aux déchirures et aux désastres ? Que cachent les silences de ses parents ?... Qui, mieux que son grand-père, Jean Romain, peut lui répondre ? Parce qu'il l'aime et qu'elle l'aime, parce que, tout vieil homme qu'il soit, il est encore dans la course au bonheur, il ouvrira en grand le roman de leur famille. Agençant dans une structure subtile une série d'intrigues et le récit à la première personne d'un narrateur à la distance humoristique, jouant avec brio des époques et des personnages, Les gens heureux... est le roman le plus ambitieux de Michel Jeury. Son sens du comique nous plonge, avec une vérité pleine de tendresse, dans ces moments où nos absurdes travers savent si bien côtoyer le drame.De la simplicité des apparences, de l'humour narquois, montent avec force les questionnements et les choix essentiels de l'existence qui nous conduisent tout autant au pays des gens heureux qu'aux douleurs les plus vives. L'éternelle quête de bonheur qui soude et déchire les familles est aussi celle d'un grand théâtre tragicomique. Vision moderne de nos déchirements, réflexion sur l'amour, le don et la souffrance, Les gens heureux est aussi un roman de la maturité, une réflexion sur les espérances de la jeunesse et les trahisons des adultes. ? Grand-père, tu pourrais m'expliquer pourquoi le monde est un coupe-gorge ?La question de tes quatorze ans. Tu aimais ce mot : coupe-gorge. Tu me l'as jeté à la figure et à la face de Dieu en même temps. La question était belle et cruelle.Non, je ne pouvais. Je l'ai avoué.? Honnêtement, je crois que personne ne le peut.Tu m'as scruté d'un regard féroce. Je le méritais sans doute. Que les hommes se conduisent à la moindre occasion comme des tigres, des serpents, des requins ou des crocodiles, c'est leur faute, c'est leur honte. Mais la mort de l'agneau dans la gueule du loup, des poissons dans l'estomac de la baleine (ça ne doit pas être gai de bouillir dans les sucs digestifs...), de presque toutes les créatures sous la dent des autres, c'est la loi de la nature. Dura lex, sed lex. Tu aurais bâti le monde autrement, si on t'avait chargée de cette tâche ? Oui. En tout cas, tu auras essayé. Pour commencer, pas de carnivores. Et vlan !Nous, les vieux, le cul sur le mol coussin du hasard et de la nécessité, nous nous arrangeons poliment avec l'ordre sanguinaire du sixième jour. Nous clamons contre des bricoles, mais nous baissons le front ? ou notre froc ? devant le loi de la souffrance et de la mort. Au lieu, par exemple, de nous faire sauter la caisse pour donner une bonne leçon à Dieu ou à l'univers... Ô petite fille, ma petite-fille, comme tu as raison !Tu as insisté, sur ce ton farouche, que tu savais prendre les premières années de ton adolescence :? Comment peut-on vivre dans un coupe-gorge ?Imparable logique. Le feu de tes quatorze ans consumait en un éclair tout quidam qui tentait de plaider pour un accommodement avec le Ciel. Je sentais à quelques pas la brûlure de ta révolte sur mon visage et mes bras nus. Comment peut-on... ? Je n'en sais rien. Faut-il pratiquer la philosophie orientale ou lire les Grecs ? Platon, Plotin et Cie ? Faut-il devenir végétarien ? J'ai essayé, mais le jambon me manquait et le pied de veau plus encore.Sous les rayons de ton regard, bleu comme une étoile chaude, je me change en air et en eau. Je ne vais pas me défendre. Je sais que je suis impardonnable. Argumenter n'aurait servi qu'à réveiller le volcan qui couvait sous ta brune chevelure. ? Et prétendre qu'on est heureux, en plus !? Oui, tu as raison. C'est fou !? Oh, c'est pire. C'est...J'ai attendu le mot que tu ne trouvais pas. Les larmes ont coulé sur tes joues comme des gouttes de rosée sur une pomme, les derniers jours de l'été. J'ai feint de ne pas les voir. Me forçant à une immobilité de tronc mort, j'ai goûté la lumière, le silence, la trompeuse paix des champs.
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Affiche du document La charrette au clair de lune

La charrette au clair de lune

Michel Jeury

2h07min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
170 pages. Temps de lecture estimé 2h07min.
" Comme tous les ans, à la Saint-Michel, il faut prendre ses sabots et sa misère et les porter plus loin, et comme maman a honte de montrer son ménage sens dessus dessous, on profite du clair de lune pour emporter incognito le gros du chargement dans la charrette. " Les Taradel changent de métairie, une fois de plus. Ils vont passer l'année 1929 à Saint-Pierre-d'Agnac, Lot-et-Garonne. Cette année nous allons la passer avec eux. Avec Suzie, treize ans, qui veut percer son secret de famille, le secret du mariage de ses parents ; avec Pierrot, dix ans, et ses bonheurs d'enfance : la nature et les animaux ; avec Victor, le père au caractère tumultueux, qui s'accommode assez gaiement de son existence car il se croit toujours sur le point de trouver le havre de paix où il coulera des jours tranquilles. Avec Marie, enfin, la mère, qui rêve de devenir propriétaire en prenant à rente les terres de sa marraine...Les travaux de la terre, le soin des animaux permettent tout juste de survivre et rythment les saisons et les jours. Après une lune de miel avec le " proprio ", les conflits surgissent, comme toujours avec Victor. Les deux vieilles vaches des Taradel en sont le prétexte. Victor ne veut pas céder. Il ne cède pas non plus à Marie et refuse de devenir propriétaire. Il a ses raisons, que Suzie découvre peu à peu, en poursuivant son enquête. Victor est de nouveau " foutu dehors ". Il va se mettre en quête d'une nouvelle métairie, alors que Marie, pour le brusquer, s'installe chez sa marraine. Les deux enfants voient leurs parents s'affronter par la force et par la ruse. Lequel fera plier l'autre ? Le dénouement aura lieu en même temps que Suzie découvrira la vérité sur le secret de sa mère.
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Affiche du document Le dernier certif

Le dernier certif

Michel Jeury

2h13min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
178 pages. Temps de lecture estimé 2h13min.
En cette année 1962, la guerre d'Algérie s'achève dans les pleurs. De Gaulle réclame une élection présidentielle au scrutin universel et un monde nouveau s'ouvre où le certif ne peut survivre... À cinquante ans, l'institutrice Emma Béranger retrouve le village de Saint-André, lieu de souvenirs familiaux douloureux, et s'apprête à inaugurer une nouvelle année scolaire. Belle femme sensuelle et lucide, elle essaie d'affronter son âge et son veuvage avec sérénité mais voit le temps des possibles filer entre ses doigts... Même son métier est là pour le lui rappeler : cette année sera la dernière du certificat d'études. Un examen si précieux autrefois et si dévalorisé désormais qu'elle n'y présentera qu'une seule élève. Autre signe des changements qui s'opèrent en ces débuts d'années 1960, Paul Chabert, un " pied noir " riche et mystérieux, s'installe à Saint-André, bouleversant le village de par son passé et ses différences. Dès leur première rencontre, Emma pressent qu'avec ce bel homme tourmenté, elle pourrait bien réapprendre à aimer. Chez Michel Jeury, c'est toujours l'entrelacs étroit du réel historique, des désirs et des destins qui nourrit la verve romanesque d'une tendresse et d'un charme si particuliers. Comme dans les deux épisodes précédents, nous retrouvons cette justesse affectueuse et ironique avec laquelle il entraîne ses personnages dans un drame que seules leur rigueur et leur bonté permettent de surmonter. La Suzon Granier précéda Paul Chabert dans le couloir. Une épaisse bouffée d'obscurité entra derrière le visiteur. Le temps était couvert. À cinq heures de l'après-midi, la nuit tombait déjà. Paul Chabert serrait dans sa forte poigne un bouquet opulent, roses et œillets mêlés, de toutes les couleurs. On lisait sans entraves les pensées de la Suzon sur sa longue figure : " Crénom, que ça doit coûter bonbon, à cette époque de l'année, un bouquet comme ça ! Ah non, ça ne se fait pas chez nous, qu'un parent d'élève apporte des fleurs à la dame... " Et puis, après réflexion, son regard se radoucit : " Bah, on vous excuse puisque vous n'êtes pas du pays. C'est sans doute des coutumes d'Algérie. " Chabert esquissa une inclination du front : Mes hommages, Madame. Emma prit le bouquet. Elle fut sur le point de s'en débarrasser dans les bras de la Suzon. " Mes hommages, non, il se fiche de moi ! " Elle choisit de bouder son plaisir. Elle aurait apprécié une entrée plus discrète. Toute la commune saurait bientôt que le pied-noir avait offert une gerbe de roses à la maîtresse d'école. Elle ne pourrait plus passer la moindre peccadille à ses enfants, sous peine d'entendre les parents crier d'une seule voix à l'injustice et au favoritisme. Croyait-il éblouir par sa richesse la pauvre institutrice de campagne, plus très jeune ? Et dans quel but secret ? Bonjour, monsieur. Elle appuya sur "monsieur' aussi fort qu'elle put sans dépasser les bornes de la politesse. Mais pourquoi toutes ces fleurs ? Il répondit sur un ton gêné, maniant le bouquet avec une gaucherie presque comique. - Je les ai achetées à Marseille, à un jeune homme de mon pays, qui vient de s'installer sur le port, dans une cahute. À Oran, il avait un magasin deux fois grand comme votre salle de classe... enfin, je veux dire deux fois plus grand ! Emma rit de son embarras. La Suzon esquissa une sorte de révérence, avant de filer vers la porte à petits pas, en dandinant son maigre derrière. La Suzon, une révérence, on aura tout vu ! Paul Chabert resta figé et silencieux au milieu du couloir. Emma s'intima l'ordre d'être loyale avec lui. " Ce n'est pas parce qu'il est le premier homme depuis quinze ans à t'offrir des fleurs que tu vas lui faire la tête ! " Elle tendit enfin les mains pour prendre le bouquet. Elle le posa sur la commode du couloir, elle n'avait pas de vase en service, les dernières fleurs des champs étaient mortes et desséchées depuis longtemps. La vérité c'était que l'homme était beau, les fleurs étaient belles, l'attention était belle aussi et, comme une vieille gamine, elle avait envie de pleurer. Elle lui prit sa canadienne fourrée pour l'accrocher au portemanteau du couloir, mais ses mains tremblaient, elle lâcha le vêtement et le rattrapa de justesse. Blouson en daim, chemise de velours beige, assortie, il était toujours vêtu chic et cher. Cravate à rayures, bien nouée, pantalon rouille au pli impeccable, qui tombait exactement sur ses souliers en box noir, sans une tache de boue. Elle lui en voulait aussi de sa tenue. Elle s'en voulait à elle-même de n'avoir plus trente ans. Mais il ne devait pas s'en apercevoir. Jamais.
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