Eloigné de son île natale durant vingt ans, il faut à Ulysse, reprenant enfin pied à Ithaque, retrouver son origine, récupérer son identité perdue ; il lui faut tout faire pour être "reconnu" des siens, retisser le lien qui l'attache à son royaume, être de nouveau une personne et non plus Personne.
Mais il ne peut parvenir à cette fidélité à soi - cette renaissance à soi-même - qu'au prix d'un massacre. Celui des "prétendants" : ces jeunes gens sans vergogne qui, le croyant mort, se pressent dans son palais en dévorant ses vivres, et qui prétendent le supplanter auprès de la reine Pénélope. Ce massacre, Homère nous le donne à voir avec un réalisme tranquille. Il y a comme une candeur dans sa façon de raconter la mort des prétendants. Le tragique est ainsi, comme allant de soi, tranquillement installé dans la vie des héros homériques. Loin de tout pathos, Homère décrit avec une simplicité qu'on pourrait dire enfantine (comme on parle de l'enfance de l'art) ce qui fait notre condition humaine : la demande de reconnaissance, l'angoisse de la solitude, la peur de l'abandon, l'attachement aux siens, la jalousie, le désir de vengeance et de meurtre, le vieillissement et la mort...
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