La vie quotidienne des migrants (Syriens, Kurdes, Pakistanais, Afghans et autres) dans le camp d'Idomeni. En attendant de traverser la frontière gréco-macédonienne : des queues pour manger, pour boire du thé, pour consulter un médecin.
Un jour, l'Europe décide de fermer ses frontières une bonne fois pour toutes.
Les "habitants" d'Idomeni, décident, à leur tour, de bloquer les rails des trains qui traversent la frontière...
Le film entier, parfois un peu trop distant, au montage lent, rythmique et savant, est une réponse esthétique à l’immobilisme carcéral européen – et en plans fixes ! Cahiers du Cinéma
Le film est tout d’abord désarmant. On craint le geste artiste. Aucun dialogue, aucun commentaire, aucune intrigue, aucun enjeu manifeste. (...) Et puis lentement, cela se décante. Dans l’esprit du spectateur d’abord, qui perçoit la nature participative de ces plans, qui est à son tour saisi par l’ineptie cruelle de l’attente, par l’indifférence suprême de l’environnement, par l’entêtante confusion dans laquelle ces êtres déjà brisés sont abandonnés. Le Monde
Ce dispositif en plans fixes finit par questionner notre indifférence face à ces anonymes jetés sur les chemins. Une expérience que Niki Giannari, la poétesse grecque coréalisatrice, accompagne d’un livre au titre éloquent : Passer, quoi qu’il en coûte. Télérama
L'avis de Tënk : Des corps encapuchonnés traversent le cadre, ployants sous les bagages. Le plan dure. Un mouvement inverse dérègle alors cette procession, surprend, crée une confusion. La caméra se pose ensuite dans d'immenses queues. Disparates, disloquées par des cheminements que l'on devine effarants, les chaussures piétinent dans la boue. Le spectateur, installé dans une attente absurde, en ressent bientôt la cruauté avant que la révolte éclate.
Puis la caméra va de tente en tente, à la rencontre de ces hommes et de ces femmes, et de tant d'enfants. Aux couleurs ternes succède la douceur du noir et blanc de la pellicule, à travers laquelle tous nous regardent, souriants, pleins d'une salutaire détermination. Dans ce basculement, une voix interroge notre aveuglement présent et notre amnésie envers d'autres déplacements au sein de l'Europe.
Pascal Privet
Programmateur indépendant, réalisateur
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