Pierre Loti

Pierre Loti

Pierre Loti
Pierre Loti le jour de sa réception à l'Académie, le .
Fonction
Fauteuil 13 de l'Académie française
-
Octave Feuillet
Albert Besnard
Biographie
Naissance
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RochefortVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 73 ans)
HendayeVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Maison des aïeules de Pierre LotiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Louis-Marie-Julien Viaud
Pseudonyme
Pierre LotiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Lycée Henri-IV
École navaleVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Officier de la Marine française, écrivain
Période d'activité
-Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Théodore Viaud (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Marie Bon
Gustave ViaudVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Okané-San (d)
Blanche Franc de Ferrière (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Samuel Viaud (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Le FigaroVoir et modifier les données sur Wikidata
Propriétaire de
Maison de Pierre Loti, maison des aïeules de Pierre Loti, villa Bakhar EtcheaVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Académie française (-)
Société philologique hellénique de Constantinople (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Grade militaire
Capitaine de vaisseauVoir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Première Guerre mondialeVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Liste détaillée
Prix Vitet ()
Commandeur de l'ordre de François-Joseph
Grand-croix de la Légion d'honneur‎
Ordre du Mérite navalVoir et modifier les données sur Wikidata
signature de Pierre Loti
Signature
Wikipedia
Pierre Loti
330px-Pierre_Loti_en_acad%C3%A9micien.jpg
Pierre Loti le jour de sa réception à l'Académie, le 7 avril 1892.
Fonction
Fauteuil 13 de l'Académie française
21 mai 1891 - 10 juin 1923
Octave Feuillet
Albert Besnard
Biographie
Naissance
14 janvier 1850Voir et modifier les données sur Wikidata
RochefortVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
10 juin 1923Voir et modifier les données sur Wikidata (à 73 ans)
HendayeVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Maison des aïeules de Pierre LotiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Louis-Marie-Julien Viaud
Pseudonyme
Pierre LotiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Lycée Henri-IV
École navaleVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Officier de la Marine française, écrivain
Période d'activité
1875-1923Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Théodore Viaud (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Marie Bon
Gustave ViaudVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Okané-San (d)
Blanche Franc de Ferrière (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Samuel Viaud (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Le FigaroVoir et modifier les données sur Wikidata
Propriétaire de
Maison de Pierre Loti, maison des aïeules de Pierre Loti, villa Bakhar EtcheaVoir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Académie française (1891-1923)
Société philologique hellénique de Constantinople (d) (1903)Voir et modifier les données sur Wikidata
Grade militaire
Capitaine de vaisseauVoir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Première Guerre mondialeVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Liste détaillée
Prix Vitet (1886)
Commandeur de l'ordre de François-Joseph
Grand-croix de la Légion d'honneur‎
Ordre du Mérite navalVoir et modifier les données sur Wikidata
signature de Pierre Loti
Signature

Louis-Marie-Julien Viaud dit Pierre Loti, né le 14 janvier 1850 à Rochefort et mort le 10 juin 1923 à Hendaye, est un écrivain, officier de marine et académicien français.

Pierre Loti, dont une grande partie de l'œuvre est d'inspiration autobiographique, s'est nourri de ses voyages pour écrire ses romans, par exemple à Tahiti pour Le Mariage de Loti (Rarahu) (1882), au Sénégal pour Le Roman d'un spahi (1881) ou au Japon pour Madame Chrysanthème (1887). Il a gardé toute sa vie une attirance très forte pour la Turquie, où le fascinait la place de la sensualité : il l'illustre notamment dans Aziyadé (1879), et sa suite Fantôme d'Orient (1892).

Pierre Loti a également exploité l'exotisme régional dans certaines de ses œuvres les plus connues, comme celui de la Bretagne dans le roman Mon frère Yves (1883) ou Pêcheur d'Islande (1886), et du Pays basque dans Ramuntcho (1897).

Membre de l'Académie française à partir de 1891, il meurt en 1923, a droit à des funérailles nationales et est enterré à Saint-Pierre-d'Oléron, sur l'île d'Oléron, dans le jardin d'une maison ayant appartenu à sa famille. Sa maison à Rochefort est devenue un musée. Pierre Loti a été sélectionné quatre fois pour le prix Nobel de littérature, en 1910, 1911, 1912 et 1913[1].

Biographie

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Enfance et instruction

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250px-Pierre_Loti_La_famille_de_Julien_Viaud.jpgLa famille de Julien Viaud (photographie, 1855). 250px-Julien_Viaud_%28Pierre_Loti%29_%C3%A0_17_ans.jpgPierre Loti à 17 ans, étudiant à Paris.

Né le 14 janvier 1850, Julien Viaud est le troisième enfant de Théodore Viaud, homme de lettres, secrétaire en chef et receveur municipal de la mairie de Rochefort, et de Nadine Texier. Sa famille paternelle est catholique, originaire de Lavau-sur-Loire, tandis que sa famille maternelle protestante est ancrée dans l'Ile d'Oléron[réf. nécessaire].

Sa sœur aînée, Marie Viaud, peintre, a dix-neuf ans de plus que lui, son frère Gustave, quatorze. Ses parents le gardent à la maison jusqu'à l'âge de douze ans et assurent son instruction. Sa sœur ainée lui transmettra notamment l'art du dessin et l'apprentissage du journal intime[2]. Ils garderont toute leur vie un lien fort et une correspondance importante, conservée à la Bibliothèque de Rochefort[3].

En 1862, il entre au collège de Rochefort[a], où il fait toutes ses études secondaires.

De 1862 à 1864, il passe une partie des vacances d'été chez un cousin, dans le Lot, où il découvre, dans le château de Castelnau-Bretenoux, les traces du passé. C'est de Bretenoux, pendant l'été 1863, qu'il écrit à son frère Gustave, médecin de marine, sa détermination de devenir officier de marine[4].

Il évoque ses souvenirs dans Le Roman d'un enfant, Prime jeunesse et Journal intime.

Il quitte Rochefort pour aller habiter une maison de Saint-Porchaire (Charente-Maritime) occupée par sa sœur Marie Bon, dessinatrice et peintre de talent, qui le guide dans ses apprentissages[5]. Elle est l'épouse du percepteur de la commune, dont le nom déplaît à Pierre Loti, qui le renommera Fontbruant dans ses ouvrages.

Tout près de là est situé le domaine de La Roche-Courbon, son « château de La Belle au Bois Dormant » — titre d'un de ses livres — alors inhabité, qu'il découvre avec émerveillement, ainsi que sa forêt et ses célèbres grottes, où il aurait découvert le plaisir charnel dans les bras d'une jeune bohémienne.

Le 10 mars 1865, son frère Gustave Viaud, meurt à bord d'un bateau au large de Ceylan. Son corps est ensuite immergé à l'endroit connu des marins sous le nom de Viaud Ridge, une chaîne de montagne sous-marine.

Alors que ses parents destinaient Julien à faire Polytechnique, ils sont ruinés à la suite d'un procès perdu et ils se rabattent sur l'École navale. Julien doit aller à Paris en octobre 1866 pour entrer en classe préparatoire au lycée Napoléon (futur lycée Henri-IV) afin de préparer son concours[6]. En septembre 1867, il figure sur la liste des candidats reçus à l'École navale, publiée par le Moniteur.

Carrière militaire et littéraire

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250px-Pierre_Loti_%28Abot%29.jpgPortrait gravé par Eugène Abot. 250px-Henri_Rousseau_-_Portrait_de_Monsieur_X.jpgPortrait de Pierre Loti par Henri Rousseau (1891 Kunsthaus, Zurich).

En octobre 1867, il entre à l'École navale et passe cette première année à bord du ponton-école Borda. À la fin de l'année 1869, à bord du bateau-école à hélice Jean-Bart, il découvre Alger puis l'Amérique du Sud. En 1870, son père meurt. La même année, il participe à la guerre contre l'Allemagne, embarqué comme aspirant de première classe sur la corvette à hélice Decrès. Il embarque ensuite sur l'aviso à hélice Vaudreuil, qui fait escale à Dakar (du 8 au 14 juin 1871), avant d'entamer une campagne en Amérique du Sud. C'est à Dakar que Pierre Loti « saisit ses crayons (comme plus tard il saisira sa plume) pour jeter sur son bloc de quoi se souvenir »[7].

À la fin de l'année 1871, il embarque à Valparaiso sur le navire amiral, la frégate mixte Flore[b] qui fait route vers Tahiti. L'ordre de mission est le suivant : « Rendez-vous à l'île de Pâques, rectifiez-en l'hydrographie incertaine, et rapportez une des statues préhistoriques qu'on dit s'y trouver[8] ».

Il découvre l'île de Pâques, où La Flore fait escale. Au cours de ce séjour il produit un grand nombre de dessins, paysages et portraits ornés de tatouages[9]. Certains de ces dessins sont publiés dans L'Illustration[10], en août 1872, accompagnant un article L'île de Pâques, journal d'un sous-officier de l'État Major de La Flore, signé Julien Viaud, aspirant de 1re classe.

Il arrive à Tahiti le 29 janvier après un court passage à Nuka Hiva dans les Marquises. La vieille reine Pomaré lui donne le surnom de Loti, du nom d'une fleur tropicale (29 janvier 1872). Tenu à une obligation de réserve du fait de sa qualité d'officier de marine, il n'en fait son nom de plume qu'à partir de 1876. Pendant son séjour, il écrit Le Mariage de Loti. Cet ouvrage constitue le livret de l'opéra de jeunesse de Reynaldo Hahn (1874/1947) sous le titre de L'Île du rêve, créé en 1898 à l'Opéra-Comique à Paris[11].

À la fin de l'année 1872, il rentre en France avec la Flore avec le grade d'enseigne de vaisseau de deuxième classe[c].

En juillet 1873, il embarque sur l'aviso à roues Pétrel sur les côtes de l'Afrique occidentale française. Au début de l'année 1874 il est « mis pour emploi » sur l'aviso à roue l′Espadon[d] et rentre en France à son bord en août 1874.

À sa demande, il passe six mois à l'École normale militaire de gymnastique de Joinville (dernier trimestre 1874, premier trimestre 1875). Au printemps 1875, il est affecté sur la frégate cuirassée Couronne.

250px-P%C3%AAcheur_d%27Islande.jpgDessin publié à la une du journal L'Illustration du 25 février 1893 à l'occasion de la reprise de la pièce de théâtre de Pierre Loti Pêcheur d'Islande.

En 1877, lors d'une escale en Turquie, il rencontre Hatice (lire Hatidjé)[12], belle et taciturne odalisque aux yeux verts, avec qui il vivra une très grande histoire d'amour. Hatice était une jeune Circassienne qui appartenait au harem d'un dignitaire turc. Avant le départ de Loti, Hatice confectionna une bague en utilisant ses propres bijoux et l'offrit à son amant. Sur la base de son journal, en 1879, il écrit Aziyadé, où il transforme certains détails, le livre se terminant par la mort des deux amants.

Plus tard, lorsque Pierre Loti revint à Constantinople, il se lança à la recherche de sa bien-aimée, et découvrit qu'elle serait morte à la suite de son chagrin et de l'ostracisme occasionné par son adultère. En 1892, il écrit Fantôme d'Orient, extrait du journal de ce retour qu'il lui dédiera.

En 1881, il est promu lieutenant de vaisseau et publie son premier roman signé « Pierre Loti », Le Roman d’un spahi.

Du 1er avril 1880 au 25 février 1881, il embarque sur le Friedland en mer Adriatique, et y écrit Pasquala Ivanovitch et autres pages monténégrines, roman autobiographique.

En 1883 paraît le roman Mon frère Yves dans lequel il décrit notamment sa vie à Rosporden où il séjourne à plusieurs reprises chez un ami, Pierre Le Cor. Il participe à la campagne du Tonkin à bord de la corvette cuirassée Atalante, partie de Brest le 2 juin[13]. Il publie le récit, heure par heure, de la prise de Hué dans Trois Journées de guerre en Annam, texte qui paraît dans les colonnes du Figaro. Loti est alors mis en disponibilité par le gouvernement de Jules Ferry qui lui reproche de dénoncer la férocité et la cruauté dont font preuve les soldats français. Le 28 avril, Julien Viaud prend passage sur le paquebot Château-Yquem à destination des îles Pescadores, qu'il quittera le 5 juillet.

Il embarque en 1885 à bord de la corvette cuirassée Triomphante dans l'escadre de l'amiral Courbet. Le 7 décembre 1885, la Triomphante regagne la France pour y être désarmée dans le port de Toulon. Pierre Loti assiste à la fin de la campagne de Chine puis séjourne au Japon, ce qui lui fournit la matière pour écrire Madame Chrysanthème.

En 1886, Pierre Loti publie son deuxième grand succès, Pêcheur d'Islande.

Deux fois, entre 1892 et 1898, avec une coupure de trois ans de service à terre à la Préfecture maritime de Rochefort, le lieutenant de vaisseau Viaud commande la canonnière Javelot, stationnaire de la Bidassoa à Hendaye, où il achète une propriété. Il s'attache profondément au Pays basque qui lui inspire son roman Ramuntcho.

En avril 1898, il est capitaine de corvette et fait l'objet, avec une vingtaine d'autres officiers supérieurs dont Savorgnan de Brazza, d'un « dégagement des cadres » et se trouve mis d'office à la retraite avec le grade de capitaine de frégate de réserve. Il dépose un recours au Conseil d'état qui lui donne raison et la décision ministérielle est annulée.

Après une mission aux Indes et en Perse pour le compte du ministère des affaires étrangères, il embarque sur Le Redoutable, à bord duquel il participe à la guerre des Boxers en Chine. Il fait un nouveau séjour au Japon puis en Indochine, où il visite les ruines d'Angkor.

250px-Personnalit%C3%A9_Pierre_LOTI_copie.jpgPierre Loti, capitaine de vaisseau.

De 1903 à 1905, il commande le croiseur-torpilleur (anciennement aviso-torpilleur) Vautour, bâtiment stationnaire à Constantinople. Il a sous ses ordres l'enseigne de vaisseau Claude Farrère. Il écrit en 1906 le roman sur les harems turcs, Les Désenchantées. Ce roman se fonde, comme souvent dans l'œuvre de Loti, sur une rencontre réelle faite par l'auteur – cette fois avec trois jeunes femmes turques. Mais une de ces femmes était en réalité une journaliste et féministe française. Cette supercherie a été révélée après la mort de Loti[14].

Le 26 août 1906, il est promu capitaine de vaisseau et effectue encore une mission en Égypte.

En novembre 1909, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite le 14 janvier suivant[15], il réunit en effet 40 ans de services dont 20 à la mer[16].

Il a 64 ans en 1914 quand commence le premier conflit mondial avec l'Allemagne. Il veut reprendre du service, mais la marine nationale refuse de le réintégrer. Il s'engage dans l'armée de terre avec le grade de colonel. Il est successivement affecté à l'état-major du gouverneur général de Paris, le général Gallieni, puis aux états majors du groupe des armées du Centre et du groupe des armées de l'Est. Il est envoyé en mission de conseiller auprès du quartier général de l'armée italienne, en lutte contre l'Empire austro-hongrois allié des Allemands. Le 31 mai 1918, il est démobilisé pour raison de santé.

Mariages et vie amoureuse

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250px-Pierre_Le_Cor%2C_Pierre_Loti_et_Okan%C3%A9-San.jpgPierre Loti (à droite) et son « frère Yves » avec Madame Chrysanthème. Collection Maison de Pierre Loti, Rochefort.

Le 9 juillet 1885, dès son arrivée à Nagasaki, Loti épouse par contrat d'un mois renouvelable une jeune Japonaise de 18 ans, Okané-San[17] baptisée Kikou-San (Madame Chrysanthème). Le 12 août, âgé de 35 ans, il quitte Nagasaki. Ce mariage auquel les parents ont donné leur consentement a été arrangé par un agent et enregistré par la police locale. Il ne dure que le temps du séjour et la jeune fille peut par la suite se marier avec un Japonais. Cette pratique est alors courante au Japon, telle une expérience pittoresque immanquable pour les visiteurs, sans prise en compte du vécu des femmes impliquées. Dans son roman fortement autobiographique, le personnage choisit sa femme avec la peau particulièrement « jaune », et la décrit régulièrement comme un objet exotique : « Elle est très décorative », « je l'ai prise pour me distraire », c'est une « poupée d'étagère et rien de plus »[18].

Le 21 octobre 1886, il épouse Jeanne-Amélie-Blanche Franc de Ferrière (1859-1940), d'une famille de notables bordelais : « Elle se tenait dans un clair salon Louis XVI, charmante en ses robes harmonieuses, sa douce dignité » (Jacques Chardonne).

En 1887, elle met au monde un enfant mort-né, fait une forte poussée de fièvre qui la laisse à moitié sourde, puis, le 17 mars 1889, elle donne à Loti son seul fils légitime, Samuel Loti-Viaud dit Sam Viaud, qui, se promenant à cinq ans avec sa bonne au jardin public de Rochefort, répondit à une dame : « Je m'appelle Samuel Viaud et un peu Loti[19]… »

« Au retour de ses voyages, Pierre Loti rentrait dans la maison de Rochefort où l'attendaient des êtres ardents et silencieux, des femmes actives qui s'obstinaient à retenir le passé » (Chardonne).

La gloire

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250px-Julien_Viaud_Vanity_Fair_6_June_1895.jpgPierre Loti caricaturé par Jean-Baptiste Guth pour Vanity Fair (1895).

Le 21 mai 1891, à 41 ans, il est élu à l'Académie française au fauteuil 13, au sixième tour de scrutin par 18 voix sur 35 votants contre Émile Zola en remplacement d'Octave Feuillet[20].

Candidat retenu par son service, il fut dispensé des traditionnelles visites à ses futurs pairs et fut reçu le 7 avril 1892 par Alfred Mézières.

« La société de Rochefort était extrêmement fière de posséder en ses murs Pierre Loti. Il était, depuis peu, de l'Académie française, malgré certaines réticences de la docte assemblée. Les jeunes filles étaient folles de ses romans et portaient, à leur cou, dans un médaillon en forme de cœur, (son) nom gravé […]. Les dames qui fréquentaient Mme Viaud faisaient fi des rumeurs malveillantes. Elles avaient permis à leurs filles de lire Pêcheur d'Islande qui les avaient mises en larmes, mais faisaient des réserves pour certains romans tels Mon Frère Yves et Matelot qui, disaient-elles, n'étaient pas pour les jeunes filles. Celles-ci le lisaient en cachette et cherchaient en vain ce qui leur valait un tel ostracisme. Elles ne voyaient là que l'amour du prochain aux personnes d'un niveau social inférieur […]. C'est d'ailleurs pour cette raison hypocrite que Loti fut admis par les académiciens. » (Journal de l'abbé Mugnier[21].)

A la date du 6 avril 1892 dans son Journal, l'abbé Mugnier note : " Pierre Loti reçu à l'Académie française. Son discours a été un "je" perpétuel. Mais que ce talent me sourit ! Je n'adore que la gloire littéraire et tout le reste pour moi n'est rien[22]."

Une « seconde famille » au Pays basque

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250px-Ramuntcho_contrebandier_gravure_de_J._B._Vettiner_1871_1935.jpgRamuntcho contrebandier, gravure de J. B. Vettiner.

En 1894, il rencontre à Hendaye Juana Josefa Cruz Gainza (1867-1949) dite « Crucita », jeune femme d'origine basque qui devient sa maîtresse[23].

Il loue alors à Hendaye la villa Bakhar Etxea, dite « la maison solitaire », que Crucita n'habite jamais car dès la conclusion de son « contrat » avec Loti, il l'emmène à Rochefort et l'installe dans une maison des faubourgs de la ville.

Elle lui donne quatre fils non reconnus :

  • Raymond, né dans la nuit du 29 au 30 juin 1895 et mort en 1926, dit « Ramuntcho », qui épouse le 3 janvier 1921 Denise-Marie-Zélia Boulleau (1902-1926) ; on peut voir en ce fils l'inspiration pour le roman du même nom Ramuntcho.
  • Alphonse-Lucien (13 décembre 1897-1er décembre 1975), dit Edmond ou Édouard, qui épouse le 1er juin 1924 Jeanne Georgette Barets, avec qui il a deux filles.
  • Charles-Fernand (20 janvier 1900-15 février 1901), dit « Léo »
  • André (30 novembre 1920) mort-né ; Loti a alors 70 ans.

La même année, il effectue un voyage en Terre sainte, voyage qu’il relate dès 1894-1895 dans une trilogie formée des textes suivants : « Le désert », « Jérusalem » et « La Galilée »[24].

En 1896, sa mère, Nadine Texier-Viaud, meurt. En avril 1899 Pierre Loti achète, « autant pour les souvenirs d'enfance que pour toute la symbolique qui s'attache au passé protestant de la famille et aux persécutions religieuses vécues par certains membres de celle-ci au XVIIe siècle »[25], la vieille maison familiale qu'il baptisa « la maison des Aïeules » – ses tantes – dans l'île d'Oléron, et dans le jardin de laquelle il se fait inhumer 25 ans plus tard, dans la simplicité traditionnelle des obsèques protestantes. Ce logis bourgeois de 1739 devient alors un lieu littéraire puisque ce fut le décor de sa pièce Judith Renaudin, jouée en 1899 au théâtre Antoine à Paris, et il le cite souvent dans ses ouvrages.

« En ce temps-là dans la paix bourgeoise du vieux logis […], j'avais par avance l'indestructible intuition de ce que me réservait la vie : héros de roman dont le nom ferait rêver les femmes de tous les pays » (Journal).

Fin de vie

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250px-Maison_loti.jpgMaison de Pierre Loti à Hendaye, (rue des Pêcheurs).

Entre 1900 et 1902, il est mis en retraite puis réintégré dans la Marine (après s'être pourvu en Conseil d'État) pour laquelle il séjourne en Asie, ce qui va lui permettre d'écrire Les Derniers Jours de Pékin (1902) après avoir participé en tant qu'officier de marine à la répression sanglante par les forces alliées de la révolte des Boxers et L’Inde sans les Anglais (1903). À partir de cette même année, il séjourne vingt mois à nouveau à Constantinople chargée d'Orient, « la ville unique au monde »[e], pour préparer Vers Ispahan (1904).

En 1910, il séjourne à Constantinople et appuie la candidature à l'Académie française de l'historien moderniste Louis Duchesne élu au fauteuil 36. En 1913, de retour à Constantinople, il lutte contre le démantèlement de l’Empire ottoman voulu par les puissances occidentales et publie La Turquie agonisante.

Il collabore à La Bonne Chanson, Revue du foyer, littéraire et musicale, dirigée par Théodore Botrel.

On cite cette anecdote : devant écrire à Victorien Sardou (qu'il n'aimait pas), il adressa la lettre à « Victorien Sardi, Marlou-le-Roi ». Comme il avait fait suivre sa signature de la mention de son grade, il reçut en réponse une carte libellée de ces mots : « à Monsieur Pierre Loto, capitaine de vessie »[26].

« Ami du patrimoine »

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250px-Pierre_Loti_Dornac1.jpegPierre Loti chez lui dans la salle turque par Dornac.

Vers 1905, il alerte le secrétaire d'État aux Beaux-Arts et l'opinion publique, par un célèbre article du Figaro du 21 octobre 1908, sur la vente prochaine pour indivision du domaine de La Roche-Courbon, auquel le lient des souvenirs de jeunesse, et sur la probable disparition de la très ancienne forêt qui l'entoure, dont on veut tirer du charbon de bois…

Il est entendu seulement en 1920, trois ans avant sa mort, par l'industriel rochefortais Paul Chènereau (1869-1967), qui acquiert ce domaine en société avec l'aide financière de son père et son frère, en entreprend la restauration, le remeuble de pièces anciennes, et confie au paysagiste Paul Duprat, disciple du célèbre Henri Duchêne, la création de nouveaux jardins « à la française » inspirés d'un tableau de Jan Hackaert retrouvé dans le grenier d'un logis des environs ; le domaine, resté aux mains de ses descendants, est devenu un des principaux sites touristiques de la région.

Mort et testament

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Atteint d'hémiplégie en 1921, il meurt à 73 ans, le 10 juin 1923 à Hendaye. Après des funérailles nationales, il est enterré dans le jardin de la « maison des Aïeules » à Saint-Pierre-d'Oléron. Cette vieille maison insulaire, à la demande de ses descendants qui y conservent une partie des collections familiales, peintures et objets, a fait l'objet d'une mesure de protection au titre des Monuments historiques sur avis favorable de la commission régionale du Patrimoine et des Sites du 3 octobre 2006.

250px-Pierre_Loti_Dornac2.jpegPierre Loti chez lui dans la pagode par Dornac.

Des fragments (1867-1878) de son Journal, préparés de son vivant, furent publiés après sa mort, en 1923, en collaboration avec son fils Samuel sous le titre Un jeune officier pauvre par Calmann-Lévy, qui édita, en 1925 et 1929, deux autres tomes (1878-1881 et 1882-1885) du Journal intime également élaborés par son fils.

Loti prit ses dispositions pour que cette partie essentielle de lui-même soit préservée des mauvaises curiosités : « Léo te fera voir où se tient le journal de ma vie. En cas d'aventure, je te le confie, mais emporte-le au plus vite de la maison. » (Lettre à sa nièce Ninette, mars 1889)

« j'ai écrit dans mon testament que je désirais qu'il ne fût ouvert qu'une trentaine d'années après ma mort, c'est-à-dire que tu devras le toucher sans y jeter les yeux. […] Tout le journal intime de ma vie pour lequel j'ai donné des instructions spéciales à Samuel et à mes amis M. et Mme Louis Barthou. » (Lettre à son épouse, vers 1906.)

Des éléments en furent perdus, prêtés sans retour, ou donnés ; Loti revoit son Journal en 1919, supprimant ou rendant illisibles certains passages, comme après lui son fils ou sa belle-fille[27].

Il fut un temps vice-roi de l'île des Faisans[28]. Un monument à sa mémoire, réalisé par le statuaire Philippe Besnard, a été érigé à Papeete.

Descendance légitime

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Samuel Loti-Viaud épouse Elsie Charlier (morte en 1980), ils ont deux enfants :

  • Pierre Pierre-Loti Viaud, né le 30 juin 1921, mort en novembre 1993 ; il épouse le 14 août 1947 Christiane Petitat avec qui il a trois enfants :
    • Clarisse Pierre-Loti Viaud, née le 31 juillet 1948, médecin ;
    • Philippe Pierre-Loti Viaud, né le 11 novembre 1954 et mort en mai 2013[29];
    • Jean-Charles Pierre-Loti Viaud, né le 3 avril 1958 (décédé).
  • Jacques Pierre-Loti Viaud, né le 21 juillet 1926, mort en novembre 2015, peintre sous le pseudonyme de « Jacques-Loti ». En 1952, il épouse Monique Thomas, avec qui il a cinq enfants :
    • Pierre-Yves Pierre-Loti Viaud, né en 1954, épouse le 11 juillet 1981 Anne-Marie Tillies ;
    • Blanche Pierre-Loti Viaud, née en 1956, épouse le 28 février 1981 Serge Dumas ;
    • Daniel Pierre-Loti Viaud, né le 3 mars 1957 ;
    • Alain Pierre-Loti Viaud, né le 30 juillet 1958 ;
    • Muriel Pierre-Loti Viaud, née en 1962;
  • Jacques se remarie ensuite avec Jocelyne avec laquelle il a une fille : Amandine Pierre-Loti Viaud, née le 27 novembre 1978.

Une photographie par Loti de son fils âgé de dix ans assis sur les genoux d'un serviteur à Hendaye en 1899 (coll. du Musée municipal-Maison de Pierre Loti à Rochefort) a été publiée dans Photo - Spécial Amateurs célèbres, no 152 - mai 1980.

Aux origines des Viaud

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Jean Viaud, l'arrière-grand-père de Pierre Loti, est né le 16 novembre 1740 à la Durandais à Lavau. Il est né posthume de Pierre Viaud, décédé le 25 septembre à la Durandais et de Perrine Ménard née à Bouvron le 6 décembre 1694 et décédée à Lavau le 1er octobre 1756. Jean Viaud quitte Lavau, petit port sur l'estuaire de la Loire, pour Rochefort. Il est charpentier lorsqu'il se marie le 21 janvier 1772 en la paroisse Notre-Dame hors les murs de Rochefort avec Marie Anne Pesnot ca 1734-1785[30].

Perrine Ménard est la fille de Cosme Ménard, originaire de Lavau et de Marie Davy 1664-1715, issue d'une vieille famille de Bouvron qui a donné son nom au toponyme l'Hostel Davy. Ce toponyme désigne le secteur sud-ouest du village des Aulnais.

Distinctions

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  • Grand-croix de la Légion d'honneur Grand-croix de la Légion d'honneur par décret du 29 décembre 1921[31]
    • Grand officier de la Légion d'honneur Grand officier de la Légion d'honneur par décret du 16 janvier 1914[16]
    • Commandeur de la Légion d'honneur Commandeur de la Légion d'honneur par décret du 1er aout 1910
    • Officier de la Légion d'honneur Officier de la Légion d'honneur par décret du 16 avril 1898
    • Chevalier de la Légion d'honneur Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 1er juillet 1887
  • 60px-Ord.Franz.Joseph-COM.png Commandeur de l'ordre de François-Joseph (Autriche-Hongrie)

Témoignages de contemporains

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  • Vers 1890, à une réception des Boutelleau à Barbezieux (Charente) :
« Un jour il m'a amené à la gare chercher Pierre Loti qui venait pour un bal ; nous l'avons aperçu dans son compartiment de troisième classe, causant avec ses voisins, car il aimait le peuple. Le soir, il ne parla à personne, et se tint debout sous un palmier du salon, gonflant sa poitrine couverte de médailles. Le lendemain matin, il disparut à l'aube, et on trouva son lit parsemé de violettes. »

— Jacques Chardonne, L'Amour du prochain[32]

  • À la date du 1er avril 1892 :
« Lorrain m'apporte un journal illustré où Pierre Loti, “le nouvel académicien”, est représenté “dans son habitation de Rochefort” en Algérien de mardi gras, dans un intérieur alhambresque, ressemblant à l'ancienne salle à manger du restaurant Peters. Quelle cervelle de chienlit a cet écrivain de talent ! »

— - Edmond de Goncourt, Journal[33]

  • Vu en janvier 1894 par une admiratrice charentaise de 22 ans :
« vendredi dernier, j'eus l'heur de voir Pierre Loti pour la première fois ! La rencontre s'est opérée chez lui-même et je connais enfin ce maigre grand homme qui, à son grand désespoir, est toujours un homme fort petit malgré ses hauts talons (…). Ce qui m'a paru le plus curieux toutefois ce n'est pas l'académicien en habit noir (hélas il est tout simplement comme un autre !) mais sa maison est réellement originale […]. Les jeunes filles, pendant la soirée, se tiennent sur une galerie qui donne dans la pièce (la salle Moyen Âge) et d'où l'on voit et entend la voix de Pierre Loti qui n'est ni très forte ni très jolie mais qui n'est pas désagréable […]. Il a acheté la maison de la rue Thiers qui communique avec la sienne et y a installé tout un appartement saintongeais. Il a inauguré cet appartement par une fête très jolie, saintongeaise bien entendu (…). Ce soir ce sera la dernière (réunion) car l'académicien part dans quelques jours pour l'Orient : Égypte, Palestine, Turquie. Espérons qu'il rapportera encore un joli ouvrage. »

— Suzanne Gorron, Lettre du 19 janvier 1894[34]

  • Fin décembre 1911, dans une lettre, Marcel Proust rapporte à Reynaldo Hahn un propos d'Edmond de Goncourt, lors d'un dîner donné par Léon Daudet en présence de Pierre Loti : "Hier chez Daudet, vient Loti l'auteur du charmant Mariage de Loti, un marin timide et qui à une question que Daudet lui jette s'il a déjà eu des marins dans sa famille répond d'une voix douce et comme une chose toute naturelle : "Oui mon grand-père qui a été mangé sur le Radeau de la Méduse[35]."
  • En juillet 1913, déjeunant chez la princesse Alice de Monaco dans son château du Haut-Buisson (Sarthe) :
« Loti avait la figure fardée de rose et portait pour se grandir des talons échasses. Dans son étrange visage luisaient des yeux admirables couleur d'aigue-marine, d'une profondeur mystérieuse voilée d'inquiétude. Ce regard lointain, comme perdu dans un rêve, était troublant. Il parlait peu, mais quand il narrait, il le faisait avec la poésie colorée, inimitable qui rappelait ses livres prestigieux dont le charme appartient à l'éternité. »

— Gabriel-Louis Pringué, 30 ans de dîners en ville[36]

  • Vers 1920, il se rend en audience chez Georges Clemenceau, qui avait refusé de le revoir alors que l'écrivain était au zénith de sa gloire ; mais pendant la guerre de 1914-1918, Loti « avait empoigné le tambour et l'olifant, sonné la charge, magnifié les poilus, et encensé Clemenceau auquel il écrivait des lettres-fleuve ». Le « Père-La-Victoire » voulut bien le recevoir dans sa villégiature estivale de Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée). Loti était venu demander la Légion d'honneur pour un grand-oncle de 94 ans, ancien cavalier blessé à Reichshoffen. « Le Tigre » qui, selon son expression, n'aimait pas les tatas, le traita avec son ironie mordante coutumière… Son valet de chambre, Albert Boulin, a décrit ainsi l'illustre visiteur :
« Un petit homme noir et blanc en pelisse et casquette d'automobiliste […] ôta son dolman et découvrit une vareuse très collante constellée de décorations […] J'imaginais un marin de haut bord et non ce petit homme fardé, poudré, frisé, les lèvres peintes et les oreilles trouées d'anneaux d'or, au parfum violent de Patchouli, benjoin et poudre de riz. Les paupières étaient passées au khôl […] ce vieux monsieur déguisé en cocotte […] au sourire ambigu. En dépit de son déguisement, il émanait de lui, à part le vétiver, un charme indéfinissable. »

— Gilbert Prouteau, Le Dernier Défi de Georges Clemenceau[37]

  • Chardonne, autre écrivain charentais qui participa le 3 mai 1966 à une émission sur Loti, eut sur lui ce mot qui peut résumer son existence : « Il n'était à l'aise ni dans la vie, ni dans la gloire. »

Analyse

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Chacun de ses romans correspond à un pays différent. C'est une étude sur chaque pays. Il s'immerge dans la culture où il voyage. Il a une vision de l'altérité qui n'est pas intellectuelle mais sensible (sensations éprouvées). Selon lui, il n'y a plus rien à faire chez nous ; c'est ainsi qu'il part à l'étranger pour trouver de quoi s'exalter (vision nihiliste du monde).

Sa plus grande fascination allait à l'Empire ottoman, où la tolérance se confond avec la sensualité. Pour Pierre Loti, les femmes sont le passage obligé pour connaître l'autre civilisation : il recherche l'exotisme à travers les femmes. Il est en quête d'une certaine pureté dans le contact avec les femmes étrangères (mythe d'une pureté primitive qui doit régénérer le monde occidental). L'exotisme de Loti n'est pas un dialogue avec l'autre : il se fond plutôt avec l'autre.

Loti et l'homosexualité

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Analysant son Journal intime[38], Nicolas Bauche souligne « un désir de cacher ses amitiés masculines avec Joseph Bernard et Pierre Le Cor, au profit de pages versant dans une hétérosexualité franche »[39].

Loti et ses parti-pris

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Comme beaucoup de ses contemporains élevés dans la détestation des « levantins », Loti était turcophile, hellénophobe, arménophobe, antisémite et russophobe[réf. nécessaire]. En 1894, il publie Jérusalem, à la suite d'un voyage en Palestine ottomane. Il y évoque « des vieillards à l'expression basse, rusée, ignoble » qui vivent « dans ce cœur de la juiverie » et des habitants marqués par l'« indélébile stigmate d'avoir crucifié Jésus »[40][source secondaire nécessaire]. « Ces propos antisémites très sulfureux […] sont, hélas !, d’époque… »[41]. En 1918, il publie Les Massacres d'Arménie, un plaidoyer déchargeant des Turcs de la responsabilité des génocides arménien et grec pontique, qui mobilise la Saint-Barthélemy, l'animosité russe, les guerres balkaniques et l'amitié sans faille de la Turquie avec la France.

Œuvres

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  • 1879 : Aziyadé, publié sans nom d'auteur [lire sur Wikisource]
  • 1880 : Le Mariage de Loti [lire sur Wikisource]
    Roman autobiographique écrit en 1872 et publié anonymement en 1880 sous le titre Rarahu.
  • 1881 : Le Roman d'un spahi [lire sur Wikisource]
    Premier roman signé Pierre Loti.
  • 1882 : Le Mariage de Loti
    Nouveau titre du roman de 1880, Rarahu.
  • 1882 : Fleurs d'ennui [lire sur Wikisource]
    Recueil de nouvelles (Pasquala Ivanovitch, Suleïma, Voyage au Monténégro).
  • 1883 :
    • Trois journées de guerre en Annam [lire sur Wikisource]
    • Mon frère Yves [lire sur Wikisource]
  • 1884 : Les Trois Dames de la Kasbah [lire sur Wikisource]
  • 1886 : Pêcheur d'Islande [lire sur Wikisource]
  • 1887 :
    • Madame Chrysanthème [lire sur Wikisource]
    • Propos d'exil [lire sur Wikisource]
  • 1889 :
    • Japoneries d'automne [lire sur Wikisource]
    • Au Maroc [lire sur Wikisource]
  • 1890 : Le Roman d'un enfant [lire sur Wikisource]
  • 1891 :
    • Le Livre de la pitié et de la mort[42] [lire sur Wikisource]
    • Fantôme d'Orient [lire sur Wikisource]
      prolongement d'Aziyadé.
  • 1892 :
    • Constantinople en 1890 [lire sur Wikisource]
    • Matelot [lire sur Wikisource]
    • Discours de réception à L' Académie française [lire sur Wikisource]
  • 1893 :
    • L'Exilée [lire sur Wikisource]
    • Préface de Du côté de chez nous de Frédéric Arthur Chassériau (1865-1955)
  • 1895 :
    • La Grotte d'Isturitz [lire sur Wikisource]
    • Le Désert [lire sur Wikisource]
    • Jérusalem [lire sur Wikisource]
  • 1896
    • La Galilée [lire sur Wikisource]
    • La Mosquée verte [lire sur Wikisource]
  • 1897 :
    • Ramuntcho [lire sur Wikisource]
    • Figures et choses qui passaient [lire sur Wikisource]
  • 1898 :
    • L'Île du rêve [lire sur Wikisource]
    • Judith Renaudin [lire sur Wikisource]
    • Rapport sur les prix de vertu [lire sur Wikisource]
  • 1899 :
    • Reflets sur la sombre route [lire sur Wikisource]
    • Préface de Deuil de fils de Frédéric Arthur Chassériau
  • 1902 : Les Derniers Jours de Pékin [lire sur Wikisource]
  • 1903 : L'Inde sans les Anglais [lire sur Wikisource]
  • 1904 :
    • Vers Ispahan [lire sur Wikisource]
    • Traduction, avec Émile Vedel, du Roi Lear de Shakespeare
  • 1905 : La Troisième Jeunesse de Madame Prune [lire sur Wikisource]
  • 1906 : Les Désenchantées [lire sur Wikisource]
  • 1907 : Vies de deux chattes [lire sur Wikisource]
  • 1908 : Ramuntcho (théâtre) [lire sur Wikisource]
  • 1909 :
    • La Mort de Philæ[43] [lire sur Wikisource]
    • Les pagodes d'or [lire sur Wikisource]
  • 1910 : Le Château de la Belle-au-Bois-Dormant [lire sur Wikisource]
  • 1911 :
    • Pêcheur d'Islande (théâtre) [lire sur Wikisource]
    • La Fille du ciel [lire sur Wikisource]
  • 1912 : Un pèlerin d'Angkor [lire sur Wikisource]
  • 1913 : Turquie agonisante [lire sur Wikisource]
  • 1915 :
    • La Grande Barbarie[44]
    • À Soissons [lire sur Wikisource]
  • 1916 : La Hyène enragée [lire sur Wikisource]
  • 1917 :
    • Quelques aspects du vertige mondial [lire sur Wikisource]
    • L'Outrage des barbares [lire sur Wikisource]
  • 1918 :
    • Court intermède au milieu de l'horreur [lire sur Wikisource]
    • L'Horreur allemande [lire sur Wikisource]
    • Les Massacres d'Arménie [lire sur Wikisource]
  • 1919 :
    • Les Alliés qu'il nous faudrait [lire sur Wikisource]
    • Mon premier grand chagrin[45]
    • Prime Jeunesse [lire sur Wikisource]
  • 1920 : La Mort de notre chère France en Orient [lire sur Wikisource]
  • 1921 : Suprêmes visions d'Orient [lire sur Wikisource]
    En collaboration avec son fils Samuel Viaud.
  • 1927 : La maison des aïeules suivi de Mademoiselle Anna très humble poupée avec illustrations d'André Hellé [lire sur Wikisource]

Journal intime

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  • 1923 : Un jeune officier pauvre [lire sur Wikisource]
    Fragments du journal publiés par son fils Samuel Viaud.
  • 1925 : Journal intime, 1878-1881, première partie
  • 1929 : Journal intime, 1882-1885, deuxième partie et Correspondance inédite, 1865-1904
  • Cette éternelle nostalgie, journal intime, extraits (1878-1911) (La Table Ronde, Paris, 1997)
  • Soldats bleus, journal intime, 1914-1918 (La Table Ronde, 1998)
  • Journal intime 1868-1878, Tome I, éd. Alain Quella-Villéger, Bruno Vercier (Les Indes savantes, Paris, 2006)[46]
  • Journal intime 1879-1886, tome II, éd. Alain Quella-Villéger, Bruno Vercier (Les Indes savantes, Paris, 2008)[46]
  • Journal intime 1887-1895, tome III, éd. Alain Quella-Villéger, Bruno Vercier (Les Indes savantes, Paris, 2012)[46]
  • Journal intime 1896-1902, tome IV, éd. Alain Quella-Villéger, Bruno Vercier (Les Indes savantes, Paris, 2016)[46]
  • Journal intime 1903-1913, tome V, éd. Alain Quella-Villéger, Bruno Vercier (Les Indes savantes, Paris, 2017)[46].

Correspondance

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  • 1924 : Lettres à Juliette Adam (1880-1922) [lire sur Wikisource]
  • Correspondance théâtrale inédite avec André Antoine, présentée par Guy Dugas (éd. W. Théry, Alluyes, 2000)
  • Mon mal, j’enchante. Lettres d’ici et d’ailleurs (1866-1906), présentées par Alain Quella-Villéger, Bruno Vercier (La Table Ronde, 2023)

Hommages et mémoire

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Prix Pierre-Loti

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Le prix Pierre-Loti, créé en 2007, récompense chaque année le meilleur récit de voyage publié l'année précédente. Les lauréats successifs sont :

  • 2007 : Philippe Sauve, Siberia, 3 800 kilomètres en canoë du lac Baïkal à l'océan Arctique, Presses de la Renaissance, 2006
  • 2008 : Bruno Paulet, Mémoires des sables : en Haute-Asie sur la piste oubliée d'Ella Maillart et Peter Fleming, éditions Olizane
  • 2009 : Nicole Bouyala, Cargo solo, éditions Pimientos, 2008
  • 2010 : Ludovic Hubler, Le Monde en stop, cinq années à l'école de la vie, éditions Géorama, 2009
  • 2011 : Florent Chavouet, Manabe Shima, éditions Philippe Picquier, 2010
  • 2012 : Corentin de Chatelperron, L'Aventure de Tara Tari, Bangladesh-France sur un voilier en toile de jute, éditions La Découvrance
  • 2013 : Reno et Pierre Marca, Journal de la Mer d'Arabie - du Yemen à l'Inde dans le sillage des dhows, éditions La Martinière
  • 2014 : Jean-Christophe Rufin, Immortelle Randonnée - Compostelle malgré moi, éditions Guérin et avec photos éditions Gallimard
  • 2015 : Philippe Bichon, Carnet de route, Éthiopie, Bleu éditions
  • 2016 : Jean-Yves Simon, Voyages d’encre, carnets de Chine 2005-2013, éditions Akinomé
  • 2017 : Tanneguy Gaulier, L'Âme du Gange, éd. Transboréal[47]
  • 2018 : Kim Hoang, Magadan, seul à moto jusqu’au bout de la Sibérie, éd. de l’Aire[48]

Numismatique et philatélie

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Pierre Loti figure sur cinq timbres : deux en France, le premier datant de 1937[49], le second datant de 2023[50], un émis à Saint-Pierre-et-Miquelon en 1969 et deux émis en Polynésie française en 1973 et 1995. Un timbre des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises) émis en 2001 montre un petit bateau de nom Ramuntcho[51].

Son effigie figure à l'avers d'une pièce de 10 € en argent éditée en 2012 par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des régions » afin de représenter Poitou-Charentes, sa région natale.

Ventes

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  • Depuis 1923, plusieurs ventes des biens mobiliers de l'écrivain ont eu lieu comme en 1980 celle causée par la mort d'Elsie Loti-Viaud, veuve de son seul fils légitime, Samuel.
  • La collection de lettres, documents, dessins, et photographies de Loti appartenant à Louis Barthou et Alice Barthou[f] a été vendue à Paris le 20 octobre 1999[g].
  • Le manuscrit autographe de son Journal, constitué d'environ 5 000 feuillets écrits de 1868 à 1918, classés par semestres et incluant toutes sortes de documents annexes, issu de la succession de sa belle-fille, resta aux mains de ses héritiers avant d'être mis en vente le 23 novembre 2007 à Drouot. Invendu, ce document resta en France et fut finalement acquis par la ville de Rochefort en octobre 2008 avec l'aide de l'État (Alain Quella-Villéger, op. cit, p. 22 et 24).

Odonymes

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Plusieurs rues et écoles en France ont été nommées en son honneur, notamment à Rennes, Brest, Toulouse et à Villeurbanne. Il existe aussi une avenue Pierre-Loti à Paris dans le Champ de Mars.

Bibliographie

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Monographies

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  • Reşit Saffet Atabinen, Pierre Loti, héroïque ami des Turcs, Istanbul, Association culturelle franco-turque, 1950.
  • Lesley Blanch, Pierre Loti, Seghers, 1986 (Traduit de l'anglais par Jean Lambert) ; réédition Pierre Loti l'évadé, Le Passeur éditeur, 2023.
  • Olivier Bleys, L'Épître à Loti, Coll. Autres Ciels VI, L'Escampette, 2003.
  • Alain Buisine, Tombeau de Loti, Aux Amateurs de livres, 1988.
  • Alain Buisine, Pierre Loti : l'écrivain et son double (Tallandier, coll. Figures de proue, 1998).
  • Olivier Delahaye, Pierre Loti à Rochefort - Le temple d'une vie, Editions Belin 2014.
  • Jehan Despert, Aziyadé, le douloureux amour de Pierre Loti, éditions La Malle aux Livres et La Lucarne Ovale, 1995.
  • Faruk Ersöz, À Stamboul avec Pierre Loti, İstanbul, Ünlem, 1998.
  • Claude Farrère, Loti, Paris, Flammarion, 1930.
  • Claude Farrère, Cent Dessins de Pierre Loti, Arrault, 1948, 2 500 ex. sur vélin numérotés, archives pers.).
  • Marc Hélys, Le Secret des Désenchantées, s.n., 1923.
  • Daniel Hervé, Christian Genet, Pierre Loti l'enchanteur, Ch. Genet, Gémozac, 1988[52]
  • (en) Alec Gordon Hargreaves, The Colonial experience in French fiction: A study of Pierre Loti, Ernest Psichari, and Pierre Mill, Londres, MacMillan, 1981.
  • Yves La Prairie, Le Vrai Visage de Pierre Loti, éditions L'Encre de Marine, 1995. (ISBN 9782841411726).
  • Comte Léon Ostroróg, Pierre Loti à Constantinople, 1927, mémoire d'un émigré polonais dans l'Empire ottoman.
  • Alain Quella-Villéger, Pierre Loti l'incompris, Presses de la Renaissance, 1986
  • Alain Quella-Villéger, La Politique méditerranéenne de la France, 1870-1923. Un témoin, Pierre Loti, Paris, L'Harmattan, 1992.
  • Alain Quella-Villéger, Pierre Loti, le pèlerin de la planète, éd. Aubéron, Bordeaux, 1999[53], 2005 (Nouvelle édition augmentée)
  • Alain Quella-Villéger, Istanbul. Le regard de Pierre Loti , (une soixantaine de photographies de Pierre Loti, textes rassemblés par l'auteur), Casterman 1992 (ISBN 9782203602045). Réédition : Renaissance du Livre, coll. Esprit des lieux, 1997 (ISBN 2804601234).
  • Alain Quella-Villéger, Chez Pierre Loti : une maison d'écrivain-voyageur, éd. Aubéron, Bordeaux, 2008;
  • Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier, Pierre Loti dessinateur - une œuvre au long cours, éd. Bleu autour, 2009[54] (Grand prix de l'Académie de marine 2011).
  • Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier, Pierre Loti photographe, éd. Bleu autour, 2012.
  • Basile B. Rafter, La Femme dans l'œuvre de Pierre Loti, Paris, Presses universitaires de France, 1938.
  • Nicolas Serban, Pierre Loti. Sa vie, son œuvre, Paris, Les Presses françaises, 1924 (préface de Louis Barthou).
  • Irene Szyliowicz, Pierre Loti and the Oriental Woman, Londres, Macmillan, 1988.
  • Dolores Toma, Pierre Loti : le voyage, entre la féérie et le néant, avec une préface de François Moureau, L'Harmattan, 2008.
  • F. de Vaux de Foletier et H. Talvart, Pierres et paysages des Pyrénées, 1926, livre qui se termine par un poème en hommage à Pierre Loti.
  • (en) Robert D. Craig, « Loti, Pierre (1850-1923) », dans Historical Dictionary of Polynesia, Rowman & Littlefield, 2011, 440 p. (lire en ligne), p. 153

Articles

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  • Chantal Edel, « Les frères Viaud en bonne société », Reportages no 89, 6 mars 1989, p. 102 à 105.
  • Chrisian Genet, « Pierre Loti », art. in Nos Deux-Charentes en cartes postales anciennes, no 39, 42, 44, 45, éd. C. Genest, Gémozac, 1987 (?)[55]
  • Agnès Claverie, « Tout savoir sur Pierre Loti », Sud-Ouest, 10 février 1995.
  • Michel Crépu, « Les lieux de Pierre Loti », L'Express, 13 août 1998, p. 72 et 73.
  • Valérie Cadet, « L'ailleurs de Loti », Le Monde, 13 septembre 1996.
  • Orhan Koloğlu, « La campagne de Pierre Loti en faveur de la Turquie pendant la guerre d'Indépendance », dans Paul Dumont et Jean-Louis Bacqué-Grammont (dir.), La Turquie et la France à l'époque d'Atatürk, Paris, ADET, 1981, p. 57–75.
  • Pierre-Robert Leclercq, « Loti hors de sa légende », Le Monde 9 juillet 1999.
  • Anne Foster, « Pierre Loti, romancier et voyageur », Gazette de l'Hôtel Drouot, 13 octobre 1999[56].
  • Michel Braudeau, « Les Fantaisies de Pierre Loti », Le Monde, 28-29 juillet 2003[57].
  • Bertrand Galimard-Flavigny, « La mystification des désenchantées », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 24, 20 juin 2003, p. 212 et 213.
  • Rachel Bouvet, « Laissez-passer pour Le désert de Loti : de la relecture aux frontières de l’altérité et de l’illisible », Études françaises, vol. 40, no 1,‎ 2004, p. 149-168 (lire en ligne).
  • Laurent Bertagnolio, « Bien Loti à Rochefort », La Nouvelle République du Centre-Ouest, 7 août 2006.
  • Fañch Postic, « Loti chez son frère Yves : Les séjours de l'écrivain à Rosporden à la fin du XIXe siècle », ArMen, Quimper, Éditions du Chasse-Marée, no 132,‎ janvier-février 2003, p. 42-49 (ISSN 0297-8644)
  • Jacques Perot, Une Confolentaise chez Pierre Loti, Louise Leulier alias Louis de Reullie, Les Amis du Vieux Confolens, no 103, juin 2009, p. 22-35.

Émission télévisée

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  • Thalassa de Georges Pernoud, en direct de la maison de Pierre Loti à Rochefort le 17 février 1995, France 3.

Expositions

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  • Pierre Loti et ses ports, organisée par Jean Nonin à Rochefort-sur-Mer en 1987
  • Pierre Loti photographe, château de La Roche-Courbon à Saint-Porchaire (Charente-Maritime), 2002
  • Pierre Loti, Fantômes d'Orient: exposition enrichie d'une sélection de dessins de Loti, musée de la vie romantique, hôtel Scheffer-Renan, Paris, 2006
  • Rapa Nui - l'île de Pâques (dessins de Loti), Fondation EDF, Paris, 2008-209
  • Pierre Loti - dessinateur au long cours (expos. de plus de 200 dessins), musée Anne-de-Beaujeu, Moulins
  • Cent dessins de Pierre Loti, Musée national de la Marine, Paris, 1982
  • Pierre Loti photographies, musée national de la Marine, Brest, 2011
  • Installation J'arrive, j'aime, je m'en vais, Pierre Loti, l'ambigu exotique[58], musée du Quai Branly 25 juin-29 septembre 2013
  • Pierre Loti et L’Agonie de l’Euskal Herria[59], Musée basque de Bayonne, du 18 janvier 2024 au 1er septembre 2024.

Notes et références

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Notes

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  1. Aujourd'hui le collège Pierre-Loti.
  2. La Flore est une frégate à voiles transformée en un bâtiment à vapeur. Mise en chantier à Rochefort en juillet 1847. Loti fut sur la Flore, du 1er novembre 1871 au 10 décembre 1872.
  3. Grade correspondant à celui de sous-lieutenant dans l'armée de terre.
  4. Aviso à roues type Phoque (1860-1880).
  5. Il existe encore aujourd'hui le Café Pierre-Loti où l'écrivain avait ses habitudes.
  6. Académicien, bibliophile, ministre, Louis Barthou mort à Marseille en 1934 dans l'attentat contre Alexandre Ier de Yougoslavie.
  7. Dont 530 lettres échangées entre 1909 et 1921, le manuscrit autographe de trois chapitres d'une version primitive de Azyiadé, 12 lettres à son éditeur (1878-1879) et plusieurs clichés de Loti, dont sept annotés par lui lors d'un voyage en Palestine, et un le montrant assis faisant un pied-de-nez au photographe en septembre 1919, sur la terrasse de sa maison d'Hendaye.

Références

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  1. (en) « nobelprize.org ».
  2. « Viaud Marie (Bon Marie) personne physique », sur Alienor - Musées de Rochefort.
  3. Kharinne Charov, « Rochefort : mieux connaître Loti à travers les lettres de sa sœur Marie Bon », Sud Ouest,‎ 24 novembre 2023.
  4. Lesley Blanch, Pierre Loti, p. 38.
  5. « De sa maison d’enfance à ses sentiers préférés : dans les pas de Pierre Loti en Charente-Maritime », Ouest France,‎ 4 juillet 2023 (lire en ligne).
  6. [PDF] Michel Rouzic, « Pierre Loti et le Trésor public », Revue du Trésor, no 11, 2006.
  7. Claude Farrère, Cent dessins de Pierre Loti commentés par Claude Farrère, 1948, p. 18.
  8. Pierre Loti, L'île de Pâques : journal d'un aspirant de La Flore, nombreuses éditions dont La Simarre, édition revue et augmentée, 2016 (ISBN 2365360610).
  9. Alain Quella-Villéger, Bruno Vercier Pierre Loti dessinateur, édition bleu autour, 2023 (ISBN 978-2-35848-143-4).
  10. L'Illustration : journal universel, 30e année, Volume lx,
    • no 1538, 17 août 1872, pages 100-103 sur Gallica,
    • no 1539, 24 août 1872, page 119 sur Gallica,
    • no 1540, 31 août 1872, pages 133-134 sur Gallica.
  11. Philippe Blay, L'Île du rêve de Reynaldo Hahn : contribution à l'étude de l'opéra français de l'époque fin-de-siècle, 3 vol., Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d’Ascq, 2000 (thèse à la carte ; 29285). 2e éd. Atelier national de reproduction des thèses, Lille, 2003 (thèse à la carte ; 29285). Thèse nouveau régime, musicologie, Tours, 1999.
    • Philippe Blay, « L’opéra de Loti : L’Île du rêve de Reynaldo Hahn » dans « Supplément au Mariage de Loti », Bulletin de la Société des études océaniennes, avril-septembre 2000, nos 285-287, p. 40-72. Rééd. in Bulletin de l'Association Massenet, 2002, no 8, p. 25-44.
  12. Préface de Claude Martin à Aziyadé, Folio classique, p. 8.
  13. « RetroNews.fr - Le site de presse de la BnF », sur www.retronews.fr (consulté le 28 juin 2025)
  14. « 1906 : Quand Loti publie Les Désenchantées, il ignore le piège tendu », sur LEFIGARO, 10 novembre 2017 (consulté le 7 septembre 2022).
  15. « L'Ouest-Éclair », sur Gallica, 19 novembre 1909 (consulté le 27 janvier 2017).
  16. a et b « Officiers célèbres », sur ecole.nav.traditions.free.fr (consulté le 13 mars 2018).
  17. anonyme, « Madame Chrysanthème », sur ferragus.blog.lemonde.fr, 2 novembre 2008 (consulté le 12 février 2022).
  18. Mona Chollet "Réinventer l'amour", Zones, 2021, p.80-90
  19. Hélène Besnard-Giraudias, Le Recul du Temps, éd. La Pensée Universelle, 1989, p. 89.
  20. « Pierre Loti », sur academie-francaise.fr (consulté le 13 mars 2018).
  21. Hélène Besnard-Giraudias, op.cit., pp. 88 et 89.
  22. (fr) Abbé Mugnier, Journal 1879-1939, Paris, Mercure de France, 1985, 639 p. (ISBN 978-2-7152-2472-8), page 74.
  23. Roger Tessier, « La famille basque de Pierre Loti à Rochefort de 1894 à 1926 », Roccafortis, 3e série, tome II, no 15, janvier 1995,p. 307-310.
  24. Rachel Bouvet, « Laissez-passer pour Le désert de Loti : de la relecture aux frontières de l’altérité et de l’illisible », Études françaises, vol. 40, no 1,‎ 2004, p. 149-168 (lire en ligne).
  25. Rapport devant la CRPS Poitou-Charentes du 3 octobre 2006.
  26. Christian Gury, Lyautey-Charlus, Éditions Kimé, 1998, 295 p..
  27. Alain Quella-Villéger, Journal intime de Pierre Loti, le retour, in Actualités Poitou-Charentes, no 83 – 1er trimestre 2009, p. 23 et 24.
  28. Pierre Bonneau, « L’île des Faisans, un théâtre frontalier sur la Bidassoa », sur gallica.bnf.fr, 11 septembre 2019.
  29. Le Figaro, mai 2013.
  30. Archives départementales de Loire-Atlantique, Registres paroissiaus de Lavau, année 1740, https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ad44/visualiseur/registre.html?id=440188530
  31. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le 24 mai 2022).
  32. éd. Grasset, 1932, p. 91 et 92.
  33. Edmond et Jules de Goncourt, Journal : Mémoires de la vie littéraire, T. III 1887-1896, Paris, R. Laffont, coll. « Bouquins », 1466 p., p. 686. La citation, non publiée dans la première édition (1896) du Journal [...], fait référence à un article publié dans L'illustré, soleil du dimanche (BNF 34445484), no 14 daté du dimanche 3 avril 1892, « Pierre Loti, le nouvel académicien, dans son habitation de Rochefort ».
  34. Publiée par H. Besnard-Giraudias, op. cit., p.85-87.
  35. Marcel Proust, Lettres à Reynaldo Hahn, Éd. Sillage, 2012, 284 p. (ISBN 978-2-916266-89-3), page 235.
  36. Gabriel-Louis Pringué, 30 ans de dîners en ville, éd. Revue Adam, 1948, p.136.
  37. éd. France-Empire, 1979, pp.45 à 47.
  38. Publié par Les Indes savantes en 2006.
  39. Nicolas Bauche, « Journal intime à plusieurs mains », Libération, 25 août 2006.
  40. « Pierre Loti devant le Mur des lamentations », Le Voyage en Orient. Anthologie des voyageurs français dans le Levant au XIXe siècle, Bouquins, 1985, p. 697.
  41. présentation du livre-audio Jérusalem.
  42. L'étude d'Anatole France sur Le Livre de la pitié et de la mort, inédite en librairie, avait été publiée dans le numéro du 8 août 1891 du journal L'Univers illustré, lors de la première publication de cet ouvrage.
  43. La Mort de Philæ de Pierre Loti.
  44. Contient quatre articles sur la Belgique pendant la Première Guerre mondiale, republiés l'année suivante dans La Hyène enragée.
  45. Récit de l'annonce de la mort de son frère, repris la même année dans le chapitre XII de Prime Jeunesse.
  46. a b c d et e Édition intégrale critique par Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier.
  47. Prix Pierre Loti 2017.
  48. « Librairie Ulysse - PAYS ET VOYAGES », sur www.ulysse.fr (consulté le 7 septembre 2022).
  49. Voir la fiche technique du timbre-poste.
  50. Voir le timbre de 2023 consacré à Pierre Loti.
  51. Philatelie Free, « Tous les timbres-poste des ex-colonies françaises, des DOM et des TOM », sur philateliefree.fr (consulté le 6 février 2017).
  52. ill. de 750 documents.
  53. Réédition, complétée, de Pierre Loti l'incompris (1986).
  54. (reprod. de 500 dessins et extraits de son jour intime).
  55. Articles Dîners et fêtes en sa maison de Rochefort, Marin. Athlète. Académicien, Ses amis charentais, quatrième article sans titre.
  56. Vente de la collection Barthou.
  57. Numéro 1 de la série Six excentriques.
  58. J'arrive, j'aime, je m'en vais, Pierre Loti, l'ambigu exotique.
  59. Pierre Loti et L’Agonie de l’Euskal Herria.

Voir aussi

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Articles connexes

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  • Maison de Pierre Loti à Rochefort
  • Maison des aïeules de Pierre Loti à Saint-Pierre-d'Oléron
  • Avenue Pierre-Loti (Paris)

Liens externes

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  • Le Roman d'un enfant, en version audio 20px-Speaker_Icon.svg.png
  • Son nom a été donné à deux paquebots des Messageries maritimes :
    • PIERRE LOTI 1
    • PIERRE LOTI 2
  • Prime Jeunesse
  • Site de l'association des amis de Pierre Loti
  • Site de l'Association Internationale des Amis de Pierre Loti (AIAPL)
  • Œuvres de Pierre Loti sur le projet Gutenberg
  • Pierre Loti sur le site des Lettres du Mékong
  • https://soundcloud.com/leschampslibres/pierre-loti

Notices et ressources

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  • Ressources relatives aux beaux-artsVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • AGORHA
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    • Bridgeman Art Library
    • Musée d'Orsay
    • MutualArt
    • National Portrait Gallery
    • RKDartists
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Un jeune officier pauvre

Pierre Loti

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Pierre Loti (1850-1923) "Dans le cloître flottant où nos jeunesses venaient d’être soudainement enfermées, la vie était rude et austère. Par plusieurs côtés, elle rappelait celle des matelots que l’on avait voulu copier là pour nous ; comme eux, nous vivions beaucoup dans le vent, dans les embruns, dans la mouillure qui laissait aux lèvres un goût de sel ; comme eux, nous montions sur les vergues pour serrer les voiles où nos mains se déchiraient ; nous manœuvrions les canons à la manière d’autrefois, avec les palans en cordes goudronnées de la vieille marine, et, par tous les temps, dans des canots, le plus souvent tourmentés par les rafales d’Ouest, nous circulions en zigzags sur la rade immense. Aux heures d’étude, à l’intérieur du cloître, assis à nos bureaux dans les vastes batteries, nous nous absorbions longuement chaque jour dans les spéculations glacées des mathématiques, dans le développement des formules du dx ou de l’astronomie, et cela contribuait également à apporter dans nos existences une sorte d’apaisement ; pour nos imaginations, pour nos sens, c’était aussi calmant que la saine fatigue des muscles. Autour de nous, sous le ciel nuageux, les brumes changeantes de Bretagne jouaient leurs continuelles fantasmagories, transfigurant sans cesse à nos yeux le profond décor, les granits des côtes et les lames de la mer au remuement éternel." Ces fragments de journal et de lettres nous décrivent les premières années de Pierre Loti, sous l'uniforme de la Marine...
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Les désenchantées

Pierre Loti

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Pierre Loti (1850-1923) "André Lhéry, romancier connu, dépouillait avec lassitude son courrier, un pâle matin de printemps, au bord de la mer de Biscaye, dans la maisonnette où sa dernière fantaisie le tenait à peu près fixé depuis le précédent hiver. « Beaucoup de lettres, ce matin-là, soupirait-il, trop de lettres. » Il est vrai, les jours où le facteur lui en donnait moins, il n’était pas content non plus, se croyant tout à coup isolé dans la vie. Lettres de femmes, pour la plupart, les unes signées, les autres non, apportant à l’écrivain l’encens des gentilles adorations intellectuelles. Presque toutes commençaient ainsi : « Vous allez être bien étonné, monsieur, en voyant l’écriture d’une femme que vous ne connaissez point. » André souriait de ce début : étonné, ah ! non, depuis longtemps il avait cessé de l’être. Ensuite chaque nouvelle correspondance, qui se croyait généralement la seule au monde assez audacieuse pour une telle démarche, ne manquait jamais de dire : « Mon âme est une petite sœur de la vôtre ; personne, je puis vous le certifier, ne vous a jamais compris comme moi. » Ici, André ne souriait pas, malgré le manque d’imprévu d’une pareille affirmation ; il était touché, au contraire. Et, du reste, la conscience qu’il prenait de son empire sur tant de créatures, éparses et à jamais lointaines, la conscience de sa part de responsabilité dans leur évolution, le rendait souvent songeur. Et puis, il y en avait, parmi ces lettres, de si spontanées, si confiantes, véritables cris d’appel, lancés comme vers un grand frère qui ne peut manquer d’entendre et de compatir ! Celles-là, André Lhéry les mettait de côté, après avoir jeté au panier les prétentieuses et les banales ; il les gardait avec la ferme intention d’y répondre. Mais, le plus souvent, hélas ! le temps manquait, et les pauvres lettres s’entassaient, pour être noyées bientôt sous le flot des suivantes et finir dans l’oubli. Le courrier de ce matin en contenait une timbrée de Turquie, avec un cachet de la poste où se lisait, net et clair, ce nom toujours troublant pour André : Stamboul." 1900. L'écrivain André Lhéry trouve parmi son courrier une lettre provenant de Turquie. Il s'agit d'une admiratrice dénonçant la condition des femmes emprisonnées dans les harems. Quatre ans plus tard, André retourne à Constantinople, comme attaché d'ambassade. Il est recontacté par cette mystérieuse admiratrice...
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Vers Ispahan

Pierre Loti

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Pierre Loti (1850-1923) "Qui veut venir avec moi voir à Ispahan la saison des roses, prenne son parti de cheminer lentement à mes côtés, par étapes, ainsi qu’au moyen âge. Qui veut venir avec moi voir à Ispahan la saison des roses, consente au danger des chevauchées par les sentiers mauvais où les bêtes tombent, et à la promiscuité des caravansérails où l’on dort entassés dans une niche de terre battue, parmi les mouches et la vermine. Qui veut venir avec moi voir apparaître, dans sa triste oasis, au milieu de ses champs de pavots blancs et de ses jardins de roses roses, la vieille ville de ruines et de mystère, avec tous ses dômes bleus, tous ses minarets bleus d’un inaltérable émail ; qui veut venir avec moi voir Ispahan sous le beau ciel de mai, se prépare à de longues marches, au brûlant soleil, dans le vent âpre et froid des altitudes extrêmes, à travers ces plateaux d’Asie, les plus élevés et les plus vastes du monde, qui furent le berceau des humanités, mais sont devenus aujourd’hui des déserts. Nous passerons devant des fantômes de palais, tout en un silex couleur de souris, dont le grain est plus durable et plus fin que celui des marbres. Là, jadis, habitaient les maîtres de la Terre, et, aux abords, veillent depuis plus de deux mille ans des colosses à grandes ailes, qui ont la forme d’un taureau, le visage d’un homme et la tiare d’un roi. Nous passerons, mais, alentour, il n’y aura rien, que le silence infini des foins en fleur et des orges vertes. Qui veut venir avec moi voir la saison des roses à Ispahan, s’attende à d’interminables plaines, aussi haut montées que les sommets des Alpes, tapissées d’herbes rases et d’étranges fleurettes pâles, où à peine de loin en loin surgira quelque village en terre d’un gris tourterelle, avec sa petite mosquée croulante, au dôme plus adorablement bleu qu’une turquoise ; qui veut me suivre, se résigne à beaucoup de jours passés dans les solitudes, dans la monotonie et les mirages..." En avril 1900, à son retour des Indes, Pierre Loti décide de traverser la Perse, afin de visiter Ispahan, la cité millénaire qui fut un temps la capitale de l'Iran.
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Quelques aspects du vertige mondial

Pierre Loti

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Pierre Loti (1850-1923) "Février 1917. Dans ces dessins d’enfantine cosmographie qui, au temps des premiers Pharaons, se faisaient à Memphis, le ciel était figuré par une voûte sphérique à laquelle des fils suspendaient les étoiles, et, sous les différents pays de la terre, naïvement tracés en couleurs, une partie ombrée en noir, qui descendait jusqu’au bas de la feuille de papyrus, s’appelait : base du monde. Au fond de leurs esprits dégagés plus fraîchement que les nôtres de la matière originelle, ne se demandaient-ils pas déjà, ces hommes aux intuitions merveilleuses, ne se demandaient-ils pas ce qu’il pouvait bien y avoir plus haut, plus haut, au-dessus de la voûte bleue où les étoiles s’accrochaient ? L’infini, l’inconcevable infini dont nos âmes sont maintenant obsédées, est-ce qu’ils commençaient d’en pressentir l’épouvante ? Et, pour eux, sur quelle autre chose, plus stable encore, cette base du monde posait-elle ? Est-ce qu’il leur venait à l’idée de se demander : En dessous, encore plus en dessous, que trouverait-on bien ? Alors, toujours, toujours, des couches plus profondes, se soutenant les unes les autres ? Et ainsi de suite indéfiniment ? Ou bien, qui sait... du vide ? Mais alors, comment ces bases tiendraient-elles, car le vide, c’est du néant où tout tombe ?..." Recueil de chroniques paru en 1917.
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Le château de la Belle-au-bois-dormant

Pierre Loti

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157 pages. Temps de lecture estimé 1h58min.
Pierre Loti (1850-1923) "Avril 1899 Combien est singulier et difficilement explicable le charme gardé par des lieux qu’on a connus à peine, au début lointain de la vie, étant tout petit enfant, – mais où les ancêtres, depuis des époques imprécises, avaient vécu et s’étaient succédé ! La maison dont je vais parler, – la maison « de l’île », comme on l’appelait dans ma famille autrefois, – la maison de mes ancêtres huguenots avait été vendue à des étrangers après la mort de mon arrière-grand’mère, Jeanne Renaudin, il y a plus de soixante ans. Quand je vins au monde, elle appartenait à un pasteur, ami de ma famille, qui n’y changeait aucune chose, y respectait nos souvenirs et n’y troublait point le sommeil de nos morts, couchés au temps des persécutions religieuses dans la terre du jardin. Pendant les premières années de ma vie ma mère, mes tantes et grand’tantes, qui avaient passé dans cette maison une partie de leur jeunesse, y venaient souvent en pèlerinage ; on m’y conduisait aussi et il semblait que, malgré les actes notariés, elle n’eût pas cessé de nous appartenir, par quelque lien secret, insaisissable pour les hommes de loi. Ensuite, nous nous étions peu à peu déshabitués d’aller dans l’île, – où, d’ailleurs, les dernières de nos vieilles tantes étaient mortes, – et je n’avais plus revu l’antique demeure. Mais je ne l’avais point oubliée, et il restait décidé au fond de moi-même que je la rachèterais un jour, quand le pasteur, qui l’habitait depuis si longtemps, y aurait achevé son existence d’apôtre. Tout arrive à la longue : depuis une semaine, j’ai signé l’acte qui me rend possesseur de ce lieu ancestral. Et aujourd’hui, pour le revoir après plus de trente années, je pars de Rochefort avec mon fils, un matin pluvieux d’avril." Recueil de divers textes pour la plupart nostalgiques.
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Au Maroc

Pierre Loti

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288 pages. Temps de lecture estimé 3h36min.
Pierre Loti (1850-1923) "26 mars 1889. Des côtes sud de l’Espagne, d’Algésiras, de Gibraltar, on aperçoit là-bas, sur l’autre rive de la mer, Tanger la Blanche. Elle est tout près de notre Europe, cette première ville marocaine, posée comme en vedette sur la pointe la plus nord de l’Afrique ; en trois ou quatre heures, des paquebots y conduisent, et une grande quantité de touristes y viennent chaque hiver. Elle est très banalisée aujourd’hui, et le sultan du Maroc a pris le parti d’en faire le demi-abandon aux visiteurs étrangers, d’en détourner ses regards comme d’une ville infidèle. Vue du large, elle semble presque riante, avec ses villas alentour bâties à l’européenne dans des jardins ; un peu étrange encore cependant, et restée bien plus musulmane d’aspect que nos villes d’Algérie, avec ses murs d’une neigeuse blancheur, sa haute casbah crénelée, et ses minarets plaqués de vieilles faïences. C’est curieux même comme l’impression d’arrivée est ici plus saisissante que dans aucun des autres ports africains de la Méditerranée. Malgré les touristes qui débarquent avec moi, malgré les quelques enseignes françaises qui s’étalent çà et là devant des hôtels ou des bazars, – en mettant pied à terre aujourd’hui sur ce quai de Tanger au beau soleil de midi, – j’ai le sentiment d’un recul subit à travers les temps antérieurs... Comme c’est loin tout à coup, l’Espagne où l’on était ce matin, le chemin de fer, le paquebot rapide et confortable, l’époque où l’on croyait vivre !... Ici, il y a quelque chose comme un suaire blanc qui tombe, éteignant les bruits d’ailleurs, arrêtant toutes les modernes agitations de la vie : le vieux suaire de l’Islam, qui sans doute va beaucoup s’épaissir autour de nous dans quelques jours quand nous nous serons enfoncés plus avant dans ce pays sombre, mais qui est déjà sensible dès l’abord pour nos imaginations fraîchement émoulues d’Europe." 1889 : Pierre Loti, officier de marine et membre d'une mission diplomatique, relate ses rencontres, ses impressions, lors de son périple au Maroc...
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Ramuntcho

Pierre Loti

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252 pages. Temps de lecture estimé 3h09min.
Pierre Loti (1850-1923) " Les tristes courlis, annonciateurs de l’automne, venaient d’apparaître en masse dans une bourrasque grise, fuyant la haute mer sous la menace des tourmentes prochaines. À l’embouchure des rivières méridionales, de l’Adour, de la Nivelle, de la Bidassoa qui longe l’Espagne, ils erraient au-dessus des eaux déjà froidies, volant bas, rasant de leurs ailes le miroir des surfaces. Et leurs cris, à la tombée de la nuit d’octobre, semblaient sonner la demi-mort annuelle des plantes épuisées. Sur les campagnes pyrénéennes, toutes de broussailles ou de grands bois, les mélancolies des soirs pluvieux d’arrière-saison descendaient lentement, enveloppantes comme des suaires, tandis que Ramuntcho cheminait par le sentier de mousse, sans bruit, chaussé de semelles de cordes, souple et silencieux dans sa marche de montagnard. Ramuntcho arrivait à pied de très loin, remontait des régions qui avoisinent la mer de Biscaye, vers sa maison isolée, qui était là-haut dans beaucoup d’ombre, près de la frontière espagnole. Autour du jeune passant solitaire, qui montait si vite sans peine et dont la marche en espadrilles ne s’entendait pas, des lointains, toujours plus profonds, se creusaient de tous côtés, très estompés de crépuscule et de brume." Ramuntcho est un jeune Basque vivant avec sa mère Franchita. Ses seules occupations sont la pelote basque et la contrebande. Ramuntcho est amoureux de la soeur d'un de ses compagnons, Arrochkoa : Gracieuse. Mais la mère de celle-ci refuse que sa fille fleurte avec un garçon qui n'a pas de père...
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Les derniers jours de Pékin

Pierre Loti

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304 pages. Temps de lecture estimé 3h48min.
Pierre Loti (1850-1923) "Lundi 24 septembre 1900. L’extrême matin, sur une mer calme et sous un ciel d’étoiles. Une lueur à l’horizon oriental témoigne que le jour va venir, mais il fait encore nuit. L’air est tiède et léger... Est-ce l’été du Nord, ou bien l’hiver des chauds climats ? Rien en vue nulle part, ni une terre, ni un feu, ni une voile ; aucune indication de lieu : une solitude marine quelconque, par un temps idéal, dans le mystère de l’aube indécise. Et, comme un léviathan qui se dissimulerait pour surprendre, le grand cuirassé s’avance silencieusement, avec une lenteur voulue, sa machine tournant à peine. Il vient de faire environ cinq mille lieues, presque sans souffler, donnant constamment, par minute, quarante-huit tours de son hélice, effectuant d’une seule traite, sans avaries d’aucune sorte et sans usure de ses rouages solides, la course la plus longue et la plus soutenue en vitesse qu’un monstre de sa taille ait jamais entreprise, et battant ainsi, dans cette épreuve de fond, des navires réputés plus rapides, qu’à première vue on lui aurait préférés. Ce matin, il arrive au terme de sa traversée, il va atteindre un point du monde dont le nom restait indifférent hier encore, mais vers lequel les yeux de l’Europe sont à présent tournés : cette mer, qui commence de s’éclairer si tranquillement, c’est la mer Jaune, c’est le golfe du Petchili par où l’on accède à Pékin. Et une immense escadre de combat, déjà rassemblée, doit être là tout près, bien que rien encore n’en dénonce l’approche." Recueil de chroniques. 1900 : Les puissances européennes envoient un corps expéditionnaire en Chine afin de réprimer la révolte des "Boxers". Pierre Loti en fait partie et relate son séjour à Pékin et les alentours...
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Affiche du document Le roman d'un enfant

Le roman d'un enfant

Pierre Loti

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434 pages. Temps de lecture estimé 5h25min.
Pierre Loti (1850-1923) "C’est avec une sorte de crainte que je touche à l’énigme de mes impressions du commencement de la vie, – incertain si bien réellement je les éprouvais moi-même ou si plutôt elles n’étaient pas des ressouvenirs mystérieusement transmis... J’ai comme une hésitation religieuse à sonder cet abîme... Au sortir de ma nuit première, mon esprit ne s’est pas éclairé progressivement, par lueurs graduées ; mais par jets de clartés brusques – qui devaient dilater tout à coup mes yeux d’enfant et m’immobiliser dans des rêveries attentives – puis qui s’éteignaient, me replongeant dans l’inconscience absolue des petits animaux qui viennent de naître, des petites plantes à peine germées. Au début de l’existence, mon histoire serait simplement celle d’un enfant très choyé, très tenu, très obéissant et toujours convenable dans ses petites manières, auquel rien n’arrivait, dans son étroite sphère ouatée, qui ne fût prévu, et qu’aucun coup n’atteignait qui ne fût amorti avec une sollicitude tendre. Aussi voudrais-je ne pas écrire cette histoire qui serait fastidieuse ; mais seulement noter, sans suite ni transitions, des instants qui m’ont frappé d’une étrange manière, – qui m’ont frappé tellement que je m’en souviens encore avec une netteté complète, aujourd’hui que j’ai oublié déjà tant de choses poignantes, et tant de lieux, tant d’aventures, tant de visages." "Le roman d'un enfant" est une oeuvre autobiographique. Pierre Loti y raconte les souvenirs de ses premières années, ceux d'un enfant vivant dans le rêve d'aventure. Bien des années plus tard, il écrit la suite : "Prime jeunesse". Des souvenirs plein d'amitié, de passion, de blessures...
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