Georges Bernanos

Georges Bernanos

Georges Bernanos
Georges Bernanos vers 1940.
Biographie
Naissance
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9e arrondissement de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 60 ans)
Neuilly-sur-SeineVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Pellevoisin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Louis-Émile-Clément-Georges BernanosVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
écrivain
Conjoint
Jehanne Bernanos (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Yves Bernanos (d)
Michel Bernanos
Jean-Loup Bernanos (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Conflit
Première Guerre mondialeVoir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
roman, essai, pamphlet
Influencé par
Thérèse de LisieuxVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Prix Femina (La Joie) ()
Grand prix du roman de l'Académie française (Journal d'un curé de campagne) ()
Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle (Journal d'un curé de campagne)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
  • Sous le soleil de Satan (1926)
  • Journal d'un curé de campagne (1936)
  • Nouvelle histoire de Mouchette (1937)
  • Les Grands Cimetières sous la lune (1938)
  • Monsieur Ouine (1943)
  • La France contre les robots (1946)
  • Dialogues des carmélites (1949, posth.)
signature de Georges Bernanos
Signature
Wikipedia
Georges Bernanos
Georges-Bernanos.jpg
Georges Bernanos vers 1940.
Biographie
Naissance
20 février 1888Voir et modifier les données sur Wikidata
9e arrondissement de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
5 juillet 1948Voir et modifier les données sur Wikidata (à 60 ans)
Neuilly-sur-SeineVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Pellevoisin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Louis-Émile-Clément-Georges BernanosVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
écrivain
Conjoint
Jehanne Bernanos (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Yves Bernanos (d)
Michel Bernanos
Jean-Loup Bernanos (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Conflit
Première Guerre mondialeVoir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
roman, essai, pamphlet
Influencé par
Thérèse de LisieuxVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Prix Femina (La Joie) (1929)
Grand prix du roman de l'Académie française (Journal d'un curé de campagne) (1936)
Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle (Journal d'un curé de campagne)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
  • Sous le soleil de Satan (1926)
  • Journal d'un curé de campagne (1936)
  • Nouvelle histoire de Mouchette (1937)
  • Les Grands Cimetières sous la lune (1938)
  • Monsieur Ouine (1943)
  • La France contre les robots (1946)
  • Dialogues des carmélites (1949, posth.)
signature de Georges Bernanos
Signature

Georges Bernanos, né le 20 février 1888 dans le 9e arrondissement de Paris[1] et mort le 5 juillet 1948 à Neuilly-sur-Seine, est un écrivain français.

Issu d'une famille d'origine lorraine et espagnole, Georges Bernanos passe sa jeunesse à Fressin, en Artois, région du Pas-de-Calais qui constitue le décor de la plupart de ses romans. Il suit des études de droit à l'Institut catholique de Paris. Il participe à la Première Guerre mondiale dans les tranchées (brigadier à la fin de la guerre) et y est plusieurs fois blessé. Il obtient le succès avec ses romans Sous le soleil de Satan, en 1926, et Journal d'un curé de campagne, en 1936. Membre de l'Action française lorsqu'il était jeune étudiant, Georges Bernanos va rapidement rompre avec les idées de ce type de partis politiques dont il ne manquera pas de dénoncer publiquement les travers.

Au cours de la guerre d'Espagne, il fut notamment témoin des exactions commises par les hommes de Franco avec le soutien du clergé local sur les populations civiles, un tout qu'il eut à cœur de dénoncer dans Les Grands Cimetières sous la lune (1938). Une blessure handicapant à vie l'une de ses jambes à la suite de la Première Guerre mondiale l'empêche de participer à la Seconde comme il l'aurait voulu. Il se retire donc au Brésil et y soutient activement de Gaulle contre Pétain. Ses deux fils (Yves et Michel) ainsi que son neveu (Guy Hattu) s'engagent dans la France libre dès 1940.

Dans ses œuvres, Georges Bernanos explore le combat spirituel du Bien et du Mal, en particulier à travers le personnage du prêtre catholique tendu vers le salut de l'âme de ses paroissiens perdus, ou encore par des personnages au destin tragique comme dans Nouvelle histoire de Mouchette.

Biographie

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Enfance

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250px-Plaque_Georges_Bernanos%2C_28_rue_Joubert%2C_Paris_9e.jpgPlaque sur la maison natale à Paris, 28, rue Joubert. 250px-Fressin.jpgLa maison des Bernanos à Fressin.

Bien qu'une plaque commémorative soit placée au no 28 de la rue Joubert, dans le 9e arrondissement de Paris, Georges Bernanos est né en réalité au 26[1]. Son père, Émile Bernanos (à l'état civil Jean François[2] Bernanos, 1854-1927), est un tapissier décorateur d'origine lorraine[3] (Bouzonville ou Busendorf, proche de la frontière allemande) et espagnole. Sa mère, Hermance Moreau (à l'état civil Marie-Clémence[2], 1855-1930), est issue d'une famille de paysans berrichons originaire de Pellevoisin, dans l'Indre. Ses parents se rencontrent[4] au château de Montbel, propriété des La Rochefoucauld-Montbel. Il garde de son éducation la foi catholique et les convictions monarchistes de ses parents[3]. C'est en platt que sa grand-mère paternelle, née à Monneren, lui aurait appris ses prières. Il passe une grande partie de sa jeunesse à Fressin en Artois. Cette région du Nord marque profondément son enfance et son adolescence[5] et constituera le décor de la plupart de ses romans.

À Paris, en 1897, il entre en sixième au collège des pères jésuites de la rue de Vaugirard[6]. Il y reste trois ans et n'en garde pas un bon souvenir, se plaignant de la liberté de penser remplacée par « le dressage du cirque », pour lui, des « bons élèves, dociles, studieux, appliqués [sont instruits par] le plus singe des singes, le plus effronté des singes, le prêtre humaniste, ou plutôt l'humaniste prêtre, tout grouillant de vers latins comme un cadavre d'asticots[7] ». Il fait sa communion solennelle en 1899. Il a 13 ans quand il lit Honoré de Balzac ; il déclare plus tard que cette lecture a été la découverte la plus marquante de son adolescence. En 1901, la loi sur les congrégations contraint les jésuites à fermer leur établissement. Georges Bernanos entre interne au petit séminaire de Notre-Dame-des-Champs, mais il ne s'y adapte pas et est orienté en 1903, pour son année de rhétorique, vers un autre établissement, le petit séminaire de Bourges, où il se sent enfin à son aise. Il échoue cependant en juin et en octobre à l'oral du baccalauréat. Sur la recommandation du curé de Fressin, il entre en 1904 au collège Sainte-Marie d'Aire-sur-la-Lys, en Artois. Il est enfin reçu au baccalauréat en 1906. De retour à Paris, il obtient sa licence de lettres et de droit à l'Institut catholique[8].

Entre 13 et 15 ans, il lit énormément, appréciant particulièrement Honoré de Balzac. Ses autres auteurs de prédilection sont Barbey d'Aurevilly, Hugo, Michelet, Pascal et Walter Scott[9]. Son père, le matin, lit à haute voix le journal La Libre Parole, avec lequel il découvre Édouard Drumont, qui aura une influence sur ses premières pensées politiques[9], et dont il souhaitera rédiger une sorte de biographie (La Grande Peur des bien-pensants, sous-titrée Édouard Drumont, 1931).

Premiers engagements et premières œuvres

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Vers ses 17 ans, il correspond longuement avec l'abbé Lagrange. Il envisage un temps de devenir prêtre, mais abandonne par manque de vocation[10]. Catholique fervent et, dans sa jeunesse, monarchiste passionné, il milite au départ dans les rangs de l'Action française en participant aux activités des Camelots du roi pendant ses études de lettres. Dans cette période étudiante il fréquente Charles Maurras, avec lequel il rompra après la Première Guerre mondiale.

Il prend ensuite la tête du journal L'Avant-garde de Normandie, jusqu'à la Grande Guerre. Réformé (Georges Bernanos avait été incorporé au 6e régiment de dragons à partir d'octobre 1910 pour effectuer son service militaire mais avait été réformé dès novembre de la même année), il décide tout de même de participer à la guerre en se portant volontaire, d'abord dans l'aviation, en particulier à Issy-les-Moulineaux et sur la future base aérienne 122 Chartres-Champhol, puis dans le 6e régiment de dragons[11]. Il est plusieurs fois blessé[12]. C'est après la guerre qu'il rompt définitivement avec l'Action française.

Ayant épousé en 1917 Jeanne Talbert d'Arc (1893-1960), descendante d'un frère de Jeanne d'Arc, il mène à l'époque une vie matérielle difficile et instable (il est employé par une compagnie d'assurances), dans laquelle il entraîne ses six enfants et son épouse à la santé fragile.

Par nécessité ou par goût, il est longtemps un adepte de la moto comme moyen de transport quotidien, et cette pratique se retrouve dans ses œuvres. Ainsi, dans Les Grands Cimetières sous la lune, il évoque ses chevauchées à travers l'île de Majorque pendant la guerre d'Espagne, afin de porter aide et assistance aux populations civiles : « Comme à l'avant-dernier chapitre du Journal d'un curé de campagne, la haute moto rouge, tout étincelante, ronflait sous moi comme un petit avion[13]. »

Ce n'est qu'après le succès de Sous le soleil de Satan que Bernanos peut se consacrer entièrement à la littérature. En moins de vingt ans, il écrit l'essentiel d'une œuvre romanesque où s'expriment ses hantises : les péchés de l'humanité, la puissance du mal et le secours de la grâce.

Sous le soleil de Satan

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250px-Bar-le-Duc_maison_de_Bernanos.jpgImmeuble de Bar-le-Duc (Meuse) où Bernanos écrivit son premier roman Sous le soleil de Satan.

Écrit à Bar-le-Duc, non loin des tranchées de Verdun et de Saint-Mihiel, et publié en 1926 chez Plon, sur la recommandation de l'écrivain Robert Vallery-Radot auquel il est dédié, ce premier roman est un succès aussi bien public que critique. André Gide place Bernanos dans la lignée de Barbey d'Aurevilly, mais « en diablement mieux ! », ajoutera Malraux[14].

Sous le soleil de Satan est, selon Bernanos, un « livre né de la guerre »[15]. Il commence à l'écrire pendant un séjour à Bar-le-Duc, en 1920, époque où pour lui « le visage du monde devenait hideux ». Il confie « être malade » et « douter de vivre longtemps », mais ne pas vouloir « mourir sans témoigner »[15].

Inspiré du curé d'Ars[16], le personnage principal du livre, l'abbé Donissan, est un prêtre tourmenté qui doute de lui-même, jusqu'à se croire indigne d'exercer son ministère. Son supérieur et père spirituel, l'abbé Menou-Segrais, voit pourtant en lui un saint en devenir. Et en effet, cet « athlète de Dieu », tel que le définit Paul Claudel[17], possède la faculté de transmettre la grâce divine autour de lui. Plus tard, il recevra même le don de « lire dans les âmes »[18], au cours d'une rencontre nocturne extraordinaire avec Satan lui-même, celui dont la haine s'est « réservé les saints »[19]. Son destin surnaturel le confronte aussi à Mouchette, une jeune fille qu'il ne parviendra pas à sauver malgré un engagement total de lui-même.

L'adaptation cinématographique du roman vaudra à Maurice Pialat la Palme d'or au Festival de Cannes 1987.

Sous le soleil de Satan est suivi de L'Imposture en 1927 et de sa suite La Joie, qui reçoit le prix Fémina en 1929.

La Grande Peur des bien-pensants

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Publié en 1931, ce livre polémique, considéré comme le premier pamphlet de Georges Bernanos, avait au départ comme titre Démission de la France. Bernanos commence par une condamnation sévère de la répression de la Commune, pour poursuivre sur un violent réquisitoire contre son époque, la Troisième République et ses hommes politiques, la bourgeoisie bien-pensante et surtout les puissances d'argent. Bernanos, qui a fait la guerre de 1914-1918, fustige aussi l'humiliation de l'Allemagne défaite après le traité de Versailles, considérant cela comme un patriotisme perverti et dangereux, dans la mesure où il hypothèquerait l'avenir.

En 1932, sa collaboration au Figaro entraîne une violente polémique avec l'Action française et sa rupture publique définitive avec Maurras.

Le 31 juillet 1933, en se rendant en moto d'Avallon — où l'un de ses enfants est pensionnaire — à Montbéliard, il est renversé par la voiture d'un instituteur à la retraite qui lui barre le passage : le garde-boue de la voiture lui entre dans la jambe, celle-là même qui avait été blessée en 14-18[20].

Journal d'un curé de campagne

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En 1934, Bernanos s'installe aux Baléares, en partie pour des raisons financières, car la vie y est moins chère[21]. Il y écrit Journal d'un curé de campagne. Publié en 1936, le roman est couronné par le Grand prix du roman de l'Académie française, puis sera adapté au cinéma sous le même titre par Robert Bresson en 1950.

Ce livre est l'expression d'une très profonde spiritualité. Le style en est limpide et épuré. La figure du curé d'Ambricourt rejoint celle de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, portée sur les autels par Pie XI en 1925. Il est possible qu'elle soit aussi inspirée par un jeune prêtre (l'abbé Camier), mort de tuberculose à 28 ans, que Bernanos a côtoyé dans son enfance. De Thérèse, son personnage suit la petite voie de l'enfance spirituelle. Le « Tout est grâce » final du roman n'est d'ailleurs pas de Bernanos mais de la jeune carmélite de Lisieux. Ce roman lumineux, baigné par « l'extraordinaire dans l'ordinaire », est l'un des plus célèbres de son auteur, probablement parce qu'il s'y révèle lui-même, de manière profonde et bouleversante, à travers la présence du curé d'Ambricourt. Il est vrai que Bernanos a la particularité d'être toujours très proche de ses personnages, tel un accompagnateur témoignant d'une présence extrêmement attentive et parfois fraternelle.

Extrait

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Dans cet extrait du Journal d'un curé de campagne, un vieux curé s'adresse à un jeune confrère.

La mission n'est pas une douce rêverie

« Une paroisse, c'est sale, forcément. Une chrétienté, c'est encore plus sale. Attendez le grand jour du Jugement, vous verrez ce que les anges auront à retirer des plus saints monastères, par pelletées — quelle vidange ǃ Alors, mon petit, ça prouve que l'Église doit être une solide ménagère, solide et raisonnable. [...]
Au premier essai, sous prétexte que l'expérience du ministère dément leur petite jugeote, [les jeunes] lâchent tout. Ce sont des museaux à confitures. Pas plus qu'un homme, une chrétienté ne se nourrit de confitures. Le bon Dieu n'a pas écrit que nous étions le miel de la terre, mon garçon, mais le sel. Or, notre pauvre monde ressemble au vieux père Job sur son fumier, plein de plaies et d'ulcères. Du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir. Avec l'idée d'exterminer le diable, votre autre marotte est d'être aimés, aimés pour vous-même, s'entend. »

— Georges Bernanos. Journal d'un curé de campagne, Paris, Plon, 1936, p. 12-14[22].

Les Grands Cimetières sous la lune, violent pamphlet antifranquiste

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C'est également lors de son exil que Bernanos rédige Les Grands Cimetières sous la lune. Ce livre de 305 pages est un violent pamphlet antifranquiste. Il a en France un grand retentissement lors de sa publication, en 1938. Il se met ainsi volontairement et consciemment à dos les mouvements d'extrême droite du champ politique.

Bernanos séjourne à Majorque lorsque la guerre civile éclate. D'abord favorable au camp nationaliste pendant les trois premiers mois qui suivent le soulèvement (son fils Yves s'est engagé dans la Phalange), l'écrivain est rapidement horrifié par la répression franquiste et désespéré par la complicité du clergé local[23]. Rapidement, Georges Bernanos se place du côté des populations civiles. Mettant ainsi sa tête à prix par les hommes de Franco, il évita la mort de peu à deux reprises. En désertant la Phalange qu'il avait intégré quelques mois plus tôt et dont les agissements ne convenaient pas à ses convictions, son fils Yves évitait aussi de peu le peloton d'exécution. En janvier 1937, il évoque les arrestations commises par les franquistes :

« pauvres types simplement suspects de peu d'enthousiasme pour le mouvement. […] Les autres camions amenaient le bétail. Les malheureux descendaient ayant à leur droite le mur expiatoire criblé de sang, et à leur gauche les cadavres flamboyants. L'ignoble évêque de Majorque laisse faire tout ça[24]. »

Dans Les Grands Cimetières sous la lune, qui paraît après une série d'articles sur l'Espagne dans l'hebdomadaire Sept (entre mai 1936 et février 1937)[25], il ironise sur le « cardinal Goma » (Isidro Gomá y Tomás, archevêque de Tolède, qui identifiait le combat des franquistes à une véritable croisade catholique, dans une « guerre d'amour ou de haine envers la religion »[26]). Le prélat est dépeint prêt à bénir la légalité, pour peu qu'elle soit devenue militaire, ou vantant l'esprit dans lequel, à ses dires, les républicains envoyés au mur accueillent les secours du « saint ministère »[27].

Alors qu'il réside encore à Palma de Majorque, il apprend que sa tête aurait été mise à prix par Franco[28],[25]. Son pamphlet offre « un témoignage de combat » qui prend rapidement une actualité extraordinaire pour se révéler une prophétie des grandes catastrophes du siècle. Ce livre qui, comme L'Espoir d'André Malraux, est un témoignage important sur la guerre d'Espagne, lui vaut l'hostilité d'une grande partie de la droite nationaliste, en particulier de l'Action française, avec laquelle il avait rompu définitivement en 1932.

Au cours de cette période, la gauche, les communistes parlent de ceux qui considèrent que « mieux vaut Hitler que le Front populaire ». Georges Bernanos, venu d’un autre bord politique, écrit : « Ils sentent le sol qui tremble et rassemblent leurs dernières forces pour protester contre la semaine de quarante heures, cause de tout le mal. » « Si M. Hitler et M. Mussolini ne sont pas bien-pensants comme nous, ne le dites pas ! Le Front populaire serait trop content. » Et, dit-il : « Il n’y aura plus vraiment en Europe qu’un seul peuple et un seul maître[29]. »

Exil au Brésil

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Bernanos quitte l'Espagne en mars 1937 (se rendant notamment aux conseils de José Bergamin, un ami républicain espagnol, qui le convainc que cette guerre n'est pas sa guerre[30]) et retourne en France. Le 20 juillet 1938, deux mois avant les accords de Munich, la honte que lui inspire la faiblesse des hommes politiques français face à l'Allemagne de Hitler et son handicap, l'empêchant de s'engager au front comme il l'aurait souhaité, le poussent à s'exiler en Amérique du Sud. Réalisant un rêve d'enfance, il envisage d'abord d'aller au Paraguay. Il fait escale à Rio de Janeiro, au Brésil, en août 1938. Enthousiasmé par le pays, il décide d'y demeurer et s'installe en août 1940 à Barbacena, dans une petite maison au flanc d'une colline dénommée « Cruz das almas », la « Croix-des-âmes ». Il y reçoit entre autres l'écrivain autrichien Stefan Zweig auquel il ne manquera pas d'apporter son soutien, cela peu de temps avant son suicide[31].

Entre 1939 et 1940, depuis son exil brésilien, il écrit Les Enfants humiliés, dans lequel il affirme son amour pour l'esprit d'enfance, synonyme de grâce et d’insoumission en se souvenant : « J’ai connu le temps où notre position n’était pas si différente de celle des anarchistes »[32].

Après la défaite de 1940, il se rallie à l'appel lancé le 18 juin 1940 depuis Londres par Charles de Gaulle et décide de soutenir la France libre dans de nombreux articles de presse où il emploie son talent de polémiste à l'encontre du régime de Vichy et au service de la Résistance. Il entretient alors une longue correspondance avec Albert Ledoux, le « représentant personnel » du général de Gaulle pour toute l'Amérique du Sud[33]. Il qualifie Pétain de « vieux traître »[34] et sa révolution nationale de « révolution des ratés »[35].

En 1941, son fils Yves rejoint les Forces françaises libres à Londres. Son autre fils, Michel, jugé au départ trop jeune par le Comité national français de Rio, partira l'année suivante à 19 ans. Il participa notamment au débarquement de Normandie et à la bataille navale de Normandie. Son neveu Guy Hattu, Second-Maître, débarqua sur les côtes Normandes au sein du commando Kieffer, qui prit part à la prise de l'île hollandaise de Walcheren à la Toussaint 1944.

Avant de rentrer en France en juin 1945, Bernanos déclare aux Brésiliens :

« Le plus grand, le plus profond, le plus douloureux désir de mon cœur en ce qui me regarde c’est de vous revoir tous, de revoir votre pays, de reposer dans cette terre où j’ai tant souffert et tant espéré pour la France, d’y attendre la résurrection, comme j’y ai attendu la victoire. »

La Libération

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Lors de son retour en France, Georges Bernanos est, en fait, écœuré par l'épuration et l'opportunisme qui prévaut à ses yeux dans le pays. Reprenant la plume, il devient chroniqueur dans La Bataille et dans Combat. Il lance un avertissement solennel aux Français : avec l'avènement de l'ère atomique et la crise générale de la civilisation, la France semble avoir perdu sa place en même temps que son rôle vis-à-vis de l'humanisme chrétien. Il voyage en Europe pour y faire une série de conférences dans lesquelles il alerte ses auditeurs et ses lecteurs contre les dangers du monde de l'après-Yalta, l'inconséquence de l'homme face aux progrès techniques effrénés qu'il ne pourra maîtriser, et les perversions du capitalisme industriel (voir La Liberté pour quoi faire ? et La France contre les robots, 1947).

Le général de Gaulle, qui l'a invité à revenir en France (« Votre place est parmi nous »[36], lui a-t-il fait savoir dans un câble daté du 16 février 1945), veut lui donner une place au gouvernement. En dépit d'une profonde admiration pour le dirigeant, le romancier décline l'offre.

Pour la troisième fois, on lui propose alors la Légion d'honneur, qu'il refuse à nouveau. Lorsque l'Académie française lui ouvre ses portes, il répond : « Quand je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie[37]. »

En 1946 paraît La France contre les robots, aux éditions de la France libre, un essai dans lequel Bernanos dénonce la « civilisation des machines » et les nouvelles formes d'asservissement[38].

Dialogues des carmélites (ou La tragique destinée des carmélites de Compiègne)

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Bernanos part pour la Tunisie en 1947. Sur la suggestion du père Bruckberger, Il y rédige un scénario cinématographique adapté du récit La Dernière à l'échafaud, de Gertrud von Le Fort, lui-même inspiré de l'histoire véridique des carmélites de Compiègne guillotinées à Paris, sur la place du Trône, le 17 juillet 1794. Bernanos y traite de la grâce, de la peur et du martyre.

Bien plus qu'un scénario, Dialogues des carmélites est considéré comme le « testament spirituel de Bernanos ». Alors qu'il se sait malade et condamné à brève échéance, il n'hésite pas à faire dire à l'une de ses héroïnes : « Eh quoi ! À 59 ans, n'est-il pas grand temps de mourir ? » Publié de façon posthume en 1949, l'œuvre est d'abord adaptée au théâtre par Jacques Hébertot et créée le 23 mai 1952 au théâtre Hébertot, avant de devenir le livret de l'opéra homonyme du compositeur Francis Poulenc, représenté avec un grand succès en 1957 à la Scala de Milan.

Une tombe plutôt discrète sur laquelle sont posés un crucifix et une plaque.Sépulture de Georges Bernanos au cimetière de Pellevoisin (Indre).

Le scénario original a par la suite servi de base au film Le Dialogue des carmélites, réalisé en 1960 par Philippe Agostini et le père Bruckberger, puis en 1984 à un téléfilm de Pierre Cardinal qui fut notamment primé à la Cinémathèque française.

Georges Bernanos meurt d'un cancer du foie, en 1948, à l'hôpital américain de Neuilly.

Il est enterré au cimetière de Pellevoisin (Indre) pour raisons familiales et aussi de foi. Sa mère et Estelle Faguette, directement impliquée dans les apparitions mariales, se connaissaient bien comme toutes deux travaillaient pour les La Rochefoucauld-Montbel au château de Montbel[39].

Famille et descendance

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Issu d'une famille de Moselle-Est installé à Paris, Georges Bernanos épouse Jeanne Talbert d'Arc (1893-1960) à Vincennes le 11 mai 1917[40]. Ils ont six enfants :

  • Chantal Bernanos (1918-1980) ;
  • Yves Bernanos (18 septembre 1919 - 10 novembre 1958) ; il s'engage en 1936 dans la Phalange espagnole avant de déserter quelques mois plus tard. Aux côtés de son père, il apporta ensuite assistance aux peuples opprimés notamment par ces mêmes nationalistes. Il rejoint Londres en 1941 et s'engage dans les Forces Navales Françaises Libres en tant que fusilier-marin[41] ;
  • Claude Bernanos (31 août 1921 - 25 juin 2009) ;
  • Michel Bernanos (20 janvier 1923 - 27 juillet 1964) ; s'engage dans les Forces Navales Françaises Libres en septembre 1942, participe au débarquement du 6 juin 44 ainsi qu'à la bataille navale de Normandie[42] ; poète et écrivain ;
  • Dominique Bernanos (1er novembre 1928 - 10 juillet 2015) ;
  • Jean-Loup Bernanos (30 septembre 1933 - 4 mai 2003), écrivain, a consacré sa vie à l'œuvre de son père ; il est l’auteur d'une biographie, Georges Bernanos, à la merci des passants (1986)[43]. Il a eu pour enfants :
    • Anne Caudry (1957-1991), pseudonyme d'Anne Bernanos, actrice.
    • Yves Bernanos (1963-), réalisateur de documentaires[44],[45], qui lui-même est le père de :
      • Antonin Bernanos (1994-), militant antifasciste[46],[47].

Postérité

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Dans l'immédiat après-guerre, Georges Bernanos est devenu une figure tutélaire pour une nouvelle génération d'écrivains. Ceux que Bernard Frank a baptisés les Hussards[48] ont ainsi placé dans leur Panthéon, aux côtés de Stendhal, Joseph Conrad ou Marcel Aymé, celui à qui Roger Nimier dédia son livre Le Grand d'Espagne (La Table ronde, 1950)[49], dont le titre est une allusion et un hommage à la position iconoclaste que Bernanos adopta face à la guerre d'Espagne, à rebours de celle de son ancienne famille intellectuelle et politique dont il ne fit finalement partie que peu de temps.

Analyse de l'œuvre

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250px-Bernanos_Les_Grands_cimeti%C3%A8res_sous_la_lune.jpgCouverture des Grands cimetières sous la lune.

Mouchette

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Bernanos a donné le nom de Mouchette à deux personnages de son œuvre romanesque. La première « Mouchette », qui figure dans Sous le soleil de Satan (1926), a pour nom Germaine Malhorty. C'est une adolescente de seize ans, vive et orgueilleuse, victime de l'égoïsme des hommes qui la désirent sans parvenir à l'aimer, ce qui attise son mépris d'elle-même et sa révolte envers l'ordre établi. La seconde « Mouchette » n'a pour appellation que ce surnom. Elle a treize ans et apparaît dans Nouvelle histoire de Mouchette (1937).

En ce personnage s'incarnent tous les misérables qui subissent l'acharnement du sort sans jamais parvenir à comprendre le malheur de leur condition. Mouchette n'existe ici que par sa seule et unique sensibilité, aussi aiguë que douloureuse pour elle-même. Le miracle, pour ainsi dire, de cette « Mouchette »-là, c'est la vérité qui en émane. Une vérité d'autant plus étonnante qu'elle est l'œuvre d'un homme qui avait cinquante ans lorsqu'il conçut ce personnage, découvrant les mouvements les plus profonds et les plus inexprimables d'une féminité qui s'éveille et s'affirme.

Bernanos signe ici un portrait intemporel et poétique de gamine « désespérée ». Seul le regard de l'écrivain, dans sa justesse et son humanité, semble laisser entrouvrir une perspective de salut possible pour la jeune fille. En réalité, « Mouchette » (malgré l'absence de toute référence religieuse directe) rejoint la figure des martyrs de Bernanos, ceux qui, écrira-t-il plus tard dans Dialogues des carmélites, ne peuvent « tomber qu'en Dieu ». En dépit des apparences (celles du réel), on peut considérer que Mouchette suit le même parcours.

Nouvelle histoire de Mouchette a été adaptée au cinéma par Robert Bresson en 1967, sous le titre Mouchette.

Monde romanesque

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Bernanos situe souvent l'action de ses romans dans les villages de l'Artois de son enfance, en faisant ressortir leurs traits sombres. La figure du prêtre catholique s'avère très présente dans son œuvre. Elle en est parfois le personnage central, comme dans Journal d'un curé de campagne. Autour de lui, gravitent les notables locaux (châtelains nobles ou bourgeois), les petits commerçants et les paysans. Bernanos fouille la psychologie de ses personnages et fait ressortir leur âme en tant que siège du combat entre le Bien et le Mal. Il n'hésite pas à faire parfois appel au divin et au surnaturel. Jamais de réelle diabolisation chez lui, mais au contraire, comme chez Mauriac, un souci de comprendre ce qui se passe dans l'âme humaine derrière les apparences.

Combat des idées

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Georges Bernanos est un auteur paradoxal et anti-conformiste. Pour lui, la France est fondamentalement dépositaire des valeurs humanistes issues du christianisme, dont elle est responsable à la face du monde. Royaliste, il applaudit pourtant « l'esprit de révolte » de 1789 : un « grand élan [...] inspiré par une foi religieuse dans l'homme » et développe une pensée qui constitue, selon les mots de Jacques Julliard[50], « un rempart de la démocratie, même à son corps défendant ». Un moment proche de Maurras, il déclare ne s'être « jamais senti pour autant maurrassien », et dit du nationalisme qu'il « déshonore l'idée de patrie » [réf. nécessaire]. Catholique, Bernanos attaque violemment Franco et l'attitude conciliante de l’Église d'Espagne à son égard dans Les Grands Cimetières sous la lune.

Il ne manquera pas de sujets durant les dix dernières années de sa vie et avouera lui-même que « les livres […] peuvent se faire tuer à la guerre »[51] car il lui faut témoigner coûte que coûte. Considérant la France déshonorée par sa signature des accords de Munich, il fustige ensuite le gouvernement de Vichy qu'il définit comme le promoteur de « la France potagère »[52]. Dans La France contre les robots, il alerte sa patrie, et le monde à travers elle, sur les dangers de l'aliénation par la technique et l'argent[53] : convaincu que le monde moderne est une « conspiration contre toute espèce de vie intérieure », il y dénonce « la dépossession progressive des États au profit des forces anonymes de l’Industrie et de la Banque, cet avènement triomphal de l’argent, qui renverse l’ordre des valeurs humaines et met en péril tout l’essentiel de notre civilisation ».

Celui dont Antonin Artaud disait qu'il était son « frère en désolation » et qui fut taxé parfois de pessimisme dans l'après-guerre, notamment par Raymond Aron dans ses 18 leçons sur la société industrielle, a été considéré plus récemment et par d'autres comme un visionnaire, associé sur ce plan à l'écrivain George Orwell. Jacques Julliard écrit ainsi, en 2008 : « Lorsque Bernanos prédit que la multiplication des machines développera de manière inimaginable l'esprit de cupidité, il tape dans le mille[50]. » La dénonciation, dans La France contre les robots, de la « Civilisation des Machines » et de sa « tyrannie abjecte du Nombre » vaut aussi à l'écrivain d'être cité parmi les inspirateurs de la décroissance[54].

Style pamphlétaire

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Georges Bernanos s'adresse souvent directement, dans une écriture nerveuse, parfois véhémente, à des lecteurs futurs (les fameux « imbéciles »[55] qu'il cherche à sortir de leur léthargie par cette « injure fraternelle »), interpellés parfois comme des contradicteurs, tel le clergé complice de Franco dans Les Grands Cimetières sous la lune. Passionné souvent[56], excessif voire injuste à ses heures[57], son style est engagé, incisif et percutant, souvent dicté par la révolte et l'indignation.

Se détachant progressivement des clivages hérités pour affirmer sa liberté de conscience, Bernanos affirme ne pas se reconnaître dans les notions de « droite » et de « gauche » et déclare : « Ni démocrate ni républicain, homme de gauche non plus qu’homme de droite, que voulez-vous que je sois ? Je suis chrétien ». Il revendique la Commune et vitupère la bourgeoisie, mais dénonce le communisme comme un totalitarisme. Il se dit monarchiste, mais tournera le dos à la droite en se plaçant du côté du peuple républicain lors de la guerre d'Espagne, notamment en rédigeant Les Grands Cimetières sous la lune, et à l'Action française après sa rupture avec Maurras. Il règle ses comptes avec certains mots en vogue chez les politiques, comme « conservatisme » (« Qui dit conservateur dit surtout conservateur de soi-même »[57]) ou « réalisme » (« Le Réalisme est précisément le bon sens des salauds »[58]).

La question de l'antisémitisme

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L'antisémitisme ne constitue pas un thème directeur de la pensée et de l'œuvre de Georges Bernanos (aucun de ses romans n'y fait référence). Cependant, on relève chez lui quelques propos dans les années 1930 lors de ces premières et brèves fréquentations avec les mouvements de l'Action française alors qu'il était encore jeune étudiant. Après avoir vécu les premières années de la guerre d'Espagne, ses écrits contre l'antisémitisme, entre 1938 et 1946 notamment, révèleront une véritable évolution.

Selon l'historien Michel Winock[59], les premiers propos de Bernanos s'analysent comme « la combinaison de l'antijudaïsme chrétien et du social-antisémitisme » qui associe les juifs à la finance, aux banques et au pouvoir de l’argent. Présent déjà dans certains articles de l'Avant-garde de Normandie, c'est dans La Grande Peur des bien-pensants, publié en 1931 dans une France déchirée à ce sujet, qu'il trouve véritablement son expression. Dans cet ouvrage, Bernanos, alors influencé par les lectures de son père lorsqu'il était encore adolescent, affiche son admiration pour Édouard Drumont : « Le vieil écrivain de La France juive fut moins obsédé par les juifs que par la puissance de l'Argent, dont le juif était à ses yeux le symbole ou pour ainsi dire l'incarnation ».

Ses pensées politiques évolueront dans un tout autre sens par la suite.

À partir de 1938, Georges Bernanos, alors en Espagne, apporte son aide aux républicains contre Francisco Franco avant d'avoir rompu tout lien avec Maurras et les membres de l'Action Française par sa précédente collaboration volontairement assumée, avec le Figaro. C'est ainsi qu'on pourra lire chez Bernanos les prémices d'une profonde évolution quant à ses précédents propos : « Aucun de ceux qui m’ont fait l’honneur de me lire ne peut me croire associé à la hideuse propagande antisémite qui se déchaîne aujourd’hui dans la presse dite nationale, sur l’ordre de l’étranger[60]. »

En 1939, il écrit dans Nous autres Français : « J’aimerais mieux être fouetté par le rabbin d’Alger que faire souffrir une femme ou un enfant juif ».

Qu'il s'agisse de son engagement en février 1943 en faveur de Georges Mandel[61] ou de sa rencontre au Brésil avec Stefan Zweig[62], les actions de l'écrivain témoignent de son changement d'attitude. Mais plus significative encore, peut-être, est la netteté avec laquelle il mesure lui-même le chemin parcouru en reconnaissant que la chrétienté médiévale n'a pas compris l'honneur juif : « Elle fermait obstinément les yeux sur les causes réelles de la survivance du peuple juif à travers l'Histoire, sur la fidélité à lui-même, à sa loi, à ses ancêtres, fidélité qui avait pourtant de quoi émouvoir son âme[63]. » Pourtant, lorsque Bernanos affirme en 1944 « Antisémite : ce mot me fait de plus en plus horreur. Hitler l'a déshonoré à jamais. Tous les mots, d'ailleurs, qui commencent par “anti” sont malfaisants et stupides[64] », on s'interroge sur le sens de la formule, demeurée célèbre[65].

Alors que Jacques Julliard ironise en se demandant s'il y a jamais eu « un antisémitisme honorable »[66], Adrien Barrot, reprenant une réflexion d'Alain Finkielkraut[67], répond : « C’est vraiment comprendre la formule de Bernanos à l’envers. Celle-ci marque indubitablement une véritable crise et une véritable prise de conscience chez Bernanos et ne mérite pas un tel procès d’intention[68]. » Elie Wiesel, dans un livre d’entretiens avec Michaël de Saint-Chéron, salue en Bernanos un écrivain « qui eut le courage de s'opposer au fascisme, de dénoncer l'antisémitisme et de dire justement ce qu'il a dit et écrit de la beauté d'être juif, de l'honneur d'être juif, et du devoir de rester juif ». Il explique : « J'admire beaucoup Bernanos, l'écrivain. […] Un écrivain de « droite » qui a le courage de prendre les positions qu'il a prises pendant la guerre d'Espagne fait preuve d'une attitude prémonitoire. Il était clair que Bernanos allait venir vers nous. Sa découverte de ce que représentent les Juifs témoigne de son ouverture, de sa générosité[69]. » Malgré tout, le débat demeure entre des historiens comme Alexandre Adler ou des essayistes comme Jean-Paul Enthoven d'une part, qui accordent une attention unique sur les opinions de Georges Bernanos antérieures à 1930, et ceux qui insistent au contraire sur l'évolution de sa pensée, comme Elie Wiesel, l'académicien Alain Finkielkraut, le journaliste Philippe Lançon[65] ou l'historien Simon Epstein d'autre part.

Bernard-Henri Lévy, notamment, reviendra sur ses propos tenus au sujet de Georges Bernanos dans son réquisitoire intitulé L'idéologie Française, par un article du 12 avril 2021[70] :

« Si j’avais un regret, un seul, ce serait d’avoir, dans ce livre de colère et de vérité, été peut-être vite en besogne dans mon jugement sur Bernanos. Je lis, aujourd’hui, le vibrant Où allons-nous ? publié, en septembre 1943, à Lyon, dans les Cahiers du Témoignage chrétien clandestins et que reproduisent les éditions du Seuil. Je dévore ce court texte, ce tract, lancé, depuis la ferme de la Croix-des-Âmes, au Brésil, […] d’où il pilonne de ses mots de feu, jour après jour, depuis cinq ans, l’obsession de la paix à tout prix, le renoncement à la liberté et la « moisissure vichyste ». Et j’y découvre un appel magnifique, contre les totalitarismes du jour et de demain, à l’insurrection des « hommes d’Europe », à la résurrection de l’« esprit d’héroïsme » qui sommeille en chacun et à la consolidation du seul front qui vaille et qui est celui des « âmes ». […] Le vieux lion, devenu un catholique errant et conscient de son vrai lignage, pense que chaque goutte de sang juif versé par la canaille nazie vaut plus que toute la pourpre du manteau d’un cardinal fasciste »

— Bernard-Henri Lévy[71].

Hommages et décoration

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  • Croix de guerre 1914-1918 Croix de guerre 1914-1918 avec citation à l'ordre du 6e Dragons, no 286 du 15 juin 1918 : « Brigadier très brave. Les 29 et 30 mai a parfaitement assuré la liaison entre la compagnie et sa section, sous des feux violents de mitrailleuses »
  • Médaille de la Résistance française Médaille de la Résistance française avec rosette

Plusieurs lieux publics portent aujourd'hui son nom :

  • une avenue dans le 5e arrondissement de Paris ;
  • une rue à Angers, Balma, Bourges, Bouzonville, Compiègne, Comines, Crozon, Dijon, Fressin, La Roche-sur-Yon, Le Havre, Lens, Meaux, Melun, Metz, Mont-de-Marsan, Nantes, Nogent-sur-Oise, Orléans, Pellevoisin, Quimper, Reims, Saint-Cyprien, Sartrouville, Strasbourg, Toulouse et Vaudreching ;
  • une allée à Arcachon, Carrières-sur-Seine, Limoges, Montluçon, Pierrelatte et Sarcelles ;
  • une impasse à Blagnac et Niort ;
  • une place à Rennes ;
  • une école primaire à Bois-Guillaume[72] ;
  • un collège public à Montigny-lès-Metz.
  • une résidence universitaire de l'université d'Artois (Arras)

Un timbre-poste a été émis à son effigie en 1978 par l'administration postale française[73].

Œuvres

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Romans

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  • Sous le soleil de Satan, Paris, Plon, 1926[74].
  • Les Ténèbres (diptyque)
    • L'Imposture, Paris, Plon, 1927 (BNF 35900868)
    • La Joie, Paris, Plon, 1929 (d'abord paru dans La Revue universelle en 1928).
  • Un crime, Paris, Plon, 1935.
  • Journal d'un curé de campagne, La Revue hebdomadaire, 1935-1936 ; Paris, Plon, 1936[74].
  • Nouvelle histoire de Mouchette, Paris, Plon, 1937 (rééd. Le Castor Astral, 2010).
  • Monsieur Ouine, Rio de Janeiro, 1943 ; Paris, Plon, 1946 (rééd. Le Castor Astral, 2008)[74].
  • Un mauvais rêve, édition posthume, Paris, Plon, 1950.

Nouvelles et premiers écrits

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  • Dialogue d'ombres, Paris, Plon, 1955, complété en 1991.
    • Madame Dargent, Paris, La Revue hebdomadaire, janvier 1922
    • Une nuit, Paris, La Revue hebdomadaire, mai 1928
    • Dialogue d'ombres, Paris, La Nouvelle Revue française, juillet 1928

Théâtre

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  • Dialogues des carmélites, Paris, Seuil, 1949.

Essais et « écrits de combat »

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  • La Grande Peur des bien-pensants, Paris, Grasset, 1931.
  • Les Grands Cimetières sous la lune, Paris, Plon, 1938 ; rééd. Le Castor Astral, 2008 ; rééd. coll. « Points », 2014; rééd. Paris, Payot, 2023 (ISBN 978-2-228-93392-6).
  • Scandale de la vérité, Paris, Gallimard, 1939.
  • Nous autres Français, Paris, Gallimard, 1939.
  • Lettre aux Anglais, Rio de Janeiro, Atlântica editora, 1942.
  • La France contre les robots, Rio de Janeiro, 1946, puis Paris, Robert Laffont, 1947 ; rééd. Paris, Le Castor Astral, 2009 ; rééd. Paris, Payot, 2023 (ISBN 978-2-228-93298-1).
  • L'Esprit européen [contre le nouveau monde totalitaire], avant-propos de Fr. Bernanos, préface de B. Castillon du Perron, ARCADES AMBO, Nice, 2022.
  • Le Chemin de la Croix-des-âmes, Rio de Janeiro de 1943 à 1945, 4 volumes, puis Paris, Gallimard, 1948 ; rééd. augmentée Paris, Le Rocher, 1987.
  • Les Enfants humiliés, Paris, Gallimard, 1949.
  • La Liberté, pour quoi faire ? (cinq conférences prononcées en 1946 et 1947[75]), Paris, Gallimard, 1953.
  • Le Crépuscule des vieux, Paris, Gallimard, NRF, 1956 (recueil de textes qui s'échelonnent de 1909 à 1939 : explication de son œuvre de romancier, commentaires de lecture, notes sur la poésie, sur l'histoire contemporaine...)
  • Français, si vous saviez... (Recueil d'articles écrits entre 1945 et 1948), Paris, Gallimard, 1961 ; rééd. coll. « Idées nrf », 1969.
  • Le lendemain, c'est vous !, Paris, Plon, 1969 (recueil d'articles et de textes extraits de divers journaux et publications, 1940-1947)
  • Brésil, terre d'amitié, choix de lettres et de textes consacrés au Brésil présentés par Sébastien Lapaque, Paris, La Table Ronde, coll. « La petite vermillon », 2009.
  • La révolte de l'esprit, Paris, Les Belles Lettres, 2017, 426 p. Livre rassemblant des articles de presse et radiodiffusés de Georges Bernanos.
  • Bernanos. Scandale de la vérité, recueil d'essais, de pamphlets, d'articles et de témoignages, préface de Romain Debluë, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2019, 1376 p.

Intégrales publiées

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  • Romans suivis de Dialogues des carmélites, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961 ; nouv. éd. : Œuvres romanesques complètes, chronologie par Gilles Bernanos, préface par Gilles Philippe, 2 t., 2015.
  • Essais et écrits de combat, tome 1, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971.
  • Essais et écrits de combat, tome 2, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995.

Correspondance

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  • Combat pour la vérité, Correspondance inédite, tome 1 (1904-1934), Paris, Plon, 1971.
  • Combat pour la liberté, Correspondance inédite, tome 2 (1934-1948), Paris, Plon, 1971.
  • Lettres retrouvées, Correspondance inédite, tome 3 (1904-1948), Paris, Plon, 1983.

Anthologies

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  • Ainsi parlait Georges Bernanos, dits et maximes de vie choisis et présentés par Gérard Bocholier, éditions Arfuyen, 2019 (ISBN 978-2-845-90289-3).

Notes et références

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  1. a et b « Acte de naissance n° 357 p 24/31(Cote V4E 6175). », Archives de Paris (consulté le 7 juillet 2025).
  2. a et b Mairie de Fressin, « Georges Bernanos », sur fressin.fr (consulté le 10 septembre 2024).
  3. a et b Michel Estève, « Georges Bernanos », sur Encyclopædia Universalis (consulté le 19 juillet 2018).
  4. « L’Indre littéraire : à Pellevoisin, la mémoire encore vive de Bernanos », sur lanouvellerepublique.fr, 14 juillet 2025 (consulté le 18 juillet 2025)
  5. Ses biographes ont remarqué qu'il ne parle pratiquement jamais des périodes qu'il passe à Paris de 1897 à 1924.
  6. Charles de Gaulle y entre comme élève au même moment, mais il n'est pas certain que lui et Bernanos se soient connus ou fréquentés.
  7. Nous autres Français, Paris, éd. Gallimard, 1939, p. 65.
  8. Max Milner, Georges Bernanos, Paris, Librairie Séguier, coll. « Biographie », 1989, 389 p. (ISBN 978-2-877-36013-5, OCLC 19575014), pour le paragraphe sur le cursus scolaire.
  9. a et b Gilles Bernanos, « Chronologie », dans Georges Bernanos, Œuvres romanesques complètes, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », tome I, p. xxxvii et xxviii.
  10. Gilles Bernanos, « Chronologie », dans Georges Bernanos, Œuvres romanesques complètes, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », tome I, p. xxxviii.
  11. Bernanos 1986, p. 237-239.
  12. Bernanos 1986, p. 244.
  13. Georges Bernanos, Les Grands Cimetières sous la lune. Saint Dominique. Jeanne, relapse et sainte. Scandale de la vérité, Paris, Genève, Plon ; La Palatine, 1947, 312 p. (OCLC 420648562, présentation en ligne), p. 73.
  14. André Malraux, préface au Journal d'un curé de campagne, Paris, éd. Plon, 1974.
  15. a et b Entretien avec Frédéric Lefèvre dans Essais et écrits de combat, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », tome I.
  16. Georges Bernanos, Œuvres romanesques complètes, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », p. 1774.
  17. Lettre de Claudel à Bernanos du 25 juin 1926 in Correspondance, Paris, éd. Plon.
  18. Don que d'autres prêtres partageront d'ailleurs chez Bernanos, comme dans Journal d'un curé de campagne.
  19. Sous le soleil de Satan, Paris, éd. Plon, 1926.
  20. Max Milner (dir.), Exil, errance et marginalité dans l'œuvre de Georges Bernanos, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2004, 329 p. (ISBN 978-2-87854-274-5, OCLC 470342696, lire en ligne), p. 185.
  21. Hubert Prolongeau, « Le jour où Bernanos fit volte-face » Accès payant, sur www.marianne.net, 6 juillet 2013 (consulté le 18 octobre 2024).
  22. JOURNAL D’UN CURÉ DE CAMPAGNE.
  23. Albert Mingelgrün, « L'écriture polémique/poétique de Georges Bernanos dans « Les Grands Cimetières sous la lune » », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 65, no 3,‎ 1987, p. 544-551 (ISSN 0035-0818, DOI 10.3406/rbph.1987.3593, lire en ligne, consulté le 31 décembre 2016).
  24. Georges Bernanos, Correspondance : 1934-1948. Combat pour la liberté, Plon, 1971 (lire en ligne), p. 170.
  25. a et b Jérôme Garcin, « Bernanos vu par Lydie Salvayre », Le Nouvel Observateur,‎ 21 août 2014 (lire en ligne, consulté le 14 septembre 2018).
  26. Paul Christophe, 1936 : les catholiques et le Front populaire, Éditions de l'Atelier, 1986, 308 p. (ISBN 978-2-7082-2488-9, lire en ligne), p. 214.
  27. Georges Bernanos, Les Grands Cimetières sous la lune. Saint Dominique. Jeanne, relapse et sainte. Scandale de la vérité, Plon, 1947 (lire en ligne), p. 72, 105.
  28. Josep Massot i Muntaner, Bernanos et la guerre d'Espagne, Salvator, 2001, 191 p. (ISBN 978-2-7067-0224-2, lire en ligne), p. 113.
  29. « Georges Bernanos Les imbéciles veulent apprivoiser le fascisme » Accès payant, L'Humanité, 30 juillet 2019.
  30. Bernanos 1986.
  31. Sébastien Lapaque, « Stefan Zweig : le mystère de sa fin tragique », Le Figaro, 4 février 2010 (consulté le 7 juillet 2025).
  32. Jean Birnbaum, « De Georges à Antonin, Bernanos reste anarchiste », sur France Culture, 12 octobre 2017 (consulté le 3 mai 2020).
  33. « Bernanos a entendu l’appel, au Brésil », sur Fondation de la France Libre, 4 novembre 2009 (consulté le 7 juillet 2025).
  34. Georges Bernanos, François Angelier (introduction), Brigitte Bernanos (dir.), Jean-Loup Bernanos (dir.) et Gilles Bernanos (oui), Le chemin de la Croix-des-Âmes, Monaco, Éditions du Rocher, 2017, 640 p. (ISBN 978-2-268-09055-9, OCLC 989725551) (article La France se tait - juin 1940)
  35. Le chemin de la croix des âmes - Éditions du Rocher, (article </nowiki>Cinq appels aux français<nowiki> - février 1941).
  36. « Jean Loup Bernanos sur son père Georges Bernanos », sur Charles de Gaulle.
  37. Jean-Pierre Barou, La guerre d'Espagne ne fait que commencer, Seuil, 2015, 208 p. (ISBN 978-2-02-117408-3, lire en ligne).
  38. Œuvres romanesques complètes - La Pléiade - Tome 2 - 2015
  39. « L’Indre littéraire : à Pellevoisin, la mémoire encore vive de Bernanos », sur lanouvellerepublique.fr, 14 juillet 2025 (consulté le 18 juillet 2025).
  40. « Georges Bernanos | Éditions Sillage », sur editions-sillage.fr (consulté le 25 mars 2021).
  41. « Yves Marie René Bernanos - Les Français Libres », sur francaislibres.net (consulté le 29 mai 2025).
  42. Laurent Laloup, « Michel Bernanos, un Français Libre parmi 61690 », sur Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943, 2 mai 2007 et 2 mars 2017 (consulté le 21 mai 2018).
  43. « Georges Bernanos "À la merci des passants" / Jean-Loup Bernanos », Paris, Gallica (BNF).
  44. Clémence Houdaille,, « « Charles Péguy, l’artisan du verbe » : le penseur conté par le petit-fils de Georges Bernanos », sur Site du journal "La Croix", 9 septembre 2024 (consulté le 20 septembre 2024).
  45. Clotilde Hamon et Raphaëlle Simon Culture, « Péguy, Claudel, Bernanos : leurs descendants racontent », sur Site du journal "Famille chrétienne", 28 août 2024 (consulté le 20 septembre 2024).
  46. Quentin Girard, « Antonin Bernanos, assigné à résistance », sur Libération, 21 octobre 2020 (consulté le 2 décembre 2020).
  47. Le Figaro avec AFP, « Levée partielle du contrôle judiciaire pour l'antifasciste Antonin Bernanos, de retour à Paris », sur Le Figaro, 7 mai 2021 (consulté le 23 juin 2021).
  48. Bernard Frank, « Grognards et Hussards », Les Temps Modernes, no 86, décembre 1952, 1005–1018 ; réédition Le Dilettante, Paris, 1984 (ISBN 2-905344-00-8).
  49. Th. Laurent, docteur ès lettres, chargé d’enseignement à l’université Paris IV – Sorbonne, Les Hussards ou droite littéraire, 2013.
  50. a et b Jacques Julliard, L'Argent, Dieu et le Diable, Flammarion, 2008.
  51. Georges Bernanos, Nous sommes en guerre in Essais et écrits de combat, tome 2, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », p. 1193.
  52. Le Chemin de la croix-des-âmes, Gallimard, 1948.
  53. La France contre les robots, Robert Laffont, 1947.
  54. Jacques Allaire, « Georges Bernanos », dans Cédric Biagini, David Murray et Pierre Thiesset (coordination), Aux origines de la décroissance : Cinquante penseurs, L'Échappée - Le Pas de côté - Écosociété, 2017, 312 p. (ISBN 978-23730901-7-8), p. 26-31.
  55. Georges Bernanos, La France contre les robots, Le Castor astral, 2017, 250 p. (ISBN 979-10-278-0467-2, lire en ligne), Chapitre VIII.
  56. Cf. ses pages sur le Brésil dans Les Enfants humiliés (1939-40) ou ses propos sur Hitler.
  57. a et b La Grande Peur des bien-pensants, Grasset, 1931. Essais et écrits de combat, t. I, p. 108. Il s'agirait semble-t-il d'une citation de Drumont, voir "L'esprit de vieillesse", Ibid., p. 1236.
  58. Préface de La France contre les robots, Essais et écrits de combat, t. II, p. 977.
  59. Le Siècle des intellectuels, Le Seuil, 1999 ; Dictionnaire des intellectuels, coécrit avec Jacques Julliard, Le Seuil, 2002).
  60. Variante de Scandale de la vérité, Gallimard, 1939.
  61. « Si vos maîtres ne nous rendent pas Mandel vivant, vous aurez à payer ce sang juif d'une manière qui étonnera l'histoire », Le Chemin de la croix-des-âmes (article Nous vous jetterons sur le parvis, février 1943, p. 513 de l'éd. de 1987). Mandel sera malgré tout assassiné par la Milice le 7 juillet 1944.
  62. « Bernanos parle à Stefan Zweig avec une infinie douceur, et lui propose d’unir leurs efforts pour dénoncer et condamner, dans un appel à la conscience universelle, la barbarie hitlérienne contre les Juifs, et que lui, Bernanos, qualifiait de crime contre l’humanité. » Géraldo França de Lima, Bernanos no Brasil.
  63. « Au lieu de combattre, il suffisait au Juif de survivre, poursuit Bernanos, fût-ce dans l'injustice et le mépris, jusqu'à ce que l'ombre du Très-Haut couvrît la terre […]. Oui, voilà ce que nous n'avons pas nous-mêmes toujours compris. » in L'honneur est ce qui nous rassemble, Français, si vous saviez, Folio-Gallimard, pp. 328-329.
  64. Le Chemin de la croix-des-âmes, éditions du Rocher.
  65. a et b Philippe Lançon, « Bernanos et les bien-pensants » Accès payant, Libération, 2 septembre 2008 (consulté le 7 juillet 2025).
  66. Julliard 2008, p. 184.
  67. « Je peux aussi ajouter une chose sur ce mot d’antisémitisme. Il faut l’employer avec d’autant plus d’exigence et de parcimonie qu’il n’y a pas plus monstrueux. Après tout Bernanos l’a dit, et il l’a dit avec une très grande profondeur même si cette expression peut nous paraître odieuse aujourd’hui : « Hitler a déshonoré l’antisémitisme ». Oui, d’une certaine manière. Il n’y a plus d’antisémitisme acceptable, il n’y a plus d’antisémitisme innocent, tout antisémitisme doit se penser dans cet horizon-là du cimetière. Raison de plus. » Alain Finkielkraut, Conférence-débat à Science-Po, 29 mai 2002.
  68. Les Temps modernes nos 645-646, sept.-déc. 2007. Il poursuit : « Nul doute que, dans l’esprit de Bernanos, l’ignominie de l’antisémitisme nazi dévoile celle de « l’honorable » antijudaïsme chrétien et dissipe son aura d’honorabilité. ».
  69. Elie Wiesel, Michaël de Saint Cheron, Le Mal et l'exil, dialogues avec Philippe Michaël de Saint-Chéron, éditions Nouvelle Cité, 1988.
  70. Bernard-Henri Lévy, « Chevalier chrétien, héros républicain et prophète juif (Bernanos, Saint-Cricq, Meyronnis) », La Règle du Jeu - littérature, philosophie, politique, arts - Revue Littéraire,‎ 12 avril 2021 (lire en ligne).
  71. Bernard-Henri Lévy, « Chevalier chrétien, héros républicain et prophète juif (Bernanos, Saint-Cricq, Meyronnis) », La règle du jeu (Littérature, Philosophie, Politique, Arts),‎ 12 avril 2021 (lire en ligne).
  72. Ministère de l'Éducation Nationale et de la Jeunesse, « École élémentaire Georges Bernanos » (consulté le 20 février 2024).
  73. Catalogue mondial de cotation Yvert & Tellier. Tome 1, timbres de France.
  74. a b et c Henri Guillemin, « Bernanos, le démolisseur des impostures », Le Monde, no 13428,‎ 1er avril 1988, p. 16 (lire en ligne).
  75. « Sous le soleil de Bernanos : une série de conférences données après son retour d'exil volontaire, la liberté pour quoi faire » (analyse), Libération, 1995.

Voir aussi

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Bibliographie

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Monographies

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  • Sébastien Lapaque, Vivre et mourir avec Georges Bernanos, Paris, L'Escargot, 2022, 190 p. (ISBN 978-2-380740-14-1).
  • François Angelier, Georges Bernanos : La colère et la grâce, Paris, Seuil, 2021, 576 p. (ISBN 978-2-021370-27-0).
  • Hans Urs von Balthasar. Le Chrétien Bernanos, traduit de l’allemand par Maurice de Gandillac, Paris, Seuil, 1956.
  • Albert Béguin, Bernanos par lui-même, Paris, Seuil, 1958.
  • Jean-Loup Bernanos, Georges Bernanos, à la merci des passants, Paris, Plon, 1986 (réimpr. 2015), 505 p. (lire en ligne).
  • Jean-Loup Bernanos, Georges Bernanos, Paris, Plon, 1988. Iconographie.
  • Jean Bothorel, Bernanos : Le Mal-pensant, Paris, Grasset, 1998, 400 p. (lire en ligne).
  • Louis Chaigne, Bernanos, Paris, éd. universitaires, 1954 ; rééd. 1970.
  • Philippe Dufay, Bernanos, Paris, Perrin, 2013.
  • Luc Estang, Présence de Bernanos, Plon, 1947.
  • Michel Esteve, Georges Bernanos : un triple itineraire, Paris, Hachette, 1981.
  • Jean de Fabrègues, Bernanos tel qu'il était, Mame, 1965.
  • Guy Gaucher, Georges Bernanos ou l'invincible espérance, Éditions du Cerf, 1994, 190 p.
  • Monique Gosselin-Noat, Max Milner, Bernanos et le Monde moderne, Lille, Presses universitaires de Lille, 1989 (actes du colloque organisé pour le centenaire de la naissance de Bernanos)
  • Monique Gosselin-Noat, Bernanos : militant de l'éternel, Paris, Michalon, 2007, 123 p. (ISBN 978-2-84186-358-7 et 2-84186-358-1, OCLC 470520624, lire en ligne).
  • Monique Gosselin-Noat, Bernanos, romancier du surnaturel : essai, Paris, Pierre-Guillaume de Roux, 2015, 260 p. (ISBN 978-2-36371-121-2).
  • Joseph Jurt, Les Attitudes politiques de Georges Bernanos jusqu'en 1931, Fribourg, éditions Universitaires, 1968, 359 p.
  • Joseph Jurt, La réception de la littérature par la critique journalistique. Lectures de Bernanos 1926-1936, Paris, Jean Michel Place, 1980, 440 p-039-2
  • Sébastien Lapaque, Georges Bernanos encore une fois, Lausanne, L'Âge d'homme, Les Provinciales, coll. « Essais », 1998 (réimpr. 2002), 126 p. (ISBN 978-2-912833-01-3, OCLC 38986997)
  • Sébastien Lapaque, Sous le soleil de l'exil : Georges Bernanos au Brésil, 1938-1945, Paris, Grasset, 2003, 300 p. (ISBN 978-2-246-63821-6, OCLC 401792540)
  • Frédéric Lefèvre, Georges Bernanos, La Tour d'Ivoire, 1926.
  • Dominique Millet-Gérard, Bernanos : un sacerdoce de l'écriture, Versailles, Via Romana, 2009, 133 p. (ISBN 978-2-916727-47-9, OCLC 730309188).
  • Max Milner, Georges Bernanos, Paris, Librairie Séguier, 1989 (1re éd. 1967), 389 p. (ISBN 978-2-87736-013-5, OCLC 287736013X).
  • Timour Muhidine (photogr. Philippe Dupuich), Sous le soleil de Bernanos : itinéraire en Artois avec Tahsin Yücel, Paris, Empreinte temps présent, 2010, 135 p. (ISBN 978-2-35614-030-2, OCLC 683412125).
  • Louis Muron, Bernanos, Flammarion, 1998, 316 p.
  • Thomas Renaud, Georges Bernanos, éditions Pardès, 2018, 128 p.
  • Tahsin Yücel, Bernanos et Balzac, Paris, éditions Lettres modernes, Minard, 1974.
  • Thierry Siffre-Alès, Bernanos un itinéraire dans le Midi, les presses du Midi, 2021 https://lespressesdumidi.com/biographie/819-bernanos-un-itineraire-dans-le-midi-de-thierry-siffre-ales-9782812712531.html

Études

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  • Serge Albouy, « Bernanos devant la condamnation de l'Action française », Études maurrassiennes, Aix-en-Provence, vol. 5, no 1,‎ 1986, p. 101-120
  • Jacques Vier, « Maurras et Bernanos », Études maurrassiennes, Aix-en-Provence, vol. 2,‎ 1973, p. 183-194
  • Juan Asensio, La Littérature à contre-nuit, Paris, Sulliver, 2007 (contient Monsieur Ouine de Georges Bernanos et Les Ténèbres de Dieu.)
  • Éric Benoit, Bernanos. Littérature et théologie, Éditions du Cerf, 2013, 257 p.
  • Henri Debluë, Les Romans de Georges Bernanos ou Le défi du rêve, La Baconnière, 1965, 294 p ; rééd. 2013.
  • Michel Estève, « Le Christ, les symboles christiques et l'incarnation dans l'œuvre de Bernanos », Dissertation Abstracts International. C. European Abstracts, Vol. 48, no 1, printemps 1987.
  • Odile Felgine (sous la dir. de), L'Écriture en exil, préface de Joëlle Gardes, Paris, Dianoïa, coll. « Litteraria », 2014.
  • Marie Gil, Les Deux Écritures. Étude sur Bernanos, Paris, éditions du Cerf, 2008.
  • Paul Grégor, La Conscience du temps chez Georges Bernanos, Zürich, Juris Druck + Verlag, 1966.
  • Henri Guillemin, Regards sur Bernanos, Paris, Gallimard, 1976.
  • Sarah Lacoste, Ce que la littérature doit au mal. Une étude stylistique du mal chez Bataille et Bernanos, Paris, Éditions Kimé, coll. « Détours littéraires », 2014.
  • Elisabeth Lagadec-Sadoulet, Temps et récit dans l'œuvre romanesque de Georges Bernanos, Klincksieck, coll. « Bibliothèque du XXe siècle », Paris, 2000.
  • Philippe Le Touzé, Le Mystère du réel dans les romans de Georges Bernanos, Paris, Nizet, 1979.
  • Jean-Louis Loubet del Bayle, L'Illusion politique au XXe siècle. Des écrivains témoins au XXe siècle, Paris, Économica, 1999.
  • Léa Moch, La Sainteté dans les romans de Georges Bernanos, Paris, Les Belles Lettres, 1962.
  • (en) Thomas Molnar, Bernanos: his political thought and prophecy, 1960, 241 p.
  • Leopold Peeters, Une prose du monde : essai sur le langage de l'adhésion dans l'œuvre de Bernanos, Paris, Minard, coll. « Lettres modernes », 1984.
  • Philippe Richard, L'écriture de l'abandon : esthétique carmélitaine de l'œuvre romanesque de Georges Bernanos, Paris, Honoré Champion éditeur, coll. « Poétiques et esthétiques XXe – XXIe siècle » (no 23), 2015, 631 p. (ISBN 978-2-7453-2893-9, OCLC 921125383).
  • Yvon Rivard, L'Imaginaire et le quotidien : essai sur les romans de Georges Bernanos, Paris, Minard, coll. « Bibliothèque Bernanos », 1978.

Œuvres collectives

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  • Cahier Bernanos, dirigé par Dominique de Roux, Paris, L'Herne, 1963.
  • Cahiers de l'Herne : Bernanos, dirigé par Dominique de Roux, avec des textes de Thomas Molnar, Michel Estève et al., Paris, Pierre Belfond, 1967.
  • Études bernanosiennes, revue éditée par Minard.
  • « Une parole prophétique dans le champ littéraire », dans Europe, no 789-790, janvier–février 1995, p. 75-88.
  • Georges Bernanos témoin, recueil publié sous la dir. de Dominique Millet-Gérard, Via Romana, 2009.

Articles de journaux et de revues

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  • Jacques Julliard, « Bernanos est actuel parce qu'il est antimoderne », Le Figaro, 3 mars 2019.
  • Sébastien Lapaque, « Georges Bernanos, le romancier des âmes libres », Le Figaro, 27 octobre 2015.
  • Sébastien Lapaque, « Georges Bernanos lanceur d'alertes », Le Figaro, 4 juillet 2018.
  • Gilles Sicart, « Bernanos l'antimoderne », sur revuemission.fr, 1er janvier 2022.

Romans

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  • Lydie Salvayre, Pas pleurer, éditions du Seuil, 2014 (ISBN 978-2021116199)
    Prix Goncourt 2014.
  • Christophe Gaillard, Rencontre à la Boisserie, Aire, 2023 (ISBN 9782889562947)
  • Sébastien Lapaque, Échec et mat au paradis, Actes Sud, 2024 (ISBN 978-2-330-19590-8)

Musique

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  • La chanteuse de jazz Mélanie Dahan dit un extrait des Grands cimetières sous la lune dans son album Le Chant des possibles, sorti en janvier 2020. Il s'agit de la phrase célèbre : « C'est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents. »

Notices

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  • Ressources relatives au spectacleVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Archives suisses des arts de la scène
    • Les Archives du spectacle
    • Kunstenpunt
  • Ressources relatives à la littératureVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Académie française (lauréats)
    • Internet Speculative Fiction Database
  • Ressources relatives à l'audiovisuelVoir et modifier les données sur Wikidata :
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Liens externes

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  • Dossier sur l'Encyclopédie de l'Agora
  • Georges Bernanos, sur le site BiblioWiki (domaine public au Canada)
  • Œuvres de Georges Bernanos (domaine public au Canada)
  • Liste des œuvres de Georges Bernanos
  • Georges Bernanos, « Citations de Georges Bernanos », Ouest-France (consulté le 30 mai 2020).
  • (de) Éditions allemandes de Bernanos
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A consulter en ligne

Affiche du document Nouvelle histoire de Mouchette

Nouvelle histoire de Mouchette

Georges Bernanos

1h36min00

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128 pages. Temps de lecture estimé 1h36min.
Georges Bernanos (1888-1948) "Mais déjà le grand vent noir qui vient de l’ouest – le vent des mers, comme dit Antoine – éparpille les voix dans la nuit. Il joue avec elles un moment, puis les ramasse toutes ensemble et les jette on ne sait où, en ronflant de colère. Ce que Mouchette vient d’entendre reste longtemps suspendue entre ciel et terre, ainsi que ces feuilles mortes qui n’en finissent pas de tomber. Pour mieux courir, Mouchette a quitté ses galoches. En les remettant, elle se trompe de pied. Tant pis ! Ce sont les galoches d’Eugène, si larges qu’entre la tige elle peut passer les cinq doigts de sa petite main. L’avantage est qu’en s’appliquant à les balancer au bout des orteils ainsi qu’une paire d’énormes castagnettes, elles font à chaque pas sur le macadam du préau un bruit qui met madame l’institutrice hors d’elle-même. Mouchette se glisse jusqu’à la crête du talus et reste là en observation, le dos contre la haie ruisselante. De cet observatoire, l’école paraît toute proche encore, mais le préau est maintenant désert." La jeune Mouchette est âgée de 13 ans et est taciturne. Son père est un contrebandier alcoolique et sa mère, une femme résignée et malade. Un soir de très mauvais temps, en rentrant de l'école, elle s'égare dans la forêt ; la nuit arrive... Elle rencontre M. Arsène, un braconnier ami de son père, qui lui propose de se sécher dans sa cabane... Roman court.
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Monsieur OUINE

Georges Bernanos

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« Monsieur Ouine est ce que j’ai fait de mieux, de plus complet. Je veux bien être condamné aux travaux forcés, mais qu’on me laisse libre de rêver ce bouquin en paix. » - G. Bernanos Dernier roman de Georges Bernanos, Monsieur Ouine se révèle être une œuvre majeure et profondément déconcertante. Mélange subtil de plusieurs styles littéraires — roman noir, enquête criminelle, thriller sociologique et psychologique —, ce livre entraîne le lecteur dans une enquête complexe où se mêlent dénonciations et suspicions. Au cœur de cette intrigue se déploie une galerie de personnages conflictuels, qui incarnent les tensions et les failles d'une société en crise. L'histoire nous conduit dans une spirale d'enfermement infernal, révélant les travers et le vide terrifiant de la civilisation moderne. À travers un récit empreint de mystère et de profondeur, Bernanos dépeint l'incapacité des élites à faire face à une crise qu'elles n’ont pas anticipée, et dont elles finissent par devenir les complices. Avec Monsieur Ouine, Bernanos livre un roman envoûtant et percutant, un chef-d'œuvre de la littérature française du XXe siècle. L'œuvre se distingue par son audace stylistique et son analyse acérée des dérives de la société contemporaine, faisant de ce livre une réflexion poignante et intemporelle sur le pouvoir, la moralité et la défaillance humaine.
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Sous le soleil de Satan

Georges Bernanos

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Georges Bernanos (1888-1948) "Voici l’heure du soir qu’aima P. J. Toulet. Voici l’horizon qui se défait – un grand nuage d’ivoire au couchant et, du zénith au sol, le ciel crépusculaire, la solitude immense, déjà glacée, – plein d’un silence liquide... Voici l’heure du poète qui distillait la vie dans son cœur, pour en extraire l’essence secrète, embaumée, empoisonnée. Déjà la troupe humaine remue dans l’ombre, aux mille bras, aux mille bouches ; déjà le boulevard déferle et resplendit... Et lui, accoudé à la table de marbre, regardait monter la nuit, comme un lis. Voici l’heure où commence l’histoire de Germaine Malorthy, du bourg de Terninques, en Artois. Son père était un de ces Malorthy du Boulonnais qui sont une dynastie de meuniers et de minotiers, tous gens de même farine, à faire d’un sac de blé bonne mesure, mais larges en affaires, et bien vivants. Malorthy le père vint le premier s’établir à Campagne, s’y maria et, laissant le blé pour l’orge, fit de la politique et de la bière, l’une et l’autre assez mauvaises. Les minotiers de Dœuvres et de Marquise le tinrent dès lors pour un fou dangereux, qui finirait sur la paille, après avoir déshonoré des commerçants qui n’avaient jamais rien demandé à personne qu’un honnête profit. « Nous sommes libéraux de père en fils », disaient-ils, voulant exprimer par là qu’ils restaient des négociants irréprochables... Car le doctrinaire en révolte, dont le temps s’amuse avec une profonde ironie, ne fait souche que de gens paisibles. La postérité spirituelle de Blanqui a peuplé l’enregistrement, et les sacristies sont encombrées de celle de Lamennais." La jeune Mouchette, séduite par le marquis de Cadignan, tombe enceinte ; abandonnée par le marquis, elle le tue et devient la maîtresse de l'officier de santé Gallet qui refuse néanmoins de l'avorter. Son chemin croise celui de l'abbé Donissan, un prêtre doutant de ses propres capacités et tourmenté par l'action de Satan qu'il voit partout...
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Un crime

Georges Bernanos

2h53min15

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Georges Bernanos (1888-1948) "– Qui va là ? C’est toi, Phémie ? Mais il était peu probable que la sonneuse vînt si tard au presbytère. Sous la fenêtre, le regard anxieux de la vieille bonne ne pouvait guère voir plus loin que le premier tournant de l’allée ; le petit jardin se perdait au-delà, dans les ténèbres. – C’est-i vous, Phémie ! reprit-elle sans conviction, d’une voix maintenant tout à fait tremblante. Elle n’osait plus fermer la fenêtre, et pourtant le sourd roulement du vent au fond de la vallée grandissant de minute en minute comme chaque soir, ne s’apaiserait qu’avec les premiers brouillards de l’aube. Mais elle redoutait plus que la nuit l’odeur fade de cette maison solitaire pleine des souvenirs d’un mort. Un long moment, ses deux mains restèrent crispées sur le montant de la fenêtre ; elle dut faire effort pour les desserrer. Comme ses doigts s’attardaient encore sur l’espagnolette, elle poussa un cri de terreur. – Dieu ! que vous m’avez fait crainte. Par où que vous êtes montée, sans plus de bruit qu’une belette, mams’elle Phémie ? La fille répondit en riant : – Ben, par le lavoir, donc. Drôle de gardienne que vous faites, sans reproche, mademoiselle Céleste ! On entre ici comme dans le moulin du père Anselme, parole d’honneur. Sans attendre la réponse, elle prit une tasse sur l’étagère et se mit tranquillement en demeure de la remplir de genièvre." En pleine nuit, le nouveau curé de Mégère, un petit village de Provence, arrive au presbytère. Il est accueilli par Mme Céleste. Mais cette même nuit, le jeune desservant entend des coups de feu et des appels à l'aide. L'alerte est donnée et les recherches aboutissent à la découverte, dans le jardin du château, d'un inconnu agonisant...
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Journal d'un curé de campagne

Georges Bernanos

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Georges Bernanos (1888-1948) "Ma paroisse est une paroisse comme les autres. Toutes les paroisses se ressemblent. Les paroisses d’aujourd’hui, naturellement. Je le disais hier à M. le curé de Norenfontes : le bien et le mal doivent s’y faire équilibre, seulement le centre de gravité est placé bas, très bas. Ou, si vous aimez mieux, l’un et l’autre s’y superposent sans se mêler, comme deux liquides de densité différente. M. le curé m’a ri au nez. C’est un bon prêtre, très bienveillant, très paternel et qui passe même à l’archevêché pour un esprit fort, un peu dangereux. Ses boutades font la joie des presbytères, et il les appuie d’un regard qu’il voudrait vif et que je trouve au fond si usé, si las, qu’il me donne envie de pleurer. Ma paroisse est dévorée par l’ennui, voilà le mot. Comme tant d’autres paroisses ! L’ennui les dévore sous nos yeux et nous n’y pouvons rien. Quelque jour peut-être la contagion nous gagnera, nous découvrirons en nous ce cancer. On peut vivre très longtemps avec ça. L’idée m’est venue hier sur la route. Il tombait une de ces pluies fines qu’on avale à pleins poumons, qui vous descendent jusqu’au ventre. De la côte de Saint-Vaast, le village m’est apparu brusquement, si tassé, si misérable sous le ciel hideux de novembre. L’eau fumait sous lui de toutes parts, et il avait l’air de s’être couché là, dans l’herbe ruisselante, comme une pauvre bête épuisée. Que c’est petit, un village ! Et ce village était ma paroisse." Dans le nord de la France, un jeune curé confie à son journal ses souffrances aussi bien morales (le peu de foi de ses paroissiens, l'arrogance de certains, la médisance des autres) que physiques (il souffre de l'estomac). Il y consigne également ce qu'il pense être le rôle de l'Eglise, sa croyance dans la "grâce de Dieu"...
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L'imposture

Georges Bernanos

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Georges Bernanos (1888-1948) "– Mon cher enfant, dit l’abbé Cénabre, de sa belle voix lente et grave, un certain attachement aux biens de ce monde est légitime, et leur défense contre les entreprises d’autrui, dans les limites de la justice, me semble un devoir autant qu’un droit. Néanmoins, il convient d’agir avec prudence, discrétion, discernement... La vie chrétienne dans le siècle est toute proportion, toute mesure : un équilibre... On ne résiste guère à ces violences selon la nature, mais nous pouvons en régler le cours avec beaucoup de patience et d’application... Ne défendons que l’indispensable, sans prévention contre personne. À ce prix notre cœur gardera la paix, ou la retrouvera s’il l’a perdue. – Je vous remercie, dit alors M. Pernichon, avec l’accent d’une émotion sincère. La lutte pour les idées nous échauffe parfois, je l’avoue. Mais l’exemple de votre vie et de votre pensée est un grand réconfort pour moi. (Il parlait ainsi la bouche encore tirée par une grimace convulsive, qui faisait trembler sa barbe.) – J’accorde, reprit-il, que le rapport annuel eût pu être confié à un autre que moi. Il y a des confrères plus qualifiés. Par exemple, j’aurais cédé volontiers la place au vénérable doyen de la presse catholique, s’il n’avait décliné dès le premier jour un honneur qui lui revenait de droit... Pouvions-nous réellement supposer que l’effacement volontaire du vieux lutteur aurait cette conséquence d’élever un Larnaudin sur le pavois ? Son regard exprimait une véritable détresse, l’anxiété d’une douleur physique, comme si le malheureux eût vainement cherché à suer sa haine." L'abbé Cénabre est respecté par ses pairs et le milieu dans lequel il évolue. Il s'aperçoit qu'il a perdu la foi mais l'a-t-il vraiment possédée ? Georges Bernanos nous fait voyager à travers des âmes en lutte ; tout n'est qu'imposture et mensonges.
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La joie

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292 pages. Temps de lecture estimé 3h39min.
Georges Bernanos (1888-1948) "Elle ouvrit doucement la porte, et resta un moment sur le seuil, immobile, tenant levée sa main à mitaine noire. Puis elle reprit sa marche à pas menus, furtive, éblouie, sa vieille petite tête invisible sous le triple bandeau d’un châle de laine, aussi seule qu’une morte dans le jour éclatant. Un rayon de soleil traversait la pièce obliquement, de bout en bout. Quand elle s’arrêta, l’ombre lumineuse du tilleul continua de flotter sur le mur. – Qui vous a laissée venir ici, maman, pourquoi ? dit M. de Clergerie. À une heure pareille ! De si bon matin. Que fait donc Francine ? Il était apparu à l’autre extrémité de la salle, avec ses lunettes d’écaille et son petit bonnet de drap, un veston de chambre à brandebourgs sur sa chemise de nuit. Mais elle ne cessait pas de le regarder fixement, comme pour le mieux reconnaître et lui trouver une place dans la mystérieuse et implacable succession de ses pensées. Il s’approcha d’elle, en haussant les épaules, et lui serra un peu le bras sans parler. – Les clefs ? dit-elle. – Peut-être les avez-vous laissées sur votre table de nuit ? Hier déjà, maman, souvenez-vous... Et tenez, je les sens dans votre poche : les voilà. La main ridée sauta dessus, avec l’agilité d’une petite bête. Elle les approcha de son oreille, les fit cliqueter, puis sourit malicieusement. La voix de son fils, une pression de ses doigts, sa seule présence réussissait toujours à l’apaiser. Mais ses traits ne se détendirent cette fois qu’un instant, et elle se mit de nouveau à parler pour elle seule, à voix basse." "La joie" est la suite de "L'imposture". Au château de M. Clergerie, tous les habitants cultivent l'imposture ; au milieu de ces personnages, évolue Chantal de Clergerie, jeune fille pure incarnant la joie mais emplie de doutes et de souffrance...
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Affiche du document Monsieur Ouine

Monsieur Ouine

Georges Bernanos

4h08min15

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331 pages. Temps de lecture estimé 4h08min.
Georges Bernanos (1888-1948) "Elle a pris ce petit visage à pleines mains – ses longues mains, ses longues mains douces – et regarde Steeny dans les yeux avec une audace tranquille. Comme ses yeux sont pâles ! On dirait qu’ils s’effacent peu à peu, se retirent... les voilà maintenant plus pâles encore, d’un gris bleuté, à peine vivants, avec une paillette d’or qui danse. « Non ! non ! s’écrie Steeny. Non ! » Et il se jette en arrière, les dents serrées, sa jolie figure crispée d’angoisse, comme s’il allait vomir. Mon Dieu ! « Que se passe-t-il ? Voyons, Steeny, interroge une voix inquiète, toute proche, de l’autre côté des persiennes closes. Est-ce vous, Miss ? » Mais elle l’a déjà repoussé violemment, sauvagement, et reste debout sur le seuil, indifférente ! « Eh bien, Steeny, méchant garçon ! » Il hausse les épaules, jette vers la porte un regard dur, un regard d’homme. « Maman ? – Je croyais t’avoir entendu crier, dit la voix déjà lasse. Si tu sors, prends garde au soleil, mon chéri, quelle chaleur ! » Quelle chaleur en effet ! L’air vibre entre les lamelles de bois. Son nez contre la persienne, Steeny le hume, l’aspire, le sent descendre au creux de sa poitrine jusqu’à ce lieu magique où retentissent toutes les terreurs et toutes les joies du monde... Encore ! Encore ! Cela pue la céruse et le mastic, une odeur plus puissante que l’alcool où se mêle bizarrement l’haleine toujours moite des grands tilleuls de l’allée. Voilà que le sommeil l’a pris en traître, d’un coup sur la nuque, en assassin, avant même qu’il ait fermé les yeux. L’étroite fenêtre s’ébranle lentement, vacille, puis s’allonge démesurément comme aspirée par en haut. La salle entière la suit, les quatre murs s’emplissent de vent, battent tout à coup comme des voiles..." Steeny, un jeune adolescent souffre de l'indifférence que lui porte sa mère et de la tyrannie exercée par sa gouvernante. Il aime se réfugier au château, chez l'étrange Ginette de Néréis surnommée "Jambe de laine" dont le mari meurt à petit feu d'une gangrène diabétique. Dans cette atmosphère puante, Steeny fait la connaissance de Monsieur Ouine, un ancien professeur de langues plus ou moins parasite des châtelains. Qui est-il vraiment ? Un crime est commis...
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Affiche du document Un mauvais rêve

Un mauvais rêve

Georges Bernanos

2h57min45

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237 pages. Temps de lecture estimé 2h58min.
Georges Bernanos (1888-1948) "Lettre d’Olivier Mainville à sa tante. Ma chère tante, j’aurais dû vous écrire à l’occasion des fiançailles d’Hélène et le temps passe, passe. Vingt jours à votre Souville, vingt jours tous pareils, avec leur compte exact d’heures, de minutes, de secondes – et encore l’horloge de la paroisse doit vous faire bonne mesure, treize heures à la douzaine peut-être, sait-on ? – vingt jours de province, enfin, c’est quelque chose. Ici, voyez-vous, ce n’est rien. On les arrache au calendrier par poignées, les jours, on les jette à peine défraîchis pour en avoir tout de suite des neufs. Et personne n’a l’idée de vérifier le total, à quoi bon ? Dieu est honnête. Aussi, lorsque vous me parlez de donner l’emploi de mon temps, je vous admire. Le seul point fixe de mon espèce de diorama tournant, c’est toujours, depuis décembre, ma visite quotidienne à M. Ganse – ce que vous appelez si drôlement mon secrétariat. Singulier secrétaire ! J’arrive chaque après-midi à trois heures tapant. Je fume des cigarettes en compagnie du patron jusqu’à cinq heures. Tandis que nous causons – il écoute avidement, cyniquement, il est curieux de tout, avec des étonnements qui me semblent presque naïfs, de brusques retours sur lui-même, absolument déconcertants, qui vous donnent envie de rougir – Mme Alfieri, la première secrétaire, achève de mettre au net les pages dictées le matin. Puis je dois les relire au patron qui commence par hausser les épaules, s’énerve, et à la dixième ligne me prie régulièrement de lui fiche la paix." Olivier Mainville travaille chez l'écrivain Ganse. Il écrit une lettre à sa tante, lettre dans laquelle il décrit aussi bien l'écrivain que son neveu cynique, Philippe, et son énigmatique secrétaire, Mme Alfieri. Cette lettre est lue par son patron... Roman inachevé de Georges Bernanos.
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